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Mort de Mahsa Amini : Téhéran livre sa version officielle

Mahsa Amini serait décédée « des suites d’une défaillance d’organes multiples causée par une hypoxie cérébrale », selon l’Organisation médico-légale iranienne.

Source AFP
Depuis trois semaines et la mort de Mahsa Amini, les manifestations se multiplient en Iran.
Depuis trois semaines et la mort de Mahsa Amini, les manifestations se multiplient en Iran.  © JONATHAN NACKSTRAND / AFP
Publié le 07/10/2022 à 15h35

Temps de lecture : 3 min

La version officielle ne devrait pas calmer la vague de protestation qui secoue l'Iran depuis désormais près d'un mois. Arrêtée le 13 septembre par la police des mœurs, à Téhéran, pour non-respect du code vestimentaire pour les femmes, Mahsa Amini est décédée trois jours plus tard à l'hôpital, alors qu'elle était toujours en détention. Cependant, les autorités iraniennes affirment que la mort de cette Kurde iranienne de 22 ans n'a pas été causée par des « coups », mais par les séquelles d'une maladie. Des militants ont affirmé qu'elle avait souffert d'une blessure à la tête durant sa détention. Les autorités iraniennes ont, elles, démenti tout contact physique entre la police et la jeune femme.

« La mort de Mahsa Amini n'a pas été causée par des coups portés à la tête et aux organes vitaux », mais est liée à « une intervention chirurgicale pour une tumeur cérébrale à l'âge de 8 ans », a indiqué un rapport de l'Organisation médico-légale iranienne, alors que son père Amjad Amini avait indiqué que sa fille était « en parfaite santé ». « Le 13 septembre, (Mahsa Amini) a soudainement perdu connaissance et s'est effondrée […]. Elle a souffert d'un trouble du rythme cardiaque et d'une chute de tension », a ajouté le rapport publié par la télévision d'État. « Malgré son transfert à l'hôpital et les efforts du personnel médical, elle est décédée le 16 septembre des suites d'une défaillance d'organes multiples causée par une hypoxie cérébrale », selon la même source.

Son décès a déclenché des protestations dans le pays, avec en première ligne les Iraniennes, ainsi que des rassemblements de solidarité à travers le monde. Les manifestations, les plus importantes en Iran depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l'essence, ont été réprimées dans le sang. Au moins 92 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon un dernier bilan de l'ONG Iran Human Rights basée à Oslo, alors qu'un bilan officiel fait état d'environ 60 morts parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité.

Fontaines rouges

La contestation en Iran prend en outre de nouvelles formes avec des fontaines colorées en rouge par des artistes en référence à la répression des manifestations dans le sang. Cette répression a été dénoncée par la communauté internationale et certains pays ont imposé des sanctions. Jeudi 6 octobre, les États-Unis ont annoncé des sanctions économiques contre sept hauts responsables iraniens pour leur rôle dans la répression. Le ministre de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, « instrument clé du régime dans la répression », et celui des Communications, Issa Zarépour, « responsable de la tentative honteuse de bloquer l'Internet » figurent parmi eux. Washington a annoncé le 22 septembre des sanctions visant la police des mœurs et des responsables de la sécurité.

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Dans la République islamique d'Iran, le code vestimentaire strict oblige les femmes à porter notamment le voile islamique. Elles sont à l'avant-garde des manifestations, selon les vidéos diffusées en ligne. Ces derniers jours, des écolières ont même organisé des rassemblements au cours desquels elles ont retiré leur voile ou crié des slogans hostiles au pouvoir. Dans une vidéo vérifiée par l'Agence France-Presse, des jeunes filles, la tête non voilée, scandent « Mort au dictateur », en référence au guide suprême Ali Khamenei, lundi dans une école de Karaj à l'ouest de Téhéran.

Mort d'adolescentes

Le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, a reconnu que des jeunes étaient impliqués dans les manifestations, dénonçant l'influence des réseaux sociaux. Jeudi, la justice iranienne a démenti qu'une adolescente de 16 ans, Sarina Ismaïlzadeh, avait été tuée dans la province d'Alborz (nord-ouest) par les forces de sécurité lors des protestations, affirmant qu'elle s'était « suicidée en sautant d'un bâtiment ». Le 30 septembre, Amnesty International a affirmé que la fille était « morte après avoir reçu de sévères coups de matraque à la tête » le 23 septembre.

Mercredi déjà, la justice iranienne a réfuté tout lien entre le décès d'une autre adolescente de 16 ans, Nika Shakarami, et les manifestations en Iran. Dans une vidéo diffusée par des médias en persan basés à l'étranger, la mère de Nika Shakarami a accusé les autorités d'avoir tué sa fille.

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Depuis le début de la contestation, le régime a arrêté des partisans notoires du mouvement et imposé de sévères restrictions d'accès aux réseaux sociaux. L'Iran a accusé à plusieurs reprises des forces extérieures d'attiser les protestations, notamment les États-Unis, son ennemi juré.

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