France
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Mortalité infantile : mieux comprendre la mort inattendue du nourrisson

Chaque année, en France, environ 300 bébés de moins d’un an décèdent de façon inattendue. Cela équivaut à dix classes de maternelle. Dans un tiers des cas, ces enfants dormaient sur le ventre (décubitus ventral), une position de sommeil formellement proscrite par les spécialistes depuis les années 1990, quand les chercheurs anglais Pete Blair et Peter Fleming l’ont identifiée comme un facteur de risques. Dans la moitié des cas, ces décès sont qualifiés de « mort subite » car ils n’ont pas de cause apparente.

C’est pour enfin percer ce mystère qu’est né, en 2015, l’Observatoire national des morts inattendues du nourrisson (Omin), au CHU de Nantes, en lien avec la quarantaine de centres référents qui maillent le territoire français et des associations de familles concernées.

Coordination des données

L’Omin rassemble une coordinatrice, une infirmière, une data manager (gestionnaire de données), une biostatisticienne, une référente réglementaire et une équipe de médecins. Il collecte les données de tous les décès enregistrés dans ces centres (1 257 enfants depuis 2015) et récupère, depuis 2020, des échantillons biologiques (sang, urine, selles, cheveux…).

L’Observatoire a déjà réalisé une cartographie des décès recensés, en lien avec Santé publique France, montrant que certaines régions sont plus touchées que d’autres (l’Île-de-France, notamment, avec 263 décès depuis 2015). Il remarque également que la majorité de ces décès surviennent avant l’âge de 4 mois et touche davantage les garçons que les filles.

Étude de marqueurs génétiques

En dehors de la position ventrale, le tabagisme, l’encombrement du lit ou la prématurité sont déjà identifiés comme facteurs de risques. Mais d’autres éléments sont à l’étude. « La précarité et les inégalités de santé jouent un rôle non négligeable, soulève Christèle Gras-Le Guen, pédiatre au CHU de Nantes et coordinatrice scientifique de l’Omin. Une de nos équipes va par exemple publier un article démontrant que les enfants vaccinés et bien suivis sur le plan médical sont moins à risque que les autres», annonce-t-elle.

L’Observatoire mise aussi beaucoup sur de nouvelles techniques de recherche dites « omics », travaillant à l’échelle des gènes, des molécules et des enzymes, pour identifier certains biomarqueurs susceptibles d’augmenter les risques de décès. Des chercheurs australiens viennent ainsi de mettre à jour une enzyme responsable de la fragilité du système respiratoire de certains bébés. «La perspective, c’est de cibler les enfants les plus à risque, précise la pédiatre. Ceux-là ne doivent absolument pas dormir sur le ventre ou avec un doudou sur la tête. »