France
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«Mourir à Ibiza», médaille de bronzette

Léna, Parisienne de 20 ans, débarque à Arles rejoindre Marius, un amour de vacances avec qui elle a récemment repris contact sur Internet. Marius étant retenu par un boulot d’été, Léa déambule seule dans la ville, angoisse un peu, s’ennuie beaucoup, et fait la connaissance de deux autres jeunes – Maurice, saisonnier taciturne godillant dans une boulangerie, et son ami Ali, qui joue les gladiateurs aux arènes pour les touristes.

Côté intemporel

Après quelques jours en leur compagnie, elle finit par rejoindre Marius, avec qui le courant passe moins vite et moins fort que prévu. Maurice et Ali s’incrustent le temps d’une soirée, donnant naissance à un petit groupe à la fois soudé et bancal que le film va suivre au long de trois étés – à Arles, puis Etretat et enfin Ibiza. Intriguant dès les premières images, Mourir à Ibiza s’impose très vite comme une petite chose extrêmement attachante, naviguant entre Rozier et Rohmer avec ici et là un doigt de Linklater – versant Boyhood plutôt que Dazed and Confused.

L’œuvre de trois jeunes étudiants de la CinéFabrique de Lyon résolus à se jeter dans le bain sans attendre qui, à l’arrivée, impressionne surtout par son côté intemporel. Malgré quelques indices évoquant un passé proche (portables antédiluviens, cartes routières…), rien ne vient jamais dater précisément le film, qui synthétise avec une étonnante pertinence et maturité tout ce qui fait la jeunesse, que ce soit en 2022, 1996 ou 1973.

Juste et pas mal habile

De quoi lui excuser ses maladresses – des personnages parfois écrits à la hache, un jeu hasardeux sur la ressemblance physique et patronymique entre Marius et Maurice et surtout d’affreux passages chantés qu’on aurait volontiers ensevelis sous un pudique mur de parpaings, d’autant plus qu’ils viennent gâcher une conclusion par ailleurs impeccable. Ça ne suffit toutefois pas à faire chavirer le projet. Frais, léger, juste et pas mal habile, Mourir à Ibiza tient admirablement ses presque deux heures, révélant au passage une poignée de jeunes interprètes franchement renversants, à commencer par César Simonot, genre de Wyatt Russell incommodé, et la très énigmatique Elsa Rapu.

Mourir à Ibiza d’Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon, avec Lucile Balézeaux, César Simonot, Mathis Sonzogni… 1h47.