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« My Window » : la tablette enchantée de David Hockney

Le peintre anglais a expérimenté le dessin numérique dès 2006, avec un unique sujet, sa fenêtre. Les cent vingt œuvres sélectionnées dans ce livre rayonnent : un bijou.

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« My Window », de David Hockney, textes en anglais, Taschen, 248 p., 100 €.

Ne vous fiez pas aux propos de David Hockney. A lire sa courte préface à My Window, le peintre anglais pourrait passer pour un vieillard ensommeillé qui, des années durant, n’a plus voulu bouger de sa chambre, se contentant de reproduire inlassablement le bout de paysage qu’il voyait par la fenêtre : « Des fleurs et le lever du soleil à ­Bridlington », une station balnéaire du Yorkshire où il est revenu vivre quelques années, de 2006 à 2013, après le décès de sa mère. « Je n’avais même pas besoin de sortir du lit », écrit-il.

Paresseux, assoupi ? Les 240 pages suivantes montrent exactement l’inverse. My Window est un livre allègre et somptueux signé d’un artiste qui, matin après matin, ne cesse de créer, d’innover, de douter, de recommencer. Un jeune homme de plus de 80 ans bien décidé à apprivoiser les nouveaux outils à sa disposition pour saisir toute la beauté du monde. Pas un jour sans une œuvre, et même plusieurs. Les cent vingt sélectionnées ici par l’auteur ont d’abord été publiées dans un coffret de 12 kilos vendu 3 500 euros pièce, et 30 000 euros pour les exemplaires incluant un tirage signé. La version brochée parue pour les fêtes semble, sinon à la portée de tous, du moins plus raisonnable en poids (2,7 kilos) comme en prix (100 euros).

L’ouvrage est le lieu d’une double expérience. Celle de David Hockney, bien sûr. En 2009, le peintre, l’un des plus célèbres au monde, s’empare de l’iPhone, le téléphone lancé deux ans plus tôt par Apple, et décide de l’utiliser pour capter ce qu’il aperçoit par la fenêtre à gauche de son lit. Non par la photographie, comme avec ses Polaroid des années 1960-1970, mais par le dessin. Grand avantage de l’écran : contrairement à une toile, il est rétro­éclairé. « Je pouvais dessiner dans le noir », note donc l’artiste.

Les nuances de l’instant

La première image retenue dans le livre a quelque chose d’enfantin. Hockney semble joyeux de tremper ses doigts dans la couleur (numérique) et de peindre avec, comme Titien, parfois, à la fin de sa vie. Un arbre rose et vert qui cache en partie une maison, sur un ciel légèrement voilé : si la composition est parfaite, la palette reste limitée, et les traits paraissent un peu maladroits. Mais, très vite, les dessins s’affinent. Surtout à partir du moment où, en 2010, le peintre ­troque l’iPhone contre l’iPad et emploie un stylet.

Ses tableaux deviennent des bijoux. De l’un à l’autre, le cadre ne varie guère que de quelques centimètres, selon la position du peintre dans son lit. Pourtant, aucun n’est semblable à celui qui le précède. Comme Monet avec ses trente vues de la cathédrale de Rouen (1892-1894), Hockney saisit les nuances de l’instant, la neige d’un blanc cassé qui s’accumule sur le toit, le bleu profond des rideaux tirés en hiver, les fleurs renouvelées au printemps. Le 17 juin 2009, quatre dessins successifs montrent le jour se lever, les feuilles passer de l’ombre au vert clair, avant que le soleil transperce le store ­vénitien. L’homme du Yorkshire expérimente, joue avec les outils logiciels, la netteté des fleurs au premier plan, les couleurs plus ou moins acidulées, la transparence, la perspective. Pointilliste un jour, il frôle l’abstraction peu après. Et néanmoins, c’est toujours du Hockney, intense, vif, libre et heureux malgré les chagrins traversés.

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