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Mythos dans la Silicon Valley : l’ex-amant d’Elizabeth Holmes, Sunny Balwani, écope de treize ans de prison

Comment résumer l’affaire Theranos en trois mots ? Amour, gloire et bobards. Le 18 novembre, la fondatrice de l’entreprise Elizabeth Holmes a écopé d’une peine de onze ans de prison pour fraude. Cette fois, c’est au tour de son ex-amant et codirigeant Sunny - ou Ramesh Balwani de son vrai nom - de tomber. Mercredi soir, l’ancien chef d’exploitation a été condamné à treize ans pour escroquerie. La raison : l’entreprise et ses promesses étaient fondées sur des mensonges.

Elizabeth Holmes, aujourd’hui âgée de 38 ans, avait abandonné ses brillantes études à Stanford à l’âge de 19 ans pour fonder Theranos en 2004. Elle prétendait être en mesure, grâce à la machine de l’Edison, de réaliser une centaine d’analyses médicales à partir d’une seule goutte de sang. Les investisseurs l’acclamaient, le cours de sa société atteignait les 10 milliards de dollars à son apogée, médias et politiques l’encensaient. Pourtant, tout était faux : l’appareil ne fonctionnait tout simplement pas. Et mettait en danger les patients qui l’utilisaient.

Pendant ses trois mois de procès, Elizabeth Holmes a lancé à plusieurs reprises la pierre dans le jardin de son adjoint, «Sunny», l’accusant notamment de maltraitance émotionnelle et physique. Des assertions démenties par l’intéressé. Cet ancien directeur de logiciel avait fait fortune à la fin des années 1990, avant de se lier d’amitié avec la jeune femme, de dix-neuf ans sa cadette, lors de leurs études en Chine, l’été juste avant l’entrée d’Elizabeth Holmes à l’université de Stanford. Leur relation amoureuse, tenue secrète, l’avait finalement amené à rejoindre Theranos en 2009 en tant que président et chef de l’exploitation.

Si la jeune dirigeante s’était hissée parmi les stars de la Silicon Valley, avec ses passages médias et ses poignées de main avisées, lui œuvrait dans l’ombre. Et avait la réputation d’un patron dur et exigeant parmi ses employés. Paranoïaque aussi. Comme le révèle John Carreyrou, le journaliste du Wall Street Journal ayant mis à jour la supercherie de Theranos à partir de 2015, Ramesh Balwani était obsédé par l’idée que les salariés puissent voler des secrets commerciaux. Il aurait même appelé la police en accusant un ancien ouvrier d’avoir «volé des biens dans son esprit».

«Sunny l’a effacé». Dès qu’un employé était viré, l’expression était murmurée dans les couloirs de l’entreprise américaine Theranos. Il faut dire que «Sunny», ou Ramesh Balwani de son vrai nom, avait développé une certaine aisance dans le licenciement intempestif de ses salariés. Surtout si ces derniers bafouillaient la moindre critique à son égard. Conversations par mails épiés, communication entre services coupée… Il arrivait même que certains ingénieurs un peu trop récalcitrants se fassent escorter manu militari hors des locaux de l’entreprise de la Silicon Valley.

En juillet, il a finalement été reconnu coupable de 12 chefs d’accusation de fraude. Là où Elizabeth Holmes avait été tenue responsable de quatre chefs de fraude et acquittée de quatre autres, comme le remarque le New York Times. Dans leur verdict pour Sunny, les jurés semblent avoir été influencés par les preuves avancées par les procureurs montrant que l’homme d’affaires était au courant des mensonges de la société.

Dans sa défense, Ramesh Balwani avait plutôt argumenté qu’il avait sincèrement cru en la mission de Theranos. Il aurait «mis tout son cœur et son âme dans Theranos», avait déclaré son avocat Jeffrey Coopersmith dans son plaidoyer de clôture. «Il a travaillé sans relâche, année après année, pour faire de l’entreprise un succès.» Pas vraiment ce que les SMS, e-mails et témoignages de 24 personnes ont mis en avant pendant son procès et qui ont finalement amené l’ancien codirigeant à «être effacé» à son tour.