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Nazanin Pouyandeh réactualise la peinture d’histoire

Deux expositions, l’une à Arcueil, l’autre à Romainville, en région parisienne, font redécouvrir les toiles oniriques et politiques de la peintre iranienne.

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Le 12 octobre, l’artiste Nazanin Pouyandeh, qui est née à Téhéran en 1981, publiait une tribune dans Le Monde dénonçant l’oppression des femmes iraniennes et la répression sanglante de leurs manifestations, rappelant qu’elle est la fille de l’intellectuel Mohammed Jafar Pouyandeh, assassiné en 1998 par les services secrets du régime théocratique pour ses convictions libérales. Il serait difficile de ne pas s’en souvenir en visitant les deux expositions de l’artiste qui ont ouvert peu après, l’une dans la Galerie Vincent Sator à Romainville (Seine-Saint-Denis), l’autre à la Galerie municipale Julio-Gonzalez à Arcueil (Val-de-Marne).

La simultanéité des événements est fortuite, ces expositions étant prévues bien avant la mort de Mahsa Amini, marquant le début des manifestations de protestation. Mais elle offre une occasion de poser à nouveau la question de la peinture d’histoire, récurrente depuis le XIXe siècle. L’art de Nazanin Pouyandeh, dont l’engagement politique est explicite, relève-t-il de cette notion ?

Au premier regard, la réponse ne peut être que négative. Ni dans un lieu ni dans l’autre ne sont accrochées des toiles où serait décrite la vie quotidienne au temps des mollahs. Les œuvres se répartissent en deux catégories : de grandes compositions peuplées de nombreuses figures dans des lieux clos ou, à l’inverse, dans des paysages d’arbres et de rochers ; des œuvres plus petites, habitées par une figure ou deux, féminines le plus souvent, quelquefois entières, quelquefois en buste ou même réduites à des visages. Ces éléments sont traités de façon minutieuse, par une peinture précise. On la dirait réaliste s’il n’apparaissait comme une deuxième évidence qu’actes et scènes représentés n’appartiennent pas à la réalité.

Visions étranges

Dans le monde ordinaire, on ne rencontre pas de femme dans la bouche de laquelle un bouvreuil a élu domicile sous le regard tranquille d’autres oiseaux. On n’y croise pas non plus des femmes et des hommes entièrement ou à demi-nus, accomplissant on ne sait quelle cérémonie sacrée sur un rocher ou dans un cercle de pierres régulier. Pour les peindre, l’artiste fait poser ses proches dans les attitudes qu’elle détermine.

Des allusions aux sociétés secrètes africaines et à leurs masques, à Adam et Eve, au baptême et la résurrection du Christ ou à la mort de Cléopâtre se reconnaissent vite, mais ne se laissent pas interpréter aisément. On dirait qu’elles sont venues à la surface de façon imprévisible. Pour mieux troubler, Nazanin Pouyandeh introduit de temps en temps un surcroît de distance : la scène que l’on observe vient d’être peinte – ou est en cours de création – par une ou plusieurs peintres qui apparaissent au premier plan de la scène. Ainsi ne peut-on ignorer que celle-ci est pure fiction.

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