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« Ne plus aller à la pompe, ça me change la vie ! » : en Saône-et-Loire, avec les ruraux convertis à la voiture électrique

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France, le 27 octobre 2022 a Montchanin (Saone et Loire). Justine Arnould, proprietaire d une eUp recharge sa voiture sur la borne de Jose Ramos, fondateur de la SAS Recharge plus, reseau de bornes partagees. Photographie de Claire Jachymiak/Hans Lucas.
CLAIRE JACHYMIAK/HANS LUCAS POUR « LE MONDE »
Par Camille Bordenet

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ReportageSymbole citadin, l’électrique séduit aussi à la campagne, là où la voiture est indispensable. Les convertis racontent leurs calculs et leurs craintes, entre poids des factures et préoccupations environnementales.

Les files de fourgonnettes et de familiales s’entortillent aux pompes de la station TotalEnergies, à la sortie du rond-point Jeanne-Rose de Montchanin (Saône-et-Loire), boudant les quatre bornes de recharge électrique flambant neuves installées à côté. La voiture électrique ? « Hors de prix », « pas assez d’aides », « pas assez d’autonomie », « les batteries polluent aussi, non ? », entend-on, dans un soupir résigné devant le prix du plein, qui retrouve ses sommets d’avant baisse des ristournes. Et puis il y a le renchérissement du prix de l’électricité et la menace de coupures pendant l’hiver.

Par ici, la voiture ne sera jamais une option. Le compte à rebours lancé à la civilisation thermique – l’Union européenne a acté l’interdiction de vente de ces moteurs dès 2035 – semble encore lointain. Faut-il y voir un signe ? Haut lieu des « gilets jaunes » en 2018, le rond-point réunit de nouveau une trentaine de vétérans depuis quelques samedis.

Pour rencontrer ceux des campagnes qui roulent aux électrons – un million de véhicules électriques et hybrides rechargeables en France, soit environ 2 % du parc automobile –, direction les bornes de recharge du Lidl. La demi-heure y serait encore gratuite, malgré l’autocollant qui indique le passage à 0,25 euro le kilowattheure, nous informe-t-on. Toujours ça de pris sur la facture qui grimpe malgré le bouclier tarifaire.

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Un retraité (qui préfère rester anonyme), ancien agent de maîtrise, ronchonne en attendant la fin de la recharge de sa nouvelle Zoe. Sans la prime à la conversion et le bonus écologique, il n’aurait pas changé son vieux diesel. « Ça va que, ma femme et moi, on a deux revenus. Mais 25 000 euros [le prix d’entrée d’une Zoe, moins chère des « made in France », est de 27 700 euros avec bonus], c’est aberrant, inaccessible pour les gens au smic. »

Des bornes de recharge pour véhicules électriques dans une station TotalEnergies, à Montchanin (Saône-et-Loire), le 27 octobre 2022.
Des bornes de recharge pour véhicules électriques dans une station TotalEnergies, à Montchanin (Saône-et-Loire), le 27 octobre 2022.

Sans le système de leasing – location longue durée ou location avec option d’achat –, Georges et Valérie Alves – lui ouvrier sidérurgiste, elle agente d’entretien – n’auraient pas non plus pu prétendre à l’électrique. Baskets Nike Requin aux pieds, Georges aime les bagnoles et voulait tester, dit-il, même s’il ne pense pas l’acheter.

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Le « leasing social » à 100 euros par mois est une des pistes sur laquelle travaille Emmanuel Macron pour accompagner les ménages modestes dans le virage électrique, tandis que l’augmentation de 1 000 euros du bonus demeure largement insuffisante pour permettre l’« accès à tous » promu.

« Pas assez d’électricité »

« On nous pousse à acheter électrique, comme on nous avait poussés à acheter des diesels, soupire Enio Salce, retraité de l’informatique et maire d’un village. Mais la conjoncture, on la connaît : il n’y aura pas assez d’électricité à distribuer, on n’est même pas sûr de passer l’hiver, donc on va se faire rattraper par les prix. » Lui aussi s’y met parce qu’une opportunité se présente : il rachète une Zoe 7 000 euros, « une affaire » alors que les occasions sont rares. Sans ça, il aurait attendu, désemparé quant au « meilleur choix pour l’avenir, peut-être l’hydrogène, peut-être le bioéthanol, on sait plus, on est à un tournant ». Les batteries questionnent aussi chacun : fabrication, poids, coût, durée, recyclage…

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