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Néonicotinoïdes: vers une nouvelle dérogation accordée aux producteurs de betteraves en 2023

On n’est pas surpris mais quand même. Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a dit jeudi espérer une prolongation pour 2023 de la dérogation permettant aux betteraviers d’utiliser des néonicotinoïdes, des insecticides néfastes pour les abeilles et interdits en France depuis 2018.

La loi du 14 décembre 2020 a autorisé leur retour temporaire et sous conditions pour soutenir la filière des betteraves sucrières, fragilisée par la prolifération de pucerons vecteurs de jaunisse. Ce délai devait couvrir le temps de trouver des alternatives et le texte précisait que des dérogations pourraient être accordées au maximum jusqu’en juillet 2023, uniquement pour les semences de betteraves et avec une reconduction obligatoire chaque année.

Pour aller plus loin

En 2020, la jaunisse avait entraîné la destruction d’un tiers de la récolte de betteraves sucrières et 280 millions d’euros de pertes. Chaque année, le gouvernement doit tout de même publier un arrêté, pris après avis du conseil de surveillance chargé de suivre et de contrôler la recherche et la mise en œuvre d’alternatives aux produits comportant des néonicotinoïdes, pour acter cette autorisation provisoire.

Dans une vidéo diffusée lors l’Assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) jeudi, M. Fesneau a déclaré qu’en attendant des alternatives à ces insecticides, la «première étape» consistait à «prolonger la dérogation» pour les semis de l’année 2023.

«Une troisième (dérogation, NDLR) est à venir - en tout cas je l’espère et je pense qu’elle sera utile, pour pouvoir déroger et lutter efficacement contre la jaunisse en attente de solutions alternatives», a déclaré le ministre.

Le président du syndicat des planteurs de betteraves, Franck Sander, a aussi plaidé pour une nouvelle dérogation, qui devra donc faire l’objet d’un avis favorable du Conseil de surveillance des néonicotinoïdes avant signature d’un arrêté par le gouvernement au mois de février.

Des alternatives aux semences enrobées de néonicotinoïdes, substances qui contribuent au déclin massif des colonies d’abeilles, sont en cours d’expérimentation depuis 2020. Un Plan national de recherche et innovation (PNRI), d’un montant global de 20 millions d’euros et financé par l’Etat à hauteur de sept millions, avait pour objectif de trouver d’autres solutions d’ici 2023.

«A ce jour, les alternatives qui se dessinent n’ont pas fait la preuve d’une efficacité suffisante (variétés tolérantes, phéromones, etc.)», a estimé Le président du syndicat des planteurs de betteraves, ajoutant qu’il n’y avait pas de «garanties suffisantes pour dire que nous pourrons nous passer de néonicotinoïdes après 2023» à ce stade.

L’Union européenne a également interdit depuis 2018 l’usage en plein champ, pour toutes les cultures, de trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride). Pour autant, 11 de ses Etats membres ont adopté des «autorisations d’urgence» pour faire face à la baisse de leurs rendements, dont la France. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait donné son feu vert, faute d’alternative disponible.