France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Non, la hausse des salaires n’entraîne pas inéluctablement une spirale inflationniste »

auteur

Antoine Reverchon

Six économistes du FMI ont analysé les épisodes de hausse de prix et de salaires intervenus depuis les années 1960. Où il apparaît que d’autres facteurs sont à l’origine d’une longue période d’inflation, rapporte Antoine Reverchon, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Le pic du taux d’inflation semble bel et bien passé. Aux Etats-Unis, où il a atteint 9,1 % en juin, le taux est redescendu à 7,7 % en octobre. Les économistes prévoient moins de 3 % en 2023, et espèrent que les Etats-Unis éviteront la récession. En Europe, l’inflation décline aussi. En Allemagne, le pic aurait été atteint en octobre avec 10,4 %, avant de diminuer à 10 %, prévu en novembre. En Espagne, il baisse depuis quatre mois, à 6,8 % en novembre après 7,3 % en octobre.

Les prévisionnistes peuvent se tromper, mais cette tendance confirme l’analyse historique des vagues de hausses de prix survenues depuis 1960 dans les pays développés, publiée le 11 novembre par six économistes du Fonds monétaire international (« Wage-Price Spirals : What is the Historical Evidence ? », Working Papers, 22/221).

Lorsque les prix commencent à monter pour une raison ou pour une autre – qu’il s’agisse d’un choc extérieur comme la hausse du pétrole arabe (en 1973) ou du gaz russe (en 2022), ou d’une trop forte quantité de liquidité circulant sur le marché, comme l’affirment les économistes qui critiquent le « laxisme » des banques centrales pendant la pandémie –, la grande crainte des gouvernements et des entreprises est de voir exploser les revendications salariales. Si les entreprises plient, elles doivent augmenter les prix pour conserver leurs marges, ce qui accroît en retour les revendications, et ainsi de suite… C’est ce que l’on appelle la « spirale prix-salaires », considérée par les économistes comme la principale cause des grandes périodes d’inflation des années 1920 ou 1970.

Stabilisation des prix

Quand, de surcroît, le redémarrage post-pandémie et la mauvaise qualité des emplois proposés dans de nombreux secteurs rendent l’embauche difficile – ce que l’on appelle la « grande démission » –, la spirale semble prête à s’enclencher. D’où le refus actuel du patronat d’une augmentation générale des salaires, d’où la réforme des allocations-chômage pour inciter les chômeurs à accepter des baisses de rémunérations, d’où, enfin, les hausses à répétition des taux d’intérêt pour limiter le crédit et ralentir l’activité – au risque, assumé, d’augmenter le chômage.

Les six économistes ont examiné toutes les périodes de l’histoire récente de 38 pays développés où l’économie a connu pendant trois trimestres consécutifs, comme aujourd’hui, une hausse des prix à la consommation et une augmentation des salaires nominaux (c’est-à-dire une augmentation supérieure à l’inflation). Ils ont identifié 79 séquences de ce type. Or, « ce qui pourra étonner », comme l’écrivent benoîtement les auteurs, une très petite minorité de ces épisodes sont suivis d’une vague d’inflation durable. La plupart débouchent pendant les huit ou neuf trimestres qui suivent sur une simple stabilisation des prix et un retour des salaires réels à leur niveau antérieur. Autrement dit, la hausse des salaires nominaux n’entraîne pas inéluctablement une spirale inflationniste.

Il vous reste 30.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.