France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Nonac : il avait tiré sur les gendarmes, sept ans de prison ferme

Nonac : il avait tiré sur les gendarmes, sept ans de prison ferme
Le forcené s’était retranché chez lui toute la nuit, interpellé au petit matin.

CL

Par Jean-François BARRÉ - jf.barre@charentelibre.fr, publié le 8 décembre 2022 à 21h33, modifié à21h33.

Violences conjugales. Stéphane Sabin s’était retranché chez lui à l’arrivée des gendarmes. Il avait « arrosé ». Il a été lourdement condamné.

Sophie O’Hana, la procureure avait placé la barre assez haut, en se remémorant une « scène de guérilla dans un village de 269 habitants ».Cinq ans de prison dont un avec sursis, c’était le prix à payer pour une nuit de folie au hameau de Chez Lucaud, à Nonac, dans la nuit du 5 au 6 septembre derniers. Stéphane Sabin, 57 ans, avait tapé sur sa femme et tiré sur les gendarmes. Le délibéré a...

Sophie O’Hana, la procureure avait placé la barre assez haut, en se remémorant une « scène de guérilla dans un village de 269 habitants ». Cinq ans de prison dont un avec sursis, c’était le prix à payer pour une nuit de folie au hameau de Chez Lucaud, à Nonac, dans la nuit du 5 au 6 septembre derniers. Stéphane Sabin, 57 ans, avait tapé sur sa femme et tiré sur les gendarmes. Le délibéré a duré une heure, ce jeudi, en correctionnelle. Et les magistrats ont salé la note. Sept ans de prison ferme. « À cause de la gravité objective des faits qui vous sont reprochés », a expliqué Clémentine Blanc, la présidente du tribunal. À cause des trente jours d’ITT que les médecins ont alloué à sa compagne, à cause de l’importance des tirs contre les gendarmes qui ont « entendu siffler les balles ».

Sa succession d’échecs personnels qui explique que le volcan Sabin soit entré en éruption.

Dans le box des prévenus, Stéphane Sabin, livide, le visage émacié, a accusé le coup, s’est brièvement entretenu, l’air absent, avec Gaétan Bachelier, son avocat. Pas sûr qu’il fasse appel de la décision. La sanction est lourde. Le dossier aussi.

Ce soir-là, Stéphane Sabin était rentré pas content. Il était à Saint-Martial, pas loin de là, sans voiture. Sa compagne et son fils étaient partis chez la grand-mère sans lui. Il est rentré à vélo. Il les a attendus. Il s’est mis à picoler. Ils sont rentrés, la soirée a dégénéré. Des insultes, puis des rouleaux de tapisserie balancés sur sa compagne, fragile. Quand le fils a vu le père se diriger ver le fond de la pièce il a dit « Maman on s’en va, il prend le fusil ». Elle a dit « j’appelle les gendarmes ». Il a répondu « vas-y je les attends ».

« Transfert de hargne »

Ils sont arrivés, il a « arrosé », selon la terminologie du patron du peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) d’Angoulême. « Il a titré sur tout ce qui bougeait », appuie Benoît Bertaud, l’avocat de la compagne et de l’enfant. À la barre, les gendarmes sont venus confirmer. La jeune cheffe de la patrouille arrivée en premier, qui a essuyé les premiers tirs comme le solide patron du PSIG. Ils ont dit leur sentiment d’avoir été pris pour cible. « La seule chose qui nous a protégés, c’est l’obscurité ». Stéphane Sabin a tiré au jugé. En direction du chien qui aboyait. En direction des mouvements. Jusqu’à l’arrivée du GIGN de Toulouse, jusqu’à l’interpellation au petit jour. Ils l’avaient incité à sortir. Ils lui ont sauté dessus.

Trois mois et une expertise psychiatrique plus tard, Stéphane Babin, que les médecins décrivent « border line » n’en démord pas. Non, il n’a pas voulu tuer de gendarmes, malgré les menaces et les tirs nourris. Non, il n’a pas voulu faire de mal à sa compagne puisqu’il n’est « pas méchant ».

Certes, il était bien imbibé quand il a disjoncté, reconnaît que c’est « la plus grosse bêtise de ma vie ». Le signe pour le parquet et les parties civiles qu’il n’a pas pris la mesure de ce qu’il a fait, qu’il minimise. Lui, qui détenait un véritable arsenal, persiste à dire qu’il a tiré en l’air. « Avec les armes les plus dangereuses », lui rappelle Lionel Béthune, l’avocat des gendarmes. « Je n’ai pas d’explication », lâche l’ex-forcené. Les débats ont tenté de lui en suggérer. Les psys avaient noté le lien entre son attitude, lui fils de gendarme, avec les militaires et le lourd contentieux qui l’oppose à son frère, gendarme. « Un transfert de la hargne », suggère Lionel Béthune.

« Un défaut de pleine conscience. Il a endossé un costume de fuite ». Gaétan Bachelier, son avocat, a tenté le contrepied, puisé les raisons du passage à l’acte dans « sa succession d’échecs personnels qui explique que le volcan Sabin soit entré en éruption. À travers les gendarmes vouloir atteindre son frère, à travers sa compagne vouloir atteindre son entourage qu’il déteste ». Il a rappelé qu’on n’avait pas retrouvé de projectiles, pour suggérer des « tirs en l’air ». Il n’a pas convaincu.