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Nord Stream : une quatrième fuite découverte alors que les experts évaluent les dégâts

Une quatrième fuite a été identifiée en mer Baltique au-dessus des gazoducs Nord Stream 1 et 2, ont annoncé les garde-côtes suédois le 29 septembre 2022. Alors que les soupçons de sabotage se renforcent, divers experts commencent à évaluer les effets de ces fuites sur l'environnement.

Une quatrième fuite repérée du côté suédois

"Il y a deux fuites côté suédois et deux fuites côté danois", a déclaré à l'AFP un responsable de l'autorité suédoise, sans pour autant expliquer les raisons de ce signalement tardif pour la quatrième fuite. Jusqu'ici les autorités des deux pays avaient fait état d'une fuite côté suédois et de deux fuites côté danois.

Avant la détection de ces fuites, deux explosions suspectes ont eu lieu le 26 septembre, le matin et le soir. Ces dommages se trouvent dans les zones économiques exclusives respectives des deux pays scandinaves. La Suède avait jusqu'ici rapporté une fuite au-dessus de Nord Stream 1 au nord-est de l'île de Bornholm. Le Danemark a lui confirmé une fuite sur Nord Stream 2 au sud-est de l'île, et une autre au nord-est au-dessus de Nord Stream 1.

Quelle est l'ampleur des fuites ?

Le gaz contenu dans les conduites, non opérationnelles mais remplies pour des raisons techniques, n'est pas confiné. Il peut donc, en théorie, totalement s'échapper des deux gazoducs. Plusieurs agences étatiques ont réalisé des estimations des quantités perdues, en tenant compte du remplissage supposé des deux installations.

L'Agence danoise de l'énergie, directement concernée, s'est pliée à l'exercice. Dans un communiqué publié le 28 septembre (avant la découverte de la quatrième fuite), elle explique que les "émissions des trois fuites de gaz sur Nord Stream 1 et 2 correspondent à environ 32 % des émissions danoises annuelles de CO2".

A la date du 28 septembre, en tenant donc compte des trois premières fuites, l'agence nationale calculait qu'elles émettaient "dans le pire des cas environ 778 millions de mètres cubes standards de gaz naturel". Le consortium Nord Stream AG, dont l'entreprise russe Gazprom fait partie et qui exploite Nord Stream 1, a confirmé la présence de 300 millions mètres cubes standards de gaz naturel dans chacune des deux conduites de l'installation. Nord Stream 2 AG, opérateur de Nord Stream 2, a évoqué 178 millions mètres cubes standards dans la seconde installation.

En convertissant cette quantité en gaz à effet de serre, elle obtient la quantité phénoménale de 14,6 millions de tonnes d'équivalent CO2 (volontairement surestimée, précise l'agence, notamment car la quantité exacte de méthane contenue dans ce gaz naturel n'a pas été prise en compte) alors que le Danemark a émis, en 2020, 45 millions de tonnes d'équivalent CO2.

L'Agence fédérale de l'environnement allemande propose une estimation plus basse, indiquant que "les fuites dans les canalisations Nord Stream 1 et 2 entraînent des émissions d'environ 7,5 millions de tonnes d'équivalent CO2" ce qui correspond à environ 1 % des émissions annuelles totales de l'Allemagne. Selon les calculs réalisés par cette agence, 300.000 tonnes de méthane devraient rejoindre l'atmosphère.

La nature même du gaz qui s'échappe ajoute à la gravité de la situation. En effet, le méthane est un gaz à effet de serre encore plus nocif que le dioxyde de carbone : "Sur une période de cent ans, une tonne de méthane réchauffe l'atmosphère de la même manière que 25 tonnes de CO2", d'où l'équivalence obtenue par l'agence allemande. Plusieurs experts s'accordent cependant à dire que cet incident ne va contribuer qu'à une fraction des émissions de gaz à effet de serre dans l'année.

Avec AFP