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Notre critique du documentaire Le palais des hiéroglyphes: le conseiller du pharaon noir et le tombeau maudit sur France 5

CRITIQUE - Le documentaire Le Palais des hiéroglyphes. sur les traces de Champollion diffusé ce jeudi 6 octobre à 21 heures sur France 5, explore les tréfonds d’une tombe fascinante, près de la vallée des rois.

La rive occidentale du Nil est le domaine des morts, mais aussi des mots. Les morts reposent depuis des millénaires, sertis au fond de somptueux tombeaux de la nécropole thébaine, près de Louxor. Les mots, eux, s’étendent sur les kilomètres de galeries souterraines ignorées des pilleurs de l’Antiquité. Dans l’obscurité de ces sépulcres, quelques salles brillent par leurs trésors épigraphiques. C’est le cas de la tombe TT33. France 5 part à sa découverte, dans le nouveau documentaire de Patrick Cabouat, Le Palais des hiéroglyphes. Sur les traces de Champollion.

Plusieurs bras labyrinthiques

Ce site, connu de longue date, effraie depuis des générations. Situé dans une nécropole voisine de la vallée des rois, l’antre est gardé par une sinistre porte de fer. D’après les légendes locales, la tombe serait maudite.

Claude Traunecker s’amuse en partie seulement de ces histoires. Elles ne seraient pas tout à fait fausses. «Il y avait des colonies de chauves-souris très importantes et qui sortaient de la tombe quand on y pénétrait. Cela provoquait des accidents, raconte l’égyptologue émérite de l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) et responsable de la fouille de la tombe TT33. Plusieurs personnes ont failli tomber dans le puits de la galerie 12 parce que les chauves-souris éteignaient leurs bougies», précise-t-il. Moins importunés par la faune des lieux, les archéologues tombent aujourd’hui en pâmoison de ses innombrables hiéroglyphes. Les parois ne manquent pas ; elles s’étirent en plusieurs bras labyrinthiques, creusés dans le calcaire sur près de 2,6 kilomètres. Constituée de 22 pièces, la tombe TT33 formerait l’un des plus vastes ensembles souterrains d’Égypte. Les spécialistes s’enchantent en particulier d’une voûte, véritable «chapelle Sixtine de l’Égypte antique».

Quant aux textes raffinés de la tombe, ils offrent aux spécialistes de l’écriture sacrée égyptienne une matière délicieuse sur laquelle exercer leur science. Claude Traunecker s’émeut d’un passage poignant, adressé d’outre-tombe «à ceux qui viendront à naître, ceux qui viendront pour flâner dans la nécropole ou chercher des formules». Ailleurs, un passage plus ésotérique vante le savoir-faire magique du propriétaire de la tombe. Un bas-relief voisin peut en témoigner. Les pieds de son cortège de porteurs d’offrandes ont été martelés au burin afin d’assurer leur service ininterrompu dans l’éternité.

Entrailles funéraires

À qui appartenait ce large et somptueux tombeau? Un prince d’Égypte? Un sorcier thébain? Un richissime vizir, peut-être? Dans les tréfonds du site, les égyptologues Silvia Einaudi et Isabelle Régent progressent à pas feutrés, équipées d’un casque à lumière rasante et d’un masque de respiration. L’air pestilentiel et corrompu des siècles s’est chargé d’ammoniac. Le temps et la fumée des lampes anciennes ont endommagé certaines inscriptions, que les chercheurs s’évertuent à comprendre à l’aide des visualisations en trois dimensions. Heureusement, le nom du maître des lieux a été révélé il y a longtemps par les hiéroglyphes. Padiamenopé. Un lettré, peut-être conseiller de Taharqa, un des «pharaons noirs» du VIIe siècle avant notre ère. L’immersion dans ces entrailles funéraires, aux côtés des égyptologues ou guidés par les reconstitutions numériques de l’Ifao, est passionnante. Bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion oblige, le film de 87 minutes se disperse lors d’un énième retour sur cette aventure linguistique, marquée par un arrêt au musée de Turin. Un détour, hélas, bien inutile.