France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Nous ne pardonnerons jamais » : à Boutcha, ville martyre d’Ukraine, la population commémore la libération

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.

Des parents viennent se reccueillir sur la tombe de leur fils. Boutcha, le 31 mars 2023.
ADRIEN VAUTIER / LE PICTORIUM POUR « LE MONDE »
Par Thomas d’Istria

Article réservé aux abonnés

ReportageLe 31 mars 2022, les forces russes se retiraient de cette ville de la région de Kiev, après trente-trois jours d’occupation marqués par des exécutions, des viols et des meurtres aveugles de civils. Selon le bureau du procureur général ukrainien, 1 173 corps ont été exhumés dans ce district.

Et soudain, après un dernier éclat de rire, le visage de Yuriy Kurus s’est éteint. Ses traits se sont figés et ses yeux se sont remplis de larmes. Svytlana, son épouse, a cessé de raconter avec émotion leur évacuation de la ville alors occupée par les forces russes de Boutcha, le 12 mars 2022. Le silence du couple a duré quelques secondes, puis Yuriy a repris la parole d’une voix étranglée : « Nos fils ont été tués ici ». Les deux hommes, Mykhaïl et Viktor, faisaient partie de la défense territoriale, cette armée de volontaires dont les rangs s’étaient gonflés de dizaines de milliers d’Ukrainiens dans les premiers jours de la guerre, le 24 février 2022.

Lire aussi :

Plus d’un an après, ce vendredi 31 mars, le couple d’une soixantaine d’années fait partie d’une foule d’Ukrainiens venus commémorer la libération de Boutcha, occupée par les forces du Kremlin pendant trente-trois jours. En quittant la ville située dans la région de Kiev, ainsi que le reste des territoires occupés du nord du pays, l’armée russe a laissé derrière elle des populations martyrisées et des paysages dévastés.

Plus tard, les photos des corps de civils exécutés dans les rues, mains ligotées dans le dos, la découverte de cadavres enterrés dans les jardins, dans une fosse commune, et les témoignages des meurtres, tortures et viols ont déclenché une vague d’indignation à travers le monde. Depuis, le Kremlin n’a cessé de nier ces crimes de guerre. Jeudi 30 mars, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a une nouvelle fois parlé du massacre comme d’« une provocation grossière et cynique » de Kiev.

Cérémonie commémorative à Boutcha, le 31 mars 2023.
Cérémonie commémorative à Boutcha, le 31 mars 2023.
Cérémonie commémorative du massacre de Boutcha (Ukraine), le 31 mars 2023.
Cérémonie commémorative du massacre de Boutcha (Ukraine), le 31 mars 2023.

Allée des Héros

En Ukraine, la libération de la ville située dans la banlieue de Kiev a marqué un avant et un après. « Nous ne pardonnerons jamais » les morts de la ville, a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky ; quelques heures avant qu’il ne reçoive une délégation étrangère composée de la présidente moldave, Maia Sandu, et des premiers ministres slovaque, croate et slovène, Eduard Heger, Andrej Plenkovic et Robert Golob. « Nous allons punir tous les coupables », a-t-il aussi affirmé. A ce jour, le bureau du procureur général ukrainien estime que « 1 173 corps » ont été exhumés dans le district de Boutcha et que 637 civils ont été tués dans la ville même.

Lire aussi l’éditorial du « Monde » (2022) :

Ce vendredi 31 mars, les habitants de Boutcha et des alentours viennent commémorer la libération de la ville, qui semble avoir retrouvé un semblant de normalité. Les restaurants et les cafés sont ouverts, les checkpoints au travers des allées ont disparu. La reconstruction de Boutcha est allée très vite, même si, ici et là, des immeubles restent éventrés par de l’artillerie et marqués par des impacts de balles. Selon la mairie, 80 % des habitants de la ville de 37 000 habitants avant la guerre se sont réinstallés, en plus des 9 000 réfugiés ayant quitté les territoires proches des lignes de front, à l’est et au sud du pays.

Il vous reste 50.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.