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"Nous souhaitons que la réforme des retraites soit améliorée", annonce le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, prend la parole dans Midi Libre alors que la réforme des retraites arrive ce lundi 6 février dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Le ministre répond aux critiques qui visent la réforme des retraites, évoque de nouvelles évolutions possibles (prise en compte de la maternité, clause de revoyure, régime des parlementaires, demandes des professeurs des écoles et des pompiers...) et évoque le système de sanction qui pèsera sur les entreprises qui ne joueront pas le jeu de l'emploi des seniors. Il dit non, en revanche, à la demande des 43 ans de cotisation pour tous et pointe l’attitude de l’opposition. "La Nupes ne respecte pas les Français avec cette obstruction de zadiste", assène-t-il, jugeant, par ailleurs, que l’extrême droite, elle, "n’était pas préparée" sur ce dossier.

La réforme des retraites qui arrive ce lundi en séance publique à l’Assemblée nationale fait face à une forte contestation. Êtes-vous prêt à la faire évoluer ?

Nous souhaitons qu’elle soit enrichie, améliorée par les parlementaires de bonne volonté. Mais pour cela, encore faut-il qu’ils ne soient pas privés de débat. Si les 20 000 amendements déposés sont maintenus, le texte ne pourra pas être examiné dans son entièreté. C’est l’inverse du bon sens.

La Nupes ne respecte pas les Français, avec cette obstruction de zadiste

Cela montre que la Nupes ne respecte pas le Parlement, ni les Français. Ces élus sont là pour représenter le peuple, pas pour bloquer les discussions.  Cette obstruction de zadiste, ce n’est pas ma conception de la démocratie.

Vous dites souhaiter voir le texte évoluer, mais vous avez fixé des lignes rouges, comme le départ à 64 ans. Quels sont les points négociables ?

On ne reviendra pas sur ce qui permet d’équilibrer le système de financement. On ne fait pas cette réforme de gaieté de cœur. On l’a fait en responsabilité pour maintenir notre système de retraite par répartition, avec des mesures de progrès. Nous sommes prêts à discuter de mesures sur les carrières longues, sur les seniors... Des améliorations peuvent encore être apportées.

À part pour le budget que par définition les oppositions ne votent jamais, à chaque fois qu’on est entré ainsi dans la mêlée en situation de majorité relative, on a obtenu une majorité absolue, parce qu’on a su écouter et évoluer.

Une coercition aussi pour les entreprises de plus petites taille (les 50-300 salariés), avec prise en compte d’une trajectoire d’amélioration des indicateurs sur les seniors

Les entreprises qui n’emploient pas les seniors seront-elles sanctionnées ?

Si une entreprise ne publie pas l’index des seniors, elle sera passible d’une amende qui peut atteindre 1 % de la masse salariale. Nous sommes prêts à faire évoluer ce dispositif afin que cette coercition concerne aussi les entreprises de plus petites taille (les 50-300 salariés) et que soit prise en compte une trajectoire d’amélioration des indicateurs.

Le Medef affirme que les index ne fonctionnent pas…

Moi je considère que ce qui ne fonctionne pas aujourd’hui c’est cette velléité de certaines entreprises de se priver des gens qui ont de l’expérience et de l’expertise au prétexte qu’ils coûteraient trop cher.

Près d’un senior sur deux n’est pas en situation d’emploi, ceux qui n’auront pas de travail ne risquent-ils pas de se précariser avec des pensions incomplètes ?

Quand on regarde les statistiques des 60-64 ans, il faut bien avoir en tête que beaucoup sont déjà à la retraite contrairement aux pays voisins. Le chômage des 60- 64 ans est plus faible que le taux de chômage général.

Aligner les règles de prise en compte de la maternité dans le public et privé ? Nous sommes ouverts aux améliorations, nous allons ainsi confier au COR une mission en vue de faire évoluer les droits familiaux

Une critique revient : cette réforme est jugée injuste envers les femmes qui perdraient des avantages.

Elles ne sont pas désavantagées, elles partiront plus tôt que les hommes, elles auront une hausse de pension plus importante que les hommes et les dispositifs visant à protéger les carrières hachées les protégeront davantage.

L’écart des pensions des hommes et des femmes est injustifié, il est la conséquence de l’écart des salaires. Mais celui-ci diminue, car nous menons une action résolue pour l’égalité salariale.

Alignerez-vous les règles de prise en compte de la maternité dans le public et privé ?

Les règles actuelles visaient à préserver les droits de toutes les femmes, en tenant compte du fait que le risque de carrière hachée est plus élevé dans le secteur privé.

Mais nous sommes ouverts aux améliorations, nous allons ainsi confier au COR (Conseil d'orientation des retraites) une mission en vue de faire évoluer les droits familiaux.

La Nupes, c’est un amendement, une taxe

Jusqu’où êtes-vous prêt à aller sur les carrières longues, la pénibilité ?

Nous sommes prêts à tout regarder, avec deux lignes rouges : ne pas augmenter les impôts, ni la dette. Nous sommes contre le fait de taxer les artisans, les heures supplémentaires, les riches, les classes moyennes. La Nupes, c’est un amendement, une taxe : avec leur projet, les Français perdraient énormément en salaire et pouvoir d’achat.

Passer à un système à 43 ans pour tous est une remise en cause de l’équilibre du système des retraites

Il y a des demandes aussi à droite : ferez-vous en sorte que personne ne soit obligé de travailler plus de 43 ans ?

La Première ministre a annoncé qu’elle accepte de voir le dispositif carrières longues évoluer pour l’élargir à ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans. Mais nous ne reviendrons pas sur la double règle âge / durée. Passer à un système à 43 ans pour tous est une remise en cause de l’équilibre du système des retraites.

Mais il restera des inégalités, c’est une illustration.

Vous savez, les vraies inégalités portent sur la nature de votre métier, ses contraintes, voire sa pénibilité.

Carrières longues : la pression de LR

Le gouvernement envisage un départ à 63 ans pour ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans, mesure destinée à capter les voix LR. Elle concernerait 30 000 personnes et coûterait entre 600 M€ et 1Md€ par an, a précisé Elisabeth Borne, dimanche dans le JDD. Mais Aurélien Pradié (LR) menace de ne pas voter le texte si le départ anticipé ne s’applique pas à tous ceux qui ont validé un trimestre avant 21 ans. Une mesure jugée trop onéreuse par l’exécutif.

Prendrez-vous en compte certaines demandes particulières, comme celle des professeurs des écoles ?

On demande actuellement à un enseignant du premier degré de terminer l’année scolaire même s’il a atteint l’âge légal et la durée requise de cotisations.

"Nous sommes ouverts à la discussion" sur les demandes des professeurs des écoles et des pompiers

Comme sur d’autres propositions des parlementaires de la majorité ou des oppositions, nous sommes ouverts à la discussion sur ce point, ainsi que sur la situation des pompiers.

Je ne doute pas que les parlementaires sont favorables à s’appliquer ce qu’ils votent pour l’ensemble des Français

Êtes-vous favorable à la suppression du régime spécifique des parlementaires ?

Cela relève de la loi organique. C’est au Parlement d’en décider. Je ne doute pas que les parlementaires sont favorables à s’appliquer ce qu’ils votent pour l’ensemble des Français. L’Assemblée nationale l’a d’ailleurs fait en 2017.

Une clause de revoyure en 2027 ? Si cela fait l’objet d’un débat au Parlement, cela peut être intéressant

Envisagez-vous une clause de revoyure en 2027 ?

Tout dépend ce qu’on entend par là. Je n’ai pas peur qu’on évalue la réforme en 2027. Si cela fait l’objet d’un débat au Parlement, cela peut être intéressant.

J’espère que la totalité ou une très grande majorité d’élus LR voteront cette réforme

Êtes-vous certain d’obtenir les voix nécessaires chez LR pour faire voter le texte ?

Eric Ciotti (président du parti Les Républiacins, NDLR) a réaffirmé son souhait de faire voter cette loi. Ils l’auraient sans doute eux-mêmes mise en place s’ils étaient au pouvoir. Ils sont en cohérence avec leurs principes, ce que je salue, j’espère que la totalité ou une très grande majorité d’élus LR voteront cette réforme.

Des frondeurs dans la majorité ? "Les dissonnances sont très faibles"

On entend aussi des dissonances au sein de la majorité. Craignez-vous de faire face à des frondeurs ?

Ces dissonances sont très faibles, j’ai fait partie de la majorité socialiste 2012-2017, là on pouvait parler de frondes et de dissonances… Aujourd’hui quelques parlementaires de la majorité disent qu’ils souhaitent que le débat les conforte dans leur souhait de voter la loi. Je n’ai aucune inquiétude.

Nous ne voulons pas le 49.3

L’usage du 49.3 est-il exclu ?

Nous ne le voulons pas.

Et vous ne le ferez pas ?

C’est à la Première ministre de le décider mais elle l’a redit, elle cherche des accords au-delà de la majorité. Nous sommes confiants.

Le temps parlementaire permet de sortir du pilonnage de notre seul projet pour regarder ce que proposent les oppositions. L’extrême droite n’était pas préparée. Elle a déposé assez peu d’amendements et elle est gênée, en réalité. Elle a un système qui creuse le déficit et n’a pas, par exemple, de dispositif sur la pénibilité.

L’extrême gauche nous fait croire, elle, qu’on peut arrêter de travailler à 60 ans : appliquer le programme de la Nupes c’est augmenter de 100 % l’impôt sur le revenu de tous les Français.

Je dis aux jeunes que bloquer un établissement scolaire ne peut pas se faire au nom de la solidarité

L’appel au blocage des lycées, des universités vous inquiète-t-il parallèlement ?

Je dis aux jeunes que bloquer un établissement scolaire ne peut pas se faire au nom de la solidarité. Nous défendons le système par répartition, qui est justement l’inverse du chacun pour soi. Que cette réforme, elle est justement faite pour leur garantir qu’ils auront une retraite dans le futur.

Fermer les mairies, ce n'est pas responsable

Que vous inspirent ces mairies qui ferment leurs portes ?

C’est de la “poloche”, encourager la fermeture d’un service public quand on est maire, ce n’est pas responsable, c’est aussi punir les usagers.

Je ne dis pas qu’il y a une seule solution possible, mais qu’en conscience et en l’assumant c’est celle que nous retenons

La colère s’exprime aussi dans les sondages. Même les retraités qui ne sont pas impactés par la réforme la trouvent injuste, avez-vous fait des erreurs de communication ?

Il est trop tôt pour regarder en arrière, mais je ne crois pas que les difficultés relayées soient le fait de la communication. Des Français sont fondamentalement opposés au fait de travailler progressivement plus longtemps. Je respecte cela. Je ne dis pas qu’il y a une seule solution possible, mais qu’en conscience et en l’assumant c’est celle que nous retenons.

Il n’y a jamais eu de réforme des retraites populaire. Mais les trois quarts des Français considèrent qu’il faut réformer le système des retraites.

Mais ils ne veulent pas de cette réforme-là…

Si vous interrogez la population pour savoir s’ils veulent baisser leurs salaires, les pensions, augmenter les impôts ou travailler plus longtemps, aucune solution ne trouve les faveurs d’une majorité de Français !

Olivier Dussopt reste en première ligne

Olivier Dussopt a annoncé qu’une infraction de favoritisme était retenue contre lui, restera-t-il l’un des ministres en première ligne sur la défense de cette réforme et cela posera-t-il ou pas la question de son maintien au gouvernement ?

La Première ministre réaffirme son soutien au ministre du Travail. Il reste en première ligne et est totalement à sa tâche.