Il y a eu les épisodes de forte chaleur et les grands incendies de l'été 2022 qui ont fortement marqué les esprits et fini d'éveiller les consciences sur le dérèglement climatique et la nécessité d'une transition dans les plus brefs délais.
« Le réchauffement climatique n'est plus une hypothèse, mais une réalité », pointe Claude Valade. Une réalité qui doit être considérée comme un élément constitutif de toute entreprise. Dans sa stratégie, donc, dans son approche des marchés, dans son organisation aussi. Une évidence pour certaines, une transition plus complexe pour d'autres, souvent davantage dans le comment faire plutôt que dans le pourquoi faire.
Car il faut désormais aller vite, les objectifs de décarbonation se situent à horizon 2030 (voire 2050), autant dire que c'est maintenant que tout se décide et surtout se met en place. Une transition qui insuffle le changement même dans le financement. Si certains investisseurs sont de plus en plus sensibles et exigeants envers les engagements « verts » d'une entreprise, quelle qu'elle soit, la transition fait aussi appel au financement et c'est cela que Claude Valade veut accompagner. « Nous avons deux leviers. Le premier est d'agir en tant, nous-même, qu'entreprise responsable, c'est-à-dire une entreprise engagée dans la vie de son territoire. Le second est d'accompagner nos clients, c'est-à-dire dans une dynamique d'épargne qui favorise la décarbonation de l'économie ».
Immobilier, mobilité : charité bien ordonnée...
Il faut donc d'abord donner l'exemple. Difficile de conseiller les TPE PME si l'on n'a pas soi-même opéré sa transition. « Nous avons un sujet bâtimentaire », indique notamment le président du directoire de la Caisse d'Epargne Côte d'Azur. L'établissement bancaire possède - outre ses 130 points de vente - deux sites administratifs - l'un à Nice, l'autre à Toulon. C'est ce dernier qui va être vendu et transformé en logements d'habitation, l'établissement bancaire investissant dans un nouveau bâtiment, labelisé BREAM Excellence, recouvert de panneaux solaires, comprenant également des ombrières et qui sera opérationnel en 2024-2025, accueillant services centraux et commerciaux. Soit « trois sites regroupés en un seul endroit », souligne Claude Valade, qui précise que l'opération mobilise « plusieurs millions d'euros ». En termes de gestion des bâtiments, il y aussi ce réseau centralisé de gestion des fluides pour permettre une meilleure efficience.
Autre sujet où les efforts de consommation énergétique peuvent être déployés avec effet immédiat, celui de la mobilité. Depuis fin 2021, plus aucun véhicule diesel ne figure dans le parc de la banque, laquelle a baissé celui-ci de 30%, « ce qui a été rendu possible par la mise en place du télétravail et grâce à d'autres modes de mobilité », se réjouit Claude Valade. « Nous allons également réduire la part du thermique. Le territoire est très concentré, nous devons pouvoir bénéficier de cela ».
Accompagner le verdissement des filières
Et puis il y a le levier clients. La dématérialisation était déjà un sujet adressé, notamment avec le système de signature électronique, par exemple. Aider à la décarbonation des entreprises c'est aussi mettre à disposition les moyens techniques et technologiques qui y aident. Mais il y a le volet financement. Devenu de moins en moins neutre, l'ensemble des acteurs du financement, de la startup aux entreprises matures, étant beaucoup plus attentifs aux critères ESG. Pour Claude Valade, le sujet commence déjà dans le fléchage de l'épargne. Un livret vert a été créé. Et l'objectif est que les « clients qui nous confient leur épargne sachent qu'ils contribuent à financer des projets verts. Nous avons un écosystème d'épargne qui fait que les particuliers sont aussi impliqués dans la transition énergétique ». La Caisse d'Epargne Côte d'Azur qui a pris une participation - à hauteur de 5% du capital - dans le SEML Green Energy 06, structure portée par le Département des Alpes-Maritimes, l'objectif étant d'aider au développement de projets d'énergies renouvelables des territoires, que cela soit des réseaux de chaleur, des installations hydroélectriques, des centrales photovoltaïques ou des stations biogaz. « Nous nous devons d'accompagner l'économie locale », répète Claude Valade. Et l'accompagner en finançant le verdissement des filières se fait aussi via la contribution à des fonds de private equity. Au total, 15 millions d'euros ont été investis dans 9 fonds qui « contribuent au verdissement de la viticulture ou du nautisme. Nous devons nous intéresser à tous les sujets ».
Création d'une direction dédiée
La participation de certaines structures du groupe BPCE à Cozyénergie, entreprise spécialiste de la rénovation énergétique, qui est aussi une plateforme digitale et qui accompagne à l'aide aux subventions, est le moyen de cibler plus précisément les particuliers dans leur démarche verte du quotidien. Où on en revient aussi à la mobilité, avec le prêt dédié aux véhicules électriques et une solution taillée sur mesure pour les pros, comprenant acquisition et solution de recharge « pour une solution qui soit complète », insiste Claude Valade. « Nous voulons être tiers de confiance et cela passe par une structuration », en interne aussi puisqu'une direction dédiée a été créée. La banque, une entreprise comme les autres...
