France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Nouvelles lettres retrouvées », de George Sand : « Je suis comme dans mes romans »

Un volume inédit complète la correspondance de l’autrice de « La Mare au diable ». Intelligence, humour, vivacité : un bonheur de lecture.

Article réservé aux abonnés

« Nouvelles lettres retrouvées », de George Sand, édité par Thierry Bodin, Le Passeur, 636 p., 22 €.

Les lettres d’affaires sont rarement captivantes. Mais lorsque George Sand (1804-1876) tient la plume, cela change tout. Pour preuve, ses savoureux échanges avec le jeune clerc de son avoué, qui figurent parmi les 404 Nouvelles lettres retrouvées présentées avec soin par Thierry Bodin.

En 1846, l’écrivaine, qui vient d’achever La Mare au diable, ­détaille ses revenus auprès de cet Edouard Bourdet : environ 25 000 francs par an. « Non pas 100 et 200 mille, comme mes glorieux confrères Sue, Dumas et Cie », glisse-t-elle, car « je ne sais point faire de coups de commerce, je ne peux me résigner à faire un travail lâché ». Au moins est-ce suffisant pour couvrir ses besoins. « J’ai toujours eu des charges énormes, une famille dans la misère, une escorte de mendiants de toute espèce, et j’ai réussi à sauver tout ce monde-là, en m’abstenant de toute fantaisie personnelle », poursuit Sand, première autrice française à gagner ainsi sa vie, et bien déterminée à continuer. « Tant que je ne serai pas à bout de ma cervelle, ce qui peut durer encore une dizaine d’années, promet-elle, je ­vivrai de mon travail. »

Puis elle bifurque et décrit à Bourdet l’Indre qui coule à Nohant : « Une baignoire de poche, mais elle est bien jolie, bien claire, courante, ombragée, avec des monticules de sable pour s’asseoir et fumer son cigare en voyant courir les goujons, des iris, des joncs et des demoiselles… » Des libellules, elle passe à elle-même : « Je n’ai jamais été demoiselle, j’ai toujours été garçon, c’est-à-dire bête, crédule et mystifié », écrit-elle. « Je suis comme dans mes romans, simple et niaise, mais bonne enfant et sans emphase ni détour », ajoute-t-elle dans un courrier ­suivant. Au passage, l’épouse ­séparée du baron Dudevant expose au jeune homme ses vues sur le mariage (« un contrat ­défectueux ») et lui prodigue des conseils conjugaux : « Faites une chose très neuve, très distinguée, très artiste, très avantageuse : aimez toujours votre femme, n’aimez qu’elle et ne lui faites ­jamais d’infidélité. »

Lire aussi (2018) : Article réservé à nos abonnés

Au fil de sa vie, George Sand a ­signé environ 40 000 lettres, déjà réunies en 27 volumes. Les nouvelles trouvailles réunies ici ­confirment l’intelligence, le style plein d’humour et la vivacité extrême de l’écrivaine, qui n’hésite jamais à braver les conventions. Au-delà des délicieux envois à son clerc, on la voit raconter en patois une querelle avec son mari, se désespérer de la situation politique, apprendre le latin à 45 ans, faire provision de bois, ou encore ­tenter de convaincre le comédien ­vedette Frédérick Lemaitre d’interpréter une de ses pièces. Le tout avec une imperturbable ­franchise : « J’ai assez l’habitude de rendre ma pensée et je n’en garde point une miette au fond de mon encrier. »

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.