France
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Olga Neuwirth : « Je suis contre le pouvoir »

Trois œuvres de la compositrice autrichienne, qui entretient depuis ses jeunes années une relation privilégiée avec la France, sont à l’affiche du Festival d’automne.

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Née en 1968 à Graz, en Autriche, Olga Neuwirth s’est très tôt distinguée dans le paysage contemporain par sa combativité. Elle a reçu cette année le prix Ernst von Siemens, équivalent du prix Nobel en musique.

Depuis 2004, vous êtes régulièrement programmée au Festival d’automne à Paris. Vous l’êtes également dans les concerts de l’Ensemble intercontemporain et votre dernière création, Dreydl, a eu lieu à Lyon en mai. Entretenez-vous une relation particulière avec la France ?

Quand j’ai fini mes études de composition à l’université de Vienne, je suis partie étudier avec Tristan Murail à l’Ircam, à Paris, en 1993-1994. Ce séjour fut très important pour moi, parce qu’en Autriche, on ne jouait pas de musique française. Par ailleurs, ma famille habitant près de la frontière avec l’Italie, j’ai grandi au contact de l’art italien. Cependant, la musique française et même l’art français dans son ensemble – en particulier la littérature – ont toujours été importants pour moi.

La création, en 2019, d’Orlando, votre opéra inspiré d’un roman de Virginia Woolf, n’a finalement abouti qu’après que Dominique Meyer, un Français, a été nommé à la direction de l’Opéra de Vienne…

C’est une longue histoire… Nous avions conçu avec l’écrivaine Elfriede Jelinek, avant que celle-ci reçoive le prix Nobel, un premier projet en réponse à une commande de 2002, la première passée par l’Opéra de Vienne à une compositrice. Sans doute pour donner l’illusion d’une ouverture, parce que je pense, avec le recul, que les commanditaires ne faisaient pas confiance à deux femmes. D’où l’annulation de la commande. Plus tard, bien avant de prendre la direction de l’Opéra de Vienne, Dominique Meyer est venu me voir pour me proposer d’écrire une pièce, sans davantage de précision. Je lui ai alors fait part de mes idées et, dès son entrée en fonctions, il m’a passé commande d’un nouvel opéra.

Le sujet d’Orlando paraît néanmoins tout aussi explosif que celui de Der Fall von W. (Le Cas W), qui a été in fine refusé par l’Opéra de Vienne. Vous êtes passée de l’histoire vraie d’un pédiatre pédophile à la biographie imaginaire d’un homme qui, en changeant d’époque, en vient à changer de sexe…

Oui, le sujet est explosif mais le texte de Virginia Woolf, écrit quelque 90 ans avant celui de Jelinek, fait partie de la littérature unanimement reconnue. Et il me permet aussi de travailler sur la mémoire.

Quel est votre souvenir musical le plus ancien ?

J’ai vraiment baigné du matin au soir dans le jazz que mon père écoutait ou pratiquait au piano. Et j’étais souvent assise derrière l’instrument, alors le phénomène de propagation des sons fut plus important pour moi que la musique elle-même. Mes souvenirs sont donc surtout liés à l’espace de la résonance. Autour de moi, il y avait beaucoup de partitions et de disques, mais j’aimais me réfugier derrière le piano comme dans une sorte de grotte…

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