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Olivier Dubois, otage depuis plus de 53 222 400 secondes

Cela fait vingt-deux mois, ce mercredi 8 février, que le journaliste Olivier Dubois est retenu en otage au Sahel. Vingt-deux mois ! On peine à mesurer dans nos vies surchargées ce que ce décompte représente. Mais prenons le temps, l’espace de quelques instants, d’y réfléchir, c’est important. Vingt-deux mois, cela fait 88 semaines, 616 jours, 14 784 heures, 887 040 minutes, 53 222 400 secondes. On sait, d’après les récits rapportés par de précédents otages, à quel point le temps s’écoule lentement en captivité. L’otage est souvent isolé, il ne sait plus où il se trouve précisément, ni depuis combien de temps il est coupé du monde. Il perçoit juste le lent décompte des secondes, cinquante-trois millions deux cent vingt-deux mille quatre cents secondes, donc, dans le cas d’Olivier Dubois, chacune d’elles lestée d’angoisse, de froid la nuit, de chaleur le jour, de faim peut-être. Et surtout du manque criant de ses proches, qui vivent et grandissent loin de lui, perdant chaque jour un peu plus le son de sa voix, sa façon de rire, son odeur, ses manies, l’intensité de sa présence, tout ce qui constitue un être et le fait vivre dans le souvenir des autres.

Le temps est impitoyable, il ne s’arrête pas, il ne se rattrape pas. On dit qu’il finit, peu à peu, par rendre plus supportable la perte d’un être aimé, qu’il apaise le chagrin, qu’il pousse à oublier. Mais, dans ce cas précis, c’est précisément l’inverse que nous demandons au temps. Plus il passe, moins nous avons le droit d’oublier Olivier Dubois. Nous savons aussi, par certain(e)s ex-otages, qu’il suffit parfois d’une télévision ou d’une radio allumée, d’un bout de journal qui traîne, pour que le prisonnier comprenne qu’il n’est pas seul, que certain(e)s se démènent pour le faire libérer, que sa famille, ses ami(e)s, ses collègues pensent à lui à chaque instant. Le recul de la présence française en Afrique de l’Ouest complique la donne, mais des situations qui semblaient tout aussi inextricables ont connu un dénouement heureux. Parce que les soutiens n’ont jamais lâché.

Pour soutenir et retrouver Olivier Dubois, il faut se battre contre le fatalisme et l’impuissance, individuellement et collectivement.