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“On essaye d’éviter les profils de mercenaires”

“On essaye d’éviter les profils de mercenaires”
Matthieu Mauferon, directeur de l’Ehpad de Montbron

Photo CL

publié le 2 octobre 2022 à 18h54.

Pour le directeur de l’Ehpad de Montbron, les Ehpad souffrent encore de leur réputation de mouroirs.

Javoue, j’ai de la chance ». À Montbron, Matthieu Mauferon, le directeur de l’Ehpad le Benetou en convient. Il fait figure de privilégié. Il y a quatre mois, une infirmière tout juste sortie de l’école est venue frapper...

Javoue, j’ai de la chance ». À Montbron, Matthieu Mauferon, le directeur de l’Ehpad le Benetou en convient. Il fait figure de privilégié. Il y a quatre mois, une infirmière tout juste sortie de l’école est venue frapper à sa porte avec l’envie de travailler dans l’établissement. Il y a un mois, une autre, expérimentée, a fait la même démarche. Motivées. Mais le directeur sait que l’équilibre peut être précaire. Il est « pleinement solidaire” de ses collègues. “On essaye de se serrer les coudes. Il existe une vraie solidarité entre les directeurs d’Ehpad de la Charente ».

Parce que Montbron a beau connaître le plein-emploi, six infirmières, vingt aides-soignantes et vingt-cinq agents des services hospitaliers (ASH) pour 101 résidents, « le risque, c’est l’arrêt maladie, l’accident. Ce serait la panade », reconnaît le directeur. « Le contexte est très compliqué, anxiogène pour tout le monde ». Une absence, « tout de suite, c’est la galère. Même les boîtes d’intérim n’ont plus personne à nous proposer ».

Pour conserver la tête hors de l’eau, Matthieu Mauferon compte un peu sur sa bonne étoile, beaucoup sur ses équipes et leur fidélité, « parce qu’il y a une vraie pénurie ». « Il y a des moments où l’on a eu chaud, reconnaît-il. Des maladies, des mises en disponibilité à remplacer. On a publié les annonces longtemps à l’avance. Au dernier moment, on a trouvé. C’était ric rac ». La représentation du secteur est certes « péjorative, mais on compte sur le bouche-à-oreille, sur notre réputation. Quand des personnes souhaitaient partir, elles ne l’ont pas fait en claquant la porte. Elles avaient des projets, on les a accompagnées, pour un changement de lieu d’exercice, un déménagement. On a pris le temps. Elles nous ont quittés lorsqu’on a réussi à recruter. Aussi parce qu’elles n’ont pas voulu mettre leurs collègues en difficulté ».

L’équilibre est fragile, mais  “on a ce sentiment d’appartenance, cet attachement aux résidents. C’est une question de mentalité, espère Matthieu Mauferon. C’est une question de respect, de valeurs, pas une mentalité de mercenaires. On essaye d’éviter ce genre de profils lors des recrutements. C’est aussi ce qui fait que l’on tient ».