S'il veut espérer battre Novak Djokovic dimanche en finale de l'Open d'Australie, Stefanos Tsitsipas devra s'appuyer sur quelques matchs références disputés ces dernières années face au Serbe.
Le ratio, certes, a de quoi décourager. Stefanos Tsitsipas n'a remporté que 16,7% de ses duels face à Novak Djokovic, c'est-à-dire deux matchs en douze confrontations. Surtout, le Serbe a gagné les neuf dernières. Pourtant, les raisons de croire à une victoire du Grec dimanche en finale de l'Open d'Australie existent. D'abord parce que ses deux seuls succès ont eu lieu sur dur, la surface favorite de son adversaire, et celle qui recouvre la Rod Laver Arena de Melbourne. Ensuite parce que certaines de ses défaites ont été très accrochées, en témoigne la dernière - et seule - finale de Grand Chelem entre les deux hommes, celle de Roland-Garros en 2021. Aux côtés de cette partie au scénario fou, quatre autres rencontres riches en enseignements méritent d'être décortiquées avant la finale de dimanche.
Roland-Garros 2021, finale : l'espoir terrassé
C'est sans aucun doute la confrontation la plus marquante entre les deux hommes. Très à l'aise sur la terre battue parisienne ce printemps-là, Tsitsipas dispute sa toute première finale en Grand Chelem. En face, Novak Djokovic s'est dégagé le chemin vers un 19e titre en Grand Chelem en éliminant le maître des lieux, Rafael Nadal, après un match d'anthologie. Pas dépassé par l'enjeu, le Grec livre un début de match plein de panache, ne retient pas ses coups, et remporte les deux premiers sets. Novak Djokovic s'autorise alors une pause fraîcheur en dehors du court. C'est le tournant du match. À son retour, le Serbe n'est plus le même joueur et ne fait qu'une bouchée de Tsitsipas. Score finale 6-7, 2-6, 6-3, 6-2, 6-4. En conférence de presse, le Grec s'étonne de cette métamorphose: «Je ne sais pas ce qu'il s'est passé là-bas… Quand il est revenu, il est soudain devenu un joueur différent.» C'est cette finale que Djokovic aurait «oubliée» il y a quelques jours devant les journalistes, affirmant que Tsitsipas «a déjà joué les derniers tours d'un Grand Chelem» mais «jamais une finale». «Je ne m'en souviens pas non plus», a répondu son adversaire ce vendredi. La finale de dimanche est lancée.
Toronto 2018, huitième de finale : la jeunesse insouciante
Le tout premier duel entre Tsitsipas et Djokovic avait tourné à l'avantage du cadet. Âgé de 20 ans et 21e au classement mondial, le Grec signe alors l'un des plus beaux exploits de sa jeune carrière, après avoir sorti l'Autrichien Dominic Thiem au tour précédent. Sans complexe face à un Djokovic en-dedans, il prend la première manche 6-3 avant de céder la deuxième au tie-break. Il breake le Serbe d'entrée dans la troisième manche et parvient à tenir. Score final 6-3, 6-7, 6-3. Le parcours magnifique du jeune homme ne s'arrête pas là. Il se défait en quart de finale d'Alexander Zverev, tête de série N.2 du tournoi à l'époque, puis de Kevin Anderson (N.4), avant de finalement perdre en finale contre Rafael Nadal. Dimanche à Melbourne, Stefanos Tsitsipas aurait tout intérêt à s'inspirer de ce succès précoce contre Djokovic, pour la simple et bonne raison qu'il était intervenu sur dur, une surface similaire à celle de l'Open d'Australie.
Roland-Garros 2020, demi-finale : la vaine rébellion
Un an avant la finale de 2021, le Grec et le Serbe s'étaient affrontés en demi-finale porte d'Auteuil. En cinq sets déjà, mais avec un scénario entièrement différent. Cette fois-là, le Serbe remporte aisément les deux premiers sets (6-3, 6-2) avant de manquer une balle de match dans le troisième puis de subir une jolie remontée du Grec. Celui-ci fait preuve de caractère et retrouve ses sensations au service, en coup droit et en revers. Il prend les deux manches suivantes (7-5, 6-4), mais y laisse des plumes. Le cinquième set est malheureusement sans suspense (6-1), Tsitsipas s'écroulant physiquement et mentalement, avec en prime un adducteur douloureux. 3h54 de jeu tout de même, qui probablement pèsent dans les jambes du Serbe au moment où celui-ci se fait démolir en finale par Rafael Nadal, 6-0, 6-2, 7-5.
Shanghaï 2019, quart de finale : le dernier triomphe
Un autre succès sur dur sur lequel peut s'appuyer le Grec. Mal parti dans ce match après la perte du premier set, il trouve les ressources pour renverser la situation et l'emporte en un peu plus de deux heures de jeu (3-6, 7-5, 6-3). Intraitable sur ses mises en jeu et opportuniste sur celles de Djokovic, Tsitsipas produit ce jour-là un tennis flamboyant et agressif, décochant un total de 34 coups gagnants. Son revers est étonnamment solide, et ses coups droits croisés dévastateurs. Âgé de 21 ans à l'époque, il signe un exploit dont peu de joueurs peuvent se vanter : battre Djokovic, Nadal et Federer au cours d'une même saison. En finale, il livre une belle bataille mais finit par s'incliner face à Daniil Medvedev.
Rome 2021, quart de finale : l'opportunité gâchée
Deux jours. C'est le temps qu'il a fallu à Novak Djokovic pour venir à bout de Stefanos Tsitsipas sur la terre romaine, en mai 2021. La faute à la pluie, qui a contraint les deux hommes à ne reprendre leur joute que le lendemain. Une interruption salvatrice pour le Serbe. Le déluge pour le Grec. Car avant cet événement perturbateur, ce dernier domine la rencontre de la tête et des épaules. Ses revers longs de ligne comme ses coups droits croisés mettent Djokovic très loin de la balle. Au moment où les deux hommes reviennent sur le court le lendemain, il mène un set zéro et a un break en poche dans la deuxième. Mais le Serbe se rebiffe, et son cri de rage au moment d'égaliser à 4-4 en dit long sur sa détermination. Il prend le deuxième set 7-5. Tsitsipas ne baisse pas les bras pour autant et breake dès le troisième jeu du troisième set, l'occasion pour Djokovic de détruire une raquette. Il debreake peu de temps après, mais Tsitsipas lui reprend son service à 4-4, soit au meilleur des moments. Le Grec sert pour le gain du match, mais craque, et perd deux fois sa mise en jeu pour finalement s'incliner 7-5. Cruel. Comme souvent.
