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« Panier anti-inflation » : tous les ingrédients d'une usine à gaz

Les contours du « panier anti-inflation », annoncé il y a près d'un mois, restent toujours bien imprécis. Seule certitude, il rassemblera une cinquantaine de produits essentiels du quotidien « vendus au meilleur rapport qualité prix », expliquait la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises et du Commerce, Olivia Grégoire, le 1er février dernier. Depuis, on n'en sait guère plus sur les produits concernés, leurs prix et les enseignes concernées. Seules deux ont pour l'instant rejoint l'initiative : Lidl et Système U.

Pourtant, le panier anti-inflation promis par l'exécutif est plus que jamais attendu par les ménages français alors que l'inflation de l'alimentation (hors produits frais) dépassait les 14% en janvier, selon l'Insee. D'autant que le « chèque alimentaire », promis par Emmanuel Macron fin 2020, a, lui, été définitivement abandonné.

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Une cinquantaine de produits encore inconnus

Le panier anti-inflation verra bien le jour début mars, a promis, ce mercredi, le cabinet d'Olivia Grégoire. Il contiendra donc une cinquantaine de produits du quotidien d'une famille avec enfants. Quant à savoir ce que seront précisément ces produits, impossible à dire précisément, puisque « le panier sera composé librement par les enseignes ». En effet, si le gouvernement va définir « les bases du panier » - par exemple « cinq fruits et légumes frais dont deux ou trois bio » - les distributeurs seront ensuite « libres d'adapter ce cadre à leur convenance ». On sait toutefois qu'il ne contiendra ni alcool, ni confiserie.

À charge donc pour le consommateur de comparer tous les produits des différents paniers proposés par les différentes enseignes pour trouver les moins chers et correspondant le mieux à leurs besoins. Les distributeurs devront, en effet, afficher en ligne et en rayon les articles concernés. Difficulté supplémentaire pour les clients : les produits en question pourront changer d'une semaine à l'autre.

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Des prix fixés par les enseignes

« Cinquante produits du quotidien, c'est la base, mais les distributeurs pourront en proposer plus s'ils le souhaitent », précise-t-on du côté de la ministre. Ils seront également libres quant aux prix des articles proposés. « Il ne s'agit pas d'un panier au rabais avec des produits vendus à prix cassés », indique, en effet, le cabinet de la ministre. « Les enseignes de distribution n'auront aucune obligation sur les niveaux de prix des articles concernés, bien au contraire. Chaque enseigne pourra le composer avec ce qu'elle estime être le meilleur rapport qualité prix », résume-t-on. Ainsi, impossible pour le gouvernement d'imposer que les articles soient vendus à prix coûtant, à l'instar de Système U qui a lancé, au début du mois, un panier de « 150 produits à prix coûtant pour une durée indéterminée ». De même, rien n'oblige de proposer uniquement des marques distributeurs dont le prix est généralement moins élevé que celui des autres marques.

Le gouvernement entend néanmoins leur imposer de supporter seul le poids des potentielles baisses de prix. Pas question de faire pression sur les fournisseurs, assure-t-il. Le panier « devra être financé par les enseignes et non pas par les industriels et agriculteurs. C'est une des conditions du cahier des charges », insistant sur le respect de la loi Egalim.

Un panier prévu seulement pour trois mois

« L'idée est d'assurer au consommateur que, sur certaines catégories, il va pouvoir s'y retrouver et que le prix ne va pas augmenter aussi vite que le reste des articles », résume-t-on du côté de la ministre.

Pendant combien de temps ? Le panier anti-inflation est, pour l'instant, prévu pour durer trois mois. « C'est une opération exceptionnelle qui répond à une situation exceptionnelle, » explique-t-on. Et pour cause, l'exécutif espère qu'en juin, l'inflation, y compris des produits alimentaires, aura considérablement diminué. L'Insee table d'ailleurs sur un plateau atteint au premier semestre 2023 avec un léger ralentissement de la hausse des prix entre janvier et juin, passant de 6% à 5%.

En outre, la mesure a surtout pour vocation de soutenir le porte-monnaie des Français face à la hausse des prix qui découlera, à partir de mars, des négociations annuelles commerciales entre distributeurs et fournisseurs actuellement en cours. « Nous connaissons les hausses de prix exigées par les industriels, elles sont de 20% à 30% », alertait, mi-janvier, le groupe Système U auprès de La Tribune. Elles devraient donc se traduire dans les rayons des enseignes.

Soucieux de rassurer quant aux bienfaits de cette initiative, le cabinet d'Olivia Grégoire se veut néanmoins confiant, misant sur l'intérêt des distributeurs à maintenir des prix bas. « À partir du moment où vous avez rendu visibles des produits dans ce panier, le consommateur y est habitué. Il ne semble pas dans l'intérêt des enseignes de réhausser leurs prix ». Et d'ajouter : « L'opération va permettre de maintenir les volumes, voire peut-être même de les augmenter, les distributeurs auront donc envie de maintenir cette opération, même si elle prend fin. »

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Une mesure qui séduit peu pour l'instant la grande distribution

Encore faut-il qu'ils jouent le jeu. Pour l'instant, seuls Système U et Lidl ont déjà mis en place un panier anti-inflation. Sans préciser quelles seraient les autres enseignes intéressées, le cabinet de la ministre des PME et du Commerce assure être « en discussion avec l'intégralité » des enseignes et qu'aucune n'a indiqué ne pas vouloir mettre en place la mesure.

Convaincu, il cite en exemple la signature début décembre d'un pacte de négociations commerciales entre des fédérations professionnelles de fournisseurs et les représentants de la grande distribution assurant « à toutes les PME qui négocieront avec les centrales d'achat des enseignes signataires que celles-ci ne négocieront pas, dans leurs prix d'achat, les hausses de prix demandées du fait de la hausse des coûts de l'énergie, dès lors que ces hausses seront effectivement documentées ». « Les enseignes ont déjà fait preuve de responsabilité vis-à-vis de leurs fournisseurs, on leur demande maintenant de le faire vis-à-vis de leurs consommateurs », résume-t-on.

Reste à savoir lesquelles répondront à l'appel.