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Panneaux solaires : un site de réemploi unique en Europe ouvre en Gironde

Pas moins de 250 personnes attendues. L'éco-organisme Soren et l'entreprise de l'économie sociale et solidaire, Envie 2E Aquitaine, ont vu les choses en grand pour l'inauguration du centre de recyclage de modules photovoltaïques, ce mardi 27 septembre, à Saint-Loubès en Gironde. Il faut dire que "cette nouvelle usine est unique en Europe et novatrice à deux niveaux", a insisté Frédéric Seguin, directeur général d'Envie 2E Aquitaine en charge du centre de traitement des panneaux dans le cadre d'un appel d'offres lancé par Soren. Contrairement à des usines qui recyclent les panneaux par broyage, celle de Saint-Loubès, qui sera mise en service dans un mois, utilisera le procédé de délamination par lame chaude. Le site dispose également de la première ligne de réemploi et de réutilisation en Europe.

5 % des panneaux remis en service

"Notre credo initial chez Envie, c'est de prolonger la durée de vie des appareils", rappelle Frédéric Seguin. Le centre de traitement dispose donc ici d'une ligne de test pour évaluer un panneau en fin de vie mais encore en bon état. Cette première étape permet de d'évaluer l'état général du panneau. S'il ne passe pas, il est envoyé au démantèlement. Sinon, il passe à l'étape du flash test qui permet d'afficher la courbe de puissance du panneau. "Selon un seuil qui reste à définir, le panneau pourra être remis en vente", explique Frédéric Seguin. Le réemploi devrait concerner autour de 5 % des panneaux traités à Saint-Loubès.

La ligne de test des panneaux photovoltaïques pour connaitre leur puissance (crédits : Agence APPA).

Une plaque de verre intacte

Ceux qui ne seront pas réemployables partiront, quant à eux, dans deux autres circuits. Les panneaux cassés seront envoyés chez un partenaire d'Envie tandis que les autres passeront par la délamineuse à Saint-Loubès, cette fameuse machine récemment importée du Japon qui permet de découper le panneau photovoltaïque et de faire ressortir intacte la plaque de verre présente à l'intérieur.

"Cette plaque de verre pourra être réutilisée pour la fabrication de fenêtres notamment. Nous travaillons sur un cahier des charges avec Saint-Gobain", confie Frédéric Seguin. Mais d'autres matières retirées seront réutilisées, en l'occurrence l'argent, le silicium, le cuivre et l'aluminium. "C'est toute la filière du photovoltaïque qui prend ici une longueur d'avance", assure Frédéric Seguin.

La machine de délamination par lame chaude, fabriquée au Japon (crédits : Agence APPA).

De l'ère du pétrole à l'ère des métaux

Même enthousiasme du côté de Nicolas Defrenne, directeur général de l'éco-organisme Soren agréé par les pouvoirs publics pour la collecte et le traitement des panneaux en France et détenu par huit entités (société, syndicat, association). Il met en avant une installation en adéquation avec la vision de Soren :

"Nous inaugurons une unité de traitement qui va enfin nous permettre de travailler sur une valorisation de 100 % de la valeur entrante. Je m'explique : aujourd'hui, avec le broyage, nous ne valorisons pas très bien le silicium et l'argent notamment qui représentent 60 % de la valeur matière entrante d'un panneau neuf. L'argent, indispensable à la transition écologique, c'est 0,08 % du poids du panneau et 20 % de sa valeur. Je pense, en ce qui me concerne, que nous allons passer de l'ère du pétrole à l'ère des métaux, et avec cette unité nous rentrons dans ce nouveau paradigme. Une étude de l'Agence internationale de l'énergie montre qu'à horizon 2050, 80 % des besoins d'argent pour la transition énergétique pourront être fournis par le recyclage. Mais ce ne sera vrai que si nous mettons en service des unités comme celle de Saint-Loubès avec une forte valeur ajoutée !"

L'essor d'une économie circulaire locale accentue la démondialisation du recyclage

Si l'usine de Saint-Loubès est une première, Nicolas Defrenne envisage l'implantation d'unités de ce type dans d'autres régions. Car si 20.000 tonnes de panneaux photovoltaïques usagés ont été collectées depuis 2015, "c'est encore dérisoire par rapport aux volumes attendus", selon Xavier Daval, président de la commission solaire du Syndicat des énergies renouvelables. "On estime à 1,245 million de tonnes le parc de panneaux actuellement installé sur le territoire national. 150.000 tonnes de panneaux vont devoir être traités d'ici à 2030", a-t-il déclaré.

Deux millions d'euros investis

En attendant, deux millions d'euros ont été investis dans l'usine de traitement de Saint-Loubès, financée en majorité par Envie sur emprunts et fonds propres, aidée par la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 400.000 euros, de l'Ademe (100.000 euros) et de l'Etat (100.000 euros).

Ce centre aura la particularité d'employer 25 personnes dont 24 femmes, et parmi elles des femmes en insertion. "Nous avons privilégié les femmes qui dans l'insertion se voient souvent proposer des postes dans le ménage. Ici, un panneau, pèse 18 kilos mais des engins de levage ont été installés", assure Frédéric Seguin.

Le site de Saint-Loubès est le troisième grand centre de recyclage de panneaux photovoltaïques construit en France après celui de Haluin (Nord), toujours opérationnel, et de Rousset (Bouches-du-Rhône), lancé par Veolia en 2018 et fermé depuis quelques mois.

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