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Patois charentais : Maît’Piârre remet les pendules à l’heure

Le Charentais disposait de nombreux adverbes de temps permettant de...

Le Charentais disposait de nombreux adverbes de temps permettant de traduire les notions de proximité immédiate ou relative. J’en ai choisi deux : « asteur » et « aneut ». D’abord, « Asteur ». C’est un mot de vieux français, une déformation de « à cette heure ». On le retrouve chez Montaigne, chez Brantôme et chez Burgaud des Marets. Ce dernier dit avoir entendu « astour » du côté de Jarnac. Au Canada, le mot est également employé.

On peut le traduire par « maintenant ». Asteur que t’é rendu, jh’alont manjhé ine goulée et bouère in cot : maintenant que tu es arrivé, nous allons manger un morceau et boire un coup (une goulée, c’est une grosse bouchée pour emplir la goule, la bouche). Avour est équivalent d’asteur. On le trouve dans le Manuscrit de Pons : avour qu’ol est fait (maintenant que c’est fait). Mais Burgaud et Goulebenéze l’utilisent en ce sens.

À signaler qu’avour est également adverbe de lieu. Avour (ou vour ou lavour) la bique ét-attachée, o faut qu’a broute : là où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute.

Le deuxième mot est « aneut ». Il est très ancien qui signifie « aujourd’hui ». C’est étonnant puisque la « neut », en patois charentais, c’est la nuit. Plusieurs savants, dont Georges Musset, auteur du glossaire des patois et des parlers de l’Aunis et de la Saintonge, et Raymond Doussinet, auteur de plusieurs ouvrages sur la langue saintongeaise, font remonter ce mot aux Celtes, qui avaient l’habitude de compter le temps en nuits et non en jours.

Aneut, o-l’é le 27, la fouère de Rouillat, éboujhe-te, ma boune : aujourd’hui c’est le 27, la foire de Rouillac, presse toi mon amie. Et l’amie répond : et si t’é si pressé, pars don, et de rang (et si tu es si pressé, pars tout de suite). Rappelons que la foire de Rouillac a lieu le 27 de chaque mois.

A la place d’aneut, on trouve parfois « anuit » avec le même sens. Goulebenéze, dans sa chanson « Lettre à ma belle-mère », écrit : Pusqu’o l’est anuit l’promier d’l’an, Jhe pense à vous ma boun’bell’-mère (puisque c’est aujourd’hui le premier de l’an, je pense à vous, ma bonne belle-mère).

Il y avait autrefois l’heure ancienne, ou heure daû soulail (du soleil) et l’heure nouvelle, ou heure légale. De nos jours, c’est l’heure d’été et l’heure d’hiver. Il y a une heure de différence entre les deux, sauf dans notre région, où la différence est d’une heure et quart : il ne faut pas oublier le quart d’heure charentais !