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Patrick Artus : « L’Europe assumera-t-elle de passer à une économie de guerre ? »

auteur

Patrick Artus

le Cercle des Economistes, économiste à Natixis

Lutter contre l’inflation par la hausse des taux d’intérêt revient à renoncer à des investissements nécessaires, notamment dans la transition énergétique, observe l’économiste dans sa chronique. L’autre option implique des dépenses élevées et une taxation fiscale plus forte.

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Les Etats-Unis ne considèrent absolument pas qu’ils sont en économie de guerre. Au contraire, ils ont mis en place une politique économique d’austérité plutôt traditionnelle : le déficit public a diminué de 8 points entre 2022 et 2021, passant de 12 % à 4 % du produit intérieur brut (PIB), et il n’augmentera pas en 2023 ; la Réserve fédérale (Fed, banque centrale) va augmenter ses taux directeurs au moins jusqu’à 5 %, et plus si cela est nécessaire pour casser l’inflation ; le taux de change du dollar par rapport à l’euro s’est apprécié de 15 % au cours de l’année 2022.

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La politique économique américaine privilégie donc la lutte contre l’inflation, probablement au prix d’une montée du chômage : on s’attend à ce que le taux de demandeurs d’emploi dépasse le taux de chômage structurel pour que l’inflation sous-jacente recule, c’est-à-dire qu’il passe de 3,5 % à au moins 5 %, avant de desserrer la politique monétaire au fur et à mesure de la désinflation. Le point crucial de cette politique est que, puisque les deux politiques budgétaire et monétaire sont restrictives, les taux d’intérêt n’ont pas à monter considérablement.

Au Royaume-Uni, le gouvernement de Rishi Sunak vient également de décider, après les hésitations de sa prédécesseure Liz Truss, d’une politique budgétaire et monétaire restrictive, sur le modèle de la politique économique des Etats-Unis.

Dépenses publiques utiles

Et la zone euro ? Doit-elle adopter à son tour une politique économique restrictive ? Le mandat de la Banque centrale européenne (BCE) la pousse dans ce sens. L’inflation est passée au-dessus de 10 % (10,7 % en octobre 2022), mais, plus inquiétant, l’inflation sous-jacente (hors prix des matières premières, c’est-à-dire en gros l’inflation salariale) atteint désormais 6 %, ce qui pourrait guider l’institution vers des taux d’intérêt semblables à ceux de la Fed (5 % au moins).

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Mais une telle hausse des taux d’intérêt serait très dommageable pour la zone euro, dont le besoin d’investissements est considérable : pour assurer la transition énergétique (l’équivalent d’au moins 4 % du PIB, dont seulement la moitié est actuellement financée), pour rattraper son retard de recherche-développement (plus de 1 point de PIB pour atteindre le niveau des Etats-Unis), pour investir dans la santé et l’éducation. On peut estimer qu’il manque environ 4 points de PIB de dépenses publiques pour honorer ces dépenses nécessaires au-delà de ce qui est déjà engagé.

Par ailleurs, le déficit public primaire (hors intérêts sur la dette) de la zone euro s’élèvera à peu près à 2 % du PIB en 2022. Cela implique qu’une politique monétaire restrictive qui respecterait la contrainte de solvabilité budgétaire conduirait à réduire le déficit public structurel de 2 points de PIB, et par conséquent à renoncer à accroître des dépenses publiques pour l’essentiel très utiles.

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