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Pays-Bas - Argentine : Le génie de Bergkamp, l’impuissance d’Ayala… Le souvenir du Vélodrome 98 remonte à la surface

Personne n’y pipe un mot à part les germanophones, pourtant, nombreux sont ceux à les connaître par cœur, comme un tube planétaire chanté en espéranto. Les commentaires du légendaire Jack van Gelder résonnent encore dans le crâne des passionnés, 24 ans après l’œuvre d’art peinte par Dennis Bergkamp au Vélodrome en quarts de finale de Coupe du monde 1998, face à l’Argentine. Un but simplement qualifié de « super moment pour le pays » par Memphis Depay en conférence de veille de revanche, jeudi. Limite ingrat. L'ancien Lyonnais doit probablement être du genre à lâcher un « mouais, bof » en posant ses yeux sur le plafond de la chapelle Sixtine.

Rendons-nous à l'évidence. Personne n'a su mieux sublimer l’ouverture de De Boer, le contrôle de l’attaquant, le naufrage d’Ayala et la finition magistrale que le Thierry Rolland de la Nos. Si bien qu’aujourd’hui, le son est indissociable de l’image. Il paraît qu’un texte ne s’écoute pas. On fait le test ? En VO : « Frank de Boer speelt de bal, heel goed, naar Dennis Bergkamp, Dennis Bergkamp, Dennis Bergkamp neemt de bal aan ! DENNIS BERGKAMP ! DENNIS BERGKAMP !! DENNIS BERGKAMP !!!

Van Gelder aux commentaires à la Cruyff Arena devant 30.000 personnes

A 72 ans, Jack van Gelder est une rockstar. Il reçoit des demandes interviews à la pelle et la légende veut qu’il en ait refusé une centaine. La voix d'Argentine-Pays-Bas 98 ne commente plus comme avant. Mais il va reprendre du service à l’occasion du 6e volet mondial de la rivalité argentino-néerlandaise. Un come-back sur scène, à la Cruyff Arena d’Amsterdam, où jusqu’à 30.000 personnes assisteront au match sur les écrans du stade. Comptez de 15 à 300 euros – un tarif qui inclut une tablée de huit personnes – pour assister à l’événement commenté par van Gelder.

Dennis Bergkamp lui, ne rejouera pas son but sur la pelouse de son ancien club. Mais il le pourrait, tant les souvenirs lui sont restés intacts, au point de n’avoir jamais vraiment eu à la revoir. « C’est toujours dans mon esprit, je sais exactement comment ça s’est passé. » Le Hollandais non-volant a raconté maintes et maintes fois ce but qu’il considère comme le plus beau de sa carrière – oui, devant celui de Newcastle - pour sa portée esthétique et son importance.

« D’abord, raconte-t-il à FourFourTwo, il y a un contact visuel avec Frank de Boer. Il va m’envoyer le ballon. Puis tu sprintes, tu t’éloignes du défenseur. Le ballon passe par-dessus mon épaule. Je cours en ligne droite et saute pour contrôler le ballon. La deuxième touche m’oriente vers l’intérieur, pour m’assurer d’effacer [Roberto] Ayala et obtenir un meilleur angle de tir. Je vise le deuxième poteau. Après la deuxième touche, je sais que ça ne peut pas mal tourner. Aucune chance ! »

Le poteau de Batistuta, Gignac avant l’heure

Il est frappant de constater que les souvenirs de sa victime sont aussi restés intacts. Roberto Ayala, défenseur central singulier – 1m77, pas une armoire à glace – était l’un des meilleurs de sa génération. Le résumer à ce duel au pistolet perdu face à un génie serait une offense en son nom. Pourtant, lui-même semble faire une fixette sur 1998, après quoi il n’a pas toujours été simple de digérer les critiques. Il y a deux ans, le désormais adjoint de Lionel Scaloni parlait encore avec amertume de cet épisode.

« Je l’ai vu plusieurs fois et je n’arrive toujours pas à trouver mon erreur dans ce mouvement, analysait-il pour 90min Espagne. Je ne me suis pas trompé. Il y a un contrôle incroyable de sa part. Quand il a ramené le ballon, j’ai cru que j’allais l’avoir avec mon pied, puis j’essaie de me rattraper. Ensuite, je n’ai aucune chance de balayer avec l’autre jambe car l’arbitre aurait sifflé penalty. La seule erreur que je reconnais, c’est que j’étais mal placé au départ. Si j’étais sous un meilleur profil, j’aurais pu lui disputer le ballon sans problème. »

Ayala n’est pas seul dans sa peine. A l’autre bout du terrain, Gabriel Batistuta venait d’allumer le poteau d’Edwin van der Sar sur un contre rondement mené par Juan Sebastian Veron – toute ressemblance avec une certaine défaite des Bleus est fortuite. Gabigol, cité par le Mirror :  « C’était douloureux. Mais peu importe la douleur que j’ai ressentie, c’était un beau but. La façon dont Frank l’a lancé, puis le contrôle de Dennis et la finition… incroyable. »

Inoubliable, même, au point de reléguer les deux Argentine-Pays-Bas suivant dans l’ombre de 1998. Le 0-0 en phase de groupes en 2006 est complètement passé sous les radars, et la séance de tirs au but remportée par l’Albiceleste au Brésil est loin d’appartenir à la légende. Vendredi, les deux équipes auront une nouvelle occasion de se défaire du souvenir de Dennis Bergkamp. Et les commentateurs de faire oublier Jack van Gelder. « C'est pour ça qu'on joue, a déclaré Van Gaal en conférence de presse. Pour ces moments décisifs dont on se souviendra. Comme celui de Dennis, qui restera à n'en pas douter dans les mémoires. » Y compris celle de Roberto Ayala.