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Pénis : comment les rapports sexuels influencent le microbiote de l'urètre

10% du microbiote présent dans l'urètre pénien est modifié par ses rapports sexuels, en particulier par les pénétrations vaginales, rapporte une étude publiée dans Cell Reports Medicine. Ce microbiote pourrait être la source de certaines vaginoses bactériennes, des infections causées par un déséquilibre du microbiote vaginal.

"La plupart des femmes atteintes d'une infection sexuellement transmissible (IST) se disent hétérosexuelles et ont contracté leur IST auprès d'un partenaire masculin", affirme le Dr Stephen Jordan, infectiologue à l'Indiana University School of Medicine (Etats-Unis) et co-auteur de ces nouveaux travaux. Or, très peu de choses sont connues sur le microbiote pénien sain, dont les chercheurs ne savaient jusque-là pas s'ils étaient susceptibles de causer des IST chez leurs partenaires.

Des microbiotes distincts dans les urètres péniens

C'est en réalité non pas un mais deux microbiotes distincts que les chercheurs découvrent en analysant 110 prélèvements de microbiotes péniens sains. Tous deux découverts dans les deux premiers centimètres de l'urètre – pas plus avant en raison de la technique de prélèvement, douloureuse -, les microbiotes UT1 et UT2 sont très distincts. Des analyses statistiques complexes ont révélé qu'UT1, relativement homogène et présent en faible quantité, était composé de bactéries aérobies (amatrices d'oxygènes). Il est donc probablement situé plutôt vers l'extrémité du pénis, où les niveaux d'oxygène sont plus élevés, en déduit Evelyn Toh, microbiologiste et immunologiste à l'Indiana University School of Medicine et première auteure de l'étude.

En revanche, le microbiote UT2, plus hétérogène et fourni, est composé de bactéries anaérobies, c'est-à-dire qui se développent mal en présence d'oxygène. Par conséquent, il est probable qu'il se trouve plus profondément dans l'urètre, où il y a beaucoup moins d'oxygène, quoique toujours dans les deux premiers centimètres couverts par le prélèvement, précise Evelyn Toh. L'équipe fait alors une découverte importante. "Les organismes UT2 sont couramment trouvés chez les femmes atteintes de vaginose bactérienne, ce qui suggère qu'ils se propagent chez les hommes en bonne santé à partir de leurs partenaires féminines", explique Stephen Jordan.

Les comportements sexuels expliquent 10% des variations du microbiote de l'urètre pénien

Et en effet, les chercheurs relèvent que la composition des microbiotes des urètres péniens est visiblement influencée par les relations sexuelles, relèvent les scientifiques. "Les comportements sexuels au cours des 60 derniers jours expliquaient environ 10% de la variation totale de la composition du microbiome de l'urètre pénien", résume le bio-informaticien Qunfeng Dong, qui a co-dirigé l'étude. Ces comportements sexuels comprennent les rapports sexuels vaginaux, oraux et rectaux ainsi que leurs combinaisons, ajoute-t-il, bien que les rapports vaginaux soient les seuls à montrer une influence statistiquement significative. "Sur ces 10 % de variations, les rapports sexuels vaginaux en représentent 4,26%", précise Qunfeng Dong.

Et si la vaginose était une IST, transmissible via un homme sain ?

L'impact est durable, puisque l'influence du microbiote vaginal était détectable au moins 60 jours après le rapport. "Actuellement, la vaginose bactérienne n'est pas considérée comme une IST, mais notre étude suggère qu'elle pourrait l'être", conclut Stephen Jordan. "Les hommes en bonne santé sont colonisés durablement par ces organismes et qu'il est probable qu'ils puissent être transmis à leurs partenaires féminines et causer la vaginose bactérienne." Une hypothèse qu'ils espèrent valider dans de prochaines études en examinant également le microbiote des partenaires féminines.