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Pétrole: l'administration Biden étudie une interdiction des exportations d'essence

La Maison Blanche a demandé au ministère de l'Energie américain d'analyser si l'interdiction des exportations d'essence, de Diesel et d'autres produits raffinés pourrait faire baisser les prix aux Etats-Unis. Une hypothèse de travail protectionniste qui visiblement gagne du terrain chez de nombreux responsables dans l'administration Biden, selon des informations des agences Bloomberg et Reuters.

Vers une forte réduction de l'offre de l'Opep+

Cette demande de la Maison Blanche intervient après une réunion tendue entre de hauts responsables de l'administration Biden et des dirigeants de l'industrie pétrolière. Alors que l'Opep+ pourrait annoncer une réduction de son offre ce jour - la rumeur du marché avançant désormais le volume de 2 millions de barils par jour (mb/j) -, le président Joe Biden et le parti démocrate redoutent qu'une envolée des prix de l'essence aux Etats-Unis les pénalisent lors des élections de mi-mandat qui se tiendront dans quatre semaines.

Plus précisément, l'hypothèse de travail vise une interdiction d'importation de 30 à 60 jours, et ses effets sur les prix locaux, selon un participant cité par Bloomberg. Une telle mesure, inédite, chez le premier consommateur mondial d'essence n'est pas sans risques. Mais la perte de la fragile majorité démocrate au Sénat et à la Chambre est un risque politique que veut réduire le président.

Ce mercredi, sur les marchés à terme, le prix de l'essence évoluait autour de 2,67 dollars le gallon, en baisse de 1,38%. Mais en un mois, il s'est apprécié de près de 12% en une semaine. L'appréciation du prix de l'essence alimente également l'inflation qui est au plus haut depuis 40 ans aux Etats-Unis.

Critiques du secteur pétrolier américain

En revanche, une telle proposition est critiquée par les producteurs de pétrole et les spécialistes de l'énergie. Ils soulignent qu'elle pourrait finalement avoir l'effet contraire, en augmentant les prix pour les consommateurs, et perturberait les marchés internationaux, en privant notamment les pays européens des exportations en provenance des Etats-Unis, avec le risque de devoir continuer à importer des produits raffinés en provenance de la Russie.

Cette réflexion sur les exportations du premier producteur mondial de pétrole - 18 mb/j en moyenne en 2022 selon les projections de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) - n'est pas nouvelle dans l'administration Biden, mais jusqu'alors elle portait sur une limitation et non pas une interdiction.

Les responsables de l'American Petroleum Institute et de l'American Fuel & Petrochemical Manufacturers, les organisations qui représentent les intérêts du secteur privé, mettent en garde dans une lettre adressée à la secrétaire à l'Énergie Jennifer Granholm qu'« interdire ou limiter l'exportation de produits raffinés réduirait probablement les niveaux des stocks, réduirait la capacité de raffinage nationale, exercerait une pression à la hausse sur les prix du carburant à la consommation et aliénerait les alliés américains en temps de guerre. »

L'administration Biden examine « tous les outils disponibles » pour protéger les consommateurs américains et remplir ses engagements envers les alliés du pays, a déclaré un porte-parole du département de l'Énergie en réponse à la lettre de l'API et de l'AFPM.

« La guerre de Poutine en Ukraine a perturbé les marchés de l'énergie et au lieu d'afficher la volonté de garantir que le consommateur américain et nos alliés disposent d'un approvisionnement fiable à un prix équitable, les sociétés énergétiques engrangent des bénéfices record alors que nos stocks sont à des niveaux historiquement bas », a rétorqué le porte-parole du département de l'Energie.

Aujourd'hui, les risques de pénurie de carburant domestique sont particulièrement aigus sur la côte Est, qui dépend des importations. Les capacités limitées des pipelines et des tankers battant pavillon américain capables de transporter de l'essence et du diesel de la côte du Golfe vers la Nouvelle-Angleterre signifient que la région dépend des carburants importés, ont rappelé les compagnies pétrolières. Et avec moins de carburants américains sur le marché mondial, le prix de ces importations pourrait également augmenter, ont-ils averti.