France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Pétrole : les prix du baril tombent à leur plus bas niveau depuis plus de 11 mois

Au plus bas depuis janvier 2022, le prix du baril de Brent évoluait légèrement autour des 80,6 dollars ce lundi à la mi-journée, se dépréciant de quelque 3,6%. Sur un mois, il a reculé d'environ de 13,2% mais reste supérieur de 10,6% à son prix d'il y a un an.

Quant au WTI, la référence aux Etats-Unis, le prix du baril est au plus bas depuis la fin décembre, perdant plus de 3,6%, à 73,55 dollars (voir graphique). Sur un mois, la dépréciation s'élève à 13,89%, mais le prix reste 5,3% supérieur à celui d'il y a un an.

-

-

« L'indice de référence du pétrole américain est en baisse pour la troisième semaine consécutive, alors que la Chine continue de se débattre avec l'augmentation des cas de Covid, alimentant les craintes que les autorités n'adoptent des restrictions de mouvement plus larges qui pourraient nuire à la demande d'énergie dans le premier importateur mondial de brut », note John Plassard, économiste chez Mirabaud.

Depuis dimanche, des centaines de personnes manifestent dans plusieurs villes chinoises pour dénoncer les restrictions sanitaires draconiennes et réclamer davantage de libertés politiques, une rare démonstration d'hostilité envers le régime du président Xi Jinping, a constaté l'AFP. « Les manifestations contre la politique "zéro Covid" sont à double tranchant. Si elles s'étendent davantage, ce sera un facteur négatif (pour les marchés, NDLR), mais si la politique change cela deviendra un facteur positif », souligne Shoji Hirakawa du Tokai Tokyo Research Institute, cité par l'agence Bloomberg.

La Chine, acteur majeur du marché pétrolier

La demande pétrolière chinoise est un facteur majeur d'influence du marché de l'or noir. En 2021, le pays a importé 12,72 mb/j, soit 19% des importations mondiales, ce qui fait de lui le premier importateur mondial, selon le BP Statistical Review. Il a consommé 15,4 mb/j, soit 16,4% de la consommation mondiale. En 2022, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) évalue d'ores et déjà la baisse de sa consommation à 400.000 b/j.

En attendant de savoir si le gouvernement chinois envisage d'assouplir sa politique « zéro Covid », les marchés vont se concentrer dans les prochains jours sur plusieurs événements. Il y a d'abord la réunion de l'Opep+ le 4 décembre.

La semaine dernière, le Wall Street Journal avait fait état d'une hausse de 500.000 b/j, une information aussitôt rigoureusement démentie par l'Arabie saoudite. Néanmoins,, au sein de l'Opep, les Émirats arabes unis ainsi que l'Irak veulent augmenter leurs capacités de production pour pouvoir vendre plus, notamment en raison du pic de la demande pétrolière mondiale qui se profile dans les prochaines années, avec l'accélération du développement des énergies renouvelables. Or, un tel débat est délicat dans le contexte de la guerre en Ukraine et des sanctions imposées à la Russie. Une discussion sur une révision des quotas attribué à chaque pays est de nature à diviser même si ce débat est annoncé depuis des mois, justifié par l'impossibilité de nombreux membres à produire suffisamment. Résultat, il y a une déconnexion entre le quota théorique affiché et la production réelle. Ainsi, en octobre, cette différence s'élevait à 3,33 mb/j.

A la recherche du prix plafonné du baril de brut russe importé

Le lendemain de la réunion de l'Opep+ entrera en vigueur l'embargo européen sur les importations pétrolières russes ainsi que l'imposition d'un prix plafonné pour celles-ci hors Europe, Royaume-uni et Etats-Unis, dans le cadre de l'application de l'accord du G7. Or cette dernière mesure pourrait être plus délicate à mettre en place, après l'échec des pays européens à  se mettre d'accord sur le niveau de ce prix plafond, qui selon les pays varient de 30 à 70 dollars. La Pologne, soutenue par la Lituanie et l'Estonie, proposait 30 dollars le baril, justifié par les coûts de production en Russie, qui tournent autour de 20 dollars le baril. La fourchette proposée par le G7 permettrait à Moscou de continuer à engranger d'importants revenus. D'autre pays en revanche défendaient cette fourchette. Chypre, la Grèce et Malte, qui ont une importante flotte de tankers, redoutent d'importantes parts de marché de transport maritime, les futurs chargements se tournant vers des cargos battant pavillon libyen ou panaméen.

Samedi, le président ukrainien s'est invité dans le débat. « La limite envisagée aujourd'hui - environ 60 dollars - me semble artificielle », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. Volodimir Zelensky ne cesse de pousser les alliés à imposer des sanctions plus sévères, de tous types, contre la Russie. « Nous aimerions que les sanctions soient très efficaces dans cette lutte, de sorte que la limite se situe au niveau de 30 à 40 dollars, afin que la Russie les ressente », a-t-il argumenté.

Les Etats-Unis assouplissent les sanctions sur le Venezuela

Les Etats-Unis, qui ne veulent pas d'une nouvelle envolée des prix du brut et des produits raffinés qui alimente une inflation qui commence à ralentir, comptent sur un plafonnement compris entre 60 et 70 dollars pour que le brut russe continue à alimenter le marché mondial. Ils s'activent par ailleurs en assouplissant les sanctions à l'égard du Venezuela, après leur échec à convaincre l'Arabie Saoudite d'augmenter son offre, et le blocage sur le dossier du nucléaire iranien. Ainsi, après la reprise des négociations entre le gouvernement de Nicolas Maduro et l'opposition menée par Juan Gaido, la major américaine Chevron a été autorisée à reprendre son exploitation dans le pays sud-américain, dans le cadre de sa joint-venture avec la compagnie publique PDVSA, mais, précise le document du Trésor, ce pétrole ne pourra être exporté exclusivement qu'aux Etats-Unis. Avant l'imposition de sanctions à la république bolivarienne, Chevron y pompait 200.000 b/j. Ce retour de la major devrait permettre au pays d'augmenter sa production qui n'est pas soumise à quota dans le cadre du partenariat Opep+. Il y en a grand besoin. En 2012, le Venezuela produisait 2,7 mb/j. octobre dernier, il n'en pompait à peine plus d'un quart (710.000 b/j), et la capacité actuelle de PDVSA, plombée par le manque d'investissement et la mise à niveau technique, n'est plus que de 800.000 b/j, selon l'AIE, alors que le sol venezuelien recèle des plus importantes réserves mondiales d'or noir.

(avec agences)