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Pétrole russe: que va changer le plafonnement du prix approuvé par les Occidentaux ?

Pétrole russe: que va changer le plafonnement du prix approuvé par les Occidentaux ?
Lundi, le Kremlin a prévenu que cette nouvelle sanction n’aurait « pas d’impact » sur son offensive.

Photo AFP

publié le 5 décembre 2022 à 21h18.

Adoptée par l’UE, les pays du G7 et l’Australie, la mesure vise à restreindre les revenus de la Russie tout en s’assurant qu’elle continue à alimenter le marché mondial.

Le mécanisme de plafonnement du prix de vente du pétrole russe décidé par les Occidentaux est entré en vigueur ce lundi. Il coïncide avec le démarrage d’un embargo de l’Union européenne (UE) sur le pétrole russe acheminé par voie maritime, plusieurs mois après l’embargo déjà décidé par les États-Unis et le Canada.

Or la Russie est le deuxième exportateur mondial de brut et, sans ce plafond, il lui serait facile de trouver ailleurs de nouveaux acheteurs aux prix du marché.

Le mécanisme adopté prévoit donc que seul le pétrole vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril pourra continuer à être livré, et qu’au-delà, il sera interdit pour les entreprises basées dans les pays de l’UE, du G7 et en Australie de fournir les services permettant le transport maritime (négoce, fret, assurance, armateurs, etc.) du brut.

De fait, les pays du G7 fournissent les prestations d’assurance pour 90 % des cargaisons mondiales et l’UE est un acteur majeur du fret maritime - d’où leur capacité à répercuter ce plafonnement sur le pétrole livré à la majorité des clients de la Russie à travers le monde.

Un plafonnement supplémentaire concernant les produits pétroliers et plus seulement le brut interviendra le 5 février.

Impact sur le marché

Les prix du pétrole montaient lundi d’environ 1,8 % à Londres comme à New York.

Les Occidentaux ont adopté, à 60 dollars, un niveau de prix très supérieur au coût de production actuel du pétrole en Russie, afin que Moscou soit incité à continuer de pomper du brut - puisque cela continuera de lui procurer des revenus, même si ces derniers seront entamés par le plafond. « Il faut que la Russie garde un intérêt à vendre son pétrole », pour ne pas réduire l’offre mondiale et provoquer une envolée des cours, explique un responsable européen, qui ne croit pas aux menaces du Kremlin de cesser ses livraisons aux pays respectant le plafonnement.

Selon lui, la Russie restera soucieuse d’engranger des recettes, de maintenir l’état de ses infrastructures (qui s’endommageraient en cas d’arrêt de production) et de garder la confiance de ses clients, dont la Chine et l’Inde.

Moscou a assuré lundi que ce plafonnement n’aurait pas d’impact sur son offensive en Ukraine, et affirmé « préparer » des mesures de rétorsion.

À l’inverse, pour Bruxelles, le plafonnement « contribuera à stabiliser les marchés » et « bénéficiera directement aux économies émergentes et pays en développement », qui pourront acquérir du brut russe à moindre coût.

Avec un cours du baril de pétrole russe (brut de l’Oural) évoluant actuellement autour de 65 dollars, l’impact pourrait être limité à court terme - au grand dam de Kiev, qui a fustigé un plafond insuffisant pour pénaliser le Kremlin.

Un plafond révisable

Le plafond sera réexaminé dès mi-janvier, puis tous les deux mois, avec la possibilité de le modifier selon les évolutions des cours - avec le principe que le plafond soit fixé à un niveau inférieur d’au moins 5 % au prix moyen du marché.

Efficacité et pays concernés

Tous les pays sont invités à s’associer formellement au mécanisme de plafonnement. S’ils ne le font pas, ils pourront continuer à acheter du pétrole russe au-delà du plafond fixé, mais sans recourir à des services occidentaux (assurances, transport, courtage…) pour l’acquérir ou le transporter.

Risques de contournement

Chaque État de l’UE et du G7 devra surveiller les entreprises basées sur son territoire. Et si un navire battant le pavillon d’un pays tiers est identifié comme transportant du pétrole russe à un prix excédent le plafond, il sera interdit aux opérateurs occidentaux de l’assurer et de le financer pendant 90 jours.

Cependant, la Russie pourrait être tentée de créer sa propre flotte de tankers, opérée et assurée par ses soins, tout comme ses grands clients, la Chine et l’Inde : « On s’attend à ce que ces deux pays trouvent des moyens de contourner les sanctions », estimaient les analystes du courtier XTB.