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Philips supprime 6 000 emplois supplémentaires après le rappel de respirateurs dangereux pour la santé

Depuis l’annonce en juin 2021 du rappel dans le monde entier de plusieurs modèles de respirateurs défectueux, Philips peine à sortir la tête de l’eau. Les pertes liées à ces remplacements vont entraîner, en cascade, la suppression d’ici 2025 de 6 000 emplois. Cette nouvelle réduction d’effectifs «difficile mais nécessaire», selon le PDG du géant néerlandais, Roy Jakobs, s’ajoute à la suppression de 4 000 emplois annoncée par le groupe en octobre. «2022 a été une année très difficile pour Philips et ses actionnaires. Nous sommes en train de prendre des mesures fermes pour améliorer nos performances de façon urgente», a-t-il ajouté.

Les respirateurs, destinés à aider les patients à mieux respirer, sont utilisés entre autres contre l’apnée du sommeil. Problème : ces ventilateurs contiennent une mousse insonorisante qui perd des particules, que l’utilisateur inhale ou ingère. Le risque immédiat, signalé par de multiples patients, est une irritation, de la toux ou des maux de tête. Plus alarmant encore, le groupe a aussi évoqué un risque «potentiel» de cancers à long terme, même si aucune étude ne peut venir le confirmer. En France, 370 000 personnes en font l’usage, et 1,5 million d’autres dans toute l’Europe.

L’an dernier, l’Autorité française du médicament a mis la pression sur Philips et a réclamé le remplacement de 100 % des appareils fabriqués avant le 26 avril 2021 d’ici la fin de l’année. L’institution a exigé également le lancement «d’une étude épidémiologique pour évaluer le risque de cancer potentiellement induit par l’exposition aux équipements de ventilation concernés, dont les résultats préliminaires devront être transmis au plus tard dans un délai d’un an». Philips a depuis assuré que, selon des tests approfondis, les appareils étaient «dans les limites de sécurité». Mais l’avertissement reste le même : arrêter l’utilisation du respirateur et envisager des traitements alternatifs.

Cette erreur coûte cher à Philips. Le groupe, qui emploie actuellement près de 80 000 personnes dans le monde, a essuyé une perte nette de 1,6 milliard d’euros sur l’année 2022, contre un bénéfice net de 3,3 milliards en 2021. Environ 3 000 des 6 000 suppressions annoncées lundi seront mises en œuvre dès 2023. Le reste le sera d’ici 2025, a ajouté l’ex-géant de l’électronique, devenu une entreprise de soins de santé.

90 % des appareils de remplacement sont prêts

Philips se concentre désormais sur sa volonté de «renforcer la sécurité des patients et la qualité du management» à la suite du rappel, a précisé Roy Jakobs. L’entreprise déclare avoir produit environ 90 % des nouveaux appareils qu’il a besoin de fournir aux patients. Tout en augmentant le nombre de remplacements, ce qui entraîne une provision supplémentaire de 85 millions d’euros, selon l’entreprise néerlandaise.

Et le groupe n’a même pas encore inclus dans ses comptes les éventuels dédommagements qu’il devra verser aux Etats-Unis car les sommes demeurent «incertaines». Philips Respironics fait en effet l’objet d’une enquête du ministère américain de la Justice. Plusieurs recours collectifs et réclamations individuelles pour préjudice corporel lui collent à la peau, et l’entreprise est également en pourparlers avec l’autorité américaine de santé FDA au sujet d’un règlement final sur les respirateurs défectueux. Philips risque de retenir son souffle pendant encore plusieurs mois.