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Pisteurs en Haute-Savoie : tout ski peut vous sauver

Sans eux, personne ne glisse. Ils ouvrent. Ils ferment, ils interviennent… Les longues langues de neige sur lesquelles les vacanciers de l’hiver viennent colorer leurs joues, ce sont eux qui veillent sur elles. Ils assurent l’entretien et le service de balisage, soit la sécurisation des pistes. La station de Morzine, en Haute-Savoie, compte 21 pisteurs-secouristes en pleine saison pour un domaine de 197 remontées mécaniques pour 291 pistes et 650 km de glisse. «On commence à 8 h 30 pour terminer à 10 heures, explique Pascal Duvillier, pisteur depuis 1987, responsable de la sécurité du domaine. Il y a d’abord un groupe de canons à neige à sécuriser [il y en 1 335 dans la station, ndlr]. On enlève les protections mises le matin.»

En ce début janvier, les conditions sont optimales. A 1 100 mètres, on cumule déjà 1 mètre de neige. Direction le pas de l’Aigle. L’ouverture des pistes (le Corbeau, le Daguet puis le Daim) est réalisée avec Romain. Cet autre pisteur déroule des fils pour sécuriser les abords, installant des panneaux «ralentir-slow», notamment au croisement des pistes.

Du pylône à la plaque de verglas

La neige produite de nuit est différente à skier, proche de la poudreuse. Une fois fraisée (même principe que pour labourer un champ, mais moins profondément), elle est au final plus compacte que la neige naturelle. «Elle se conserve bien mieux, va durer plus longtemps dans la saison. En réalité, il s’agit d’un mélange de neige artificielle et naturelle. Des lames de vent vont la pousser. Cela va fabriquer une neige plus souple, une couche lisse et uniforme mais qui peut également bloquer l’élan, prendre le pied et vous faire partir tête la première», dit Pascal Duvillier. Et d’énumérer les blessures des skieurs: les premiers jours, ce sont les «genoux», puis les poignets. En snowboard, les traumatismes du rachis ou crânien… Le responsable sécurité répertorie également les obstacles, qui vont du pylône à la plaque de verglas ou la motte de terre. Les balises sont remises d’équerre. Elles donnent le nom de la piste ainsi que celui du domaine, qui permet au skieur de se situer, par temps de brouillard…

Le métier est divisé en plusieurs degrés : chef de secteur, spécialiste secours en crevasse, spécialiste nivologie. Il existe aussi une formation de maître-chien et d’artificier. Tous les ans, comme dans tous les métiers de secouristes, une journée de formation est consacrée aux cas concrets avec remise à niveau. Les pisteurs secouristes effectuent en moyenne 250 à 300 secours sur la saison.

Plus loin, des moniteurs sont à la manœuvre. Ils plantent les piquets d’un slalom géant. Les jalons de couleur permettent de vérifier la difficulté de la piste, les numéros, par ordre décroissant, signifient qu’on arrive au bout. 1, c’est la fin. Chaque pisteur réalise deux à trois ouvertures le matin. En cas d’alerte du Plan d’intervention pour le déclenchement des avalanches, moins de pistes seront ouvertes.

«Hygiénisation de la montagne»

8 h 50. Le soleil commence à éclairer les sommets. Le pisteur fait un trou avec une foreuse pour signaler par un ultime piquet jaune et noir une zone dangereuse qui doit inciter les skieurs à la prudence. «La recherche du lisse, de l’efficace, ce qu’on pourrait nommer “l’hygiénisation de la montagne”. Cela fait écho à nos modes de vie. Une piste lisse et damée vient répondre à cette demande d’aller vite, tout en faisant le moindre effort. Une facilité pour trouver des émotions, se faire un shoot d’adrénaline à bon compte», note Simon Parcot, philosophe et auteur de Le bord du monde est vertical.

Car même ainsi balisée, la montagne n’est pas une aire de jeu sans risques. Chaque année le rappelle. Y compris pour les professionnels. Au sommet de la pointe de Nyon, via la rampe Roland Baud, deux pisteurs ont été pris dans une avalanche lors d’un déclenchement en janvier 2019. Ils se dirigeaient vers le point de tir lorsqu’une plaque s’est détachée et les a entraînés.