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Plébiscité par ses pairs, mal-aimé du public : le paradoxe Djokovic

Malgré son immense palmarès, le Serbe n’est pas entré dans le cœur des gens. Pourtant, au sein du circuit, le respect envers lui est unanime.

Novak Djokovic affronte ce mardi soir Rafael Nadal sur la terre battue de Roland-Garros.
Novak Djokovic affronte ce mardi soir Rafael Nadal sur la terre battue de Roland-Garros. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Par Adrien Mathieu
Publié le 31/05/2022 à 08h39

Ce mardi soir, Novak Djokovic va défier Rafael Nadal dans son antre favori pour un quart de finale de gala à Roland-Garros. Passé par tous les états en 2022, le numéro un mondial espère décrocher sa place dans le dernier carré et se rapprocher un peu plus de son 21e titre en grand chelem. Après des semaines de tourmente, le Serbe retrouve enfin de bonnes sensations sur les courts comme le prouvent sa victoire à Rome il y a 15 jours et sa bonne entrée en matière du côté de la porte d'Auteuil.

Néanmoins, si on jauge l'applaudimètre, Djokovic sera toujours derrière son rival espagnol. Depuis longtemps, l'histoire entre « Nole » et le public n'a pas été évidente. En manque d'affection, le Serbe a attendu le dernier US Open et une défaite épique en finale face à Daniil Medvedev pour recevoir une ovation digne de son statut.

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Il a cofondé un syndicat de joueurs en 2020

Si les fans de tennis n'ont pas encore adulé Djokovic comme ils ont pu le faire avec Roger Federer et Rafael Nadal, c'est tout le contraire des joueuses et joueurs du circuit. De la WTA à l'ATP, la figure du Serbe n'a jamais été écorchée, malgré sa période trouble durant le Covid et ses réticences face au vaccin. Il faut dire que le numéro un mondial s'est toujours démené pour défendre les siens face aux évolutions du tennis moderne et ses calendriers parfois infernaux. En août 2020, il a notamment fondé le Professional Tennis Players Association, un nouveau syndicat de défense des joueurs. Il a ainsi élevé la voix face à l'absence de clarté au sujet de la joueuse Peng Shuai, portée disparue pendant un moment en Chine.

Quand il n'a pas pu disputer le dernier Open d'Australie en janvier dernier, plusieurs joueurs sont montés au créneau pour protester et lui apporter leur soutien indéfectible. Si certains se moquaient de lui en le surnommant « Novax Djocovid », de son côté le monde du tennis faisait bloc avec lui. « Ce que je sais, c'est que Novak est toujours le premier à défendre les joueurs. Mais aucun de nous ne l'a défendu. Sois fort Novak », avait notamment écrit Alizé Cornet sur Twitter. La Française n'est pas la seule à avoir désapprouvé cette décision. Si le gouvernement australien a décidé de l'expulser après plusieurs jours d'imbroglio, de nombreux acteurs de la petite balle jaune ont signifié leur incompréhension.

Andy Murray avait ainsi pointé du doigt un dysfonctionnement sur la BBC. « Ce n'est pas bien pour le tournoi, car cela serait mieux si tous les meilleurs joueurs pouvaient y participer. Il va évidemment y avoir beaucoup de questions sur ce qui s'est passé et la situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés. Je connais Novak, c'est quelqu'un que je respecte et contre lequel j'ai joué. Je n'aime pas qu'il se retrouve dans cette situation et je n'aime pas le fait qu'il a été placé en détention. » Enfin, l'entraîneur Patrick Mouratoglou avait affirmé que les principes de Djokovic ne devaient pas susciter autant de débats. « Je pense que quelqu'un qui reste fidèle à ses convictions, même si l'immense majorité des gens vont à son encontre, mérite un respect total, quelle que soit notre opinion sur la question. »

« Un honneur de partager le court avec toi »

Au sein du circuit, Novak Djokovic semble intouchable et cela ne se limite pas à la polémique de Melbourne. De nombreux joueurs soulignent son fair-play sur les courts, à l'image de l'actuel numéro 2 mondial, Daniil Medvedev, en février dernier. « Novak dit la vérité. Chaque fois que j'ai réussi quelque chose, et pas seulement moi, on peut le voir pour beaucoup de joueurs, Novak félicite toujours tout le monde […] Je vous invite à trouver un seul match où Novak a dit du mal de son adversaire, et ne l'a pas félicité. C'est comme ça qu'il est. »

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Dans un autre style, Casper Ruud a, lui, glissé un émouvant « je suis heureux de faire partie de ton histoire », après sa défaite à Rome cette année, qui représentait pour Djokovic une millième victoire en carrière. Enfin, Andrey Rublev lui signifiait son estime après son succès à Belgrade en avril dernier, sur les terres de Djokovic. « Tu es l'un des joueurs de tennis les plus forts de l'histoire. Pour moi, c'est un honneur de partager le court avec toi, je ne serai jamais capable de faire tout ce que tu as fait. »

Ce décalage entre l'avis des joueurs et celui du public est assez saisissant. Même la jeune garde partage cet avis sur un Djokovic mésestimé par le plus grand nombre. « Novak m'a dit beaucoup de bonnes choses, affirmait récemment la révélation de Roland-Garros, Holger Rune. C'est drôle parce que c'est toujours Federer et Nadal qui sont nommés comme les bons gars, mais quand il s'agit de la nouvelle génération, je pense que c'est Novak Djokovic qui nous donne le plus », comme si le Suisse et l'Espagnol avaient peut-être oublié de préparer la suite avec leurs cadets, au contraire d'un numéro un mondial plus attentif à ce genre de détail.

Néanmoins, ce mardi soir, le Philippe-Chatrier sera encore à l'avantage d'un Nadal en quête d'un quatorzième sacre sur la terre battue parisienne. Si Djokovic parvient à le battre une troisième fois à Roland-Garros, après 2015 et 2021, le public l'adulera peut-être comme ses compères.

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