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Plus radicaux et plus décomplexés: la fulgurante radicalisation des incels

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur Jezebel

Faut-il encore présenter ces «célibataires involontaires» qui pensent que s'ils n'ont ni petite amie ni vie sexuelle, c'est parce que la société les déteste alors qu'ils sont pourtant de bons garçons? Souvent tapis dans l'ombre, les incels ruminent derrière leur ordinateur leur détestation des femmes, responsables selon eux de tous leurs maux. Et lorsque certains finissent par agir, c'est pour semer la mort sur leur passage, à l'image d'Elliot Rodger, qui, en 2014, tua six personnes avant de se suicider. Le tout au nom de sa «cause».

Rappelant la trajectoire de Rodger, le site Jezebel signale que le terroriste incel possède de très nombreux fans en ligne, qui n'hésitent pas à le surnommer «The Supreme Gentleman». Inquiétant, et même terrifiant. D'autant que, selon une nouvelle étude menée par le Center for Countering Digital Hate (CCDH), qui s'intéresse aux différentes formes de haine et de désinformation en ligne, les incels version 2022 sont plus dangereux et plus radicaux qu'ils ne l'ont jamais été.

Le CCDH a analysé par moins de 1 million de messages postés sur l'un des forums les plus populaires dédiées aux incels, et son bilan est clair: au cours des dix-huit derniers mois, on a assisté à la radicalisation galopante de ces individus. Parmi les points les plus préoccupants, on note une augmentation saisissante des conversations centrées sur la pédophilie et la pédocriminalité, mais aussi sur les tueries de masse. Le mot «kill» («tuer») apparaît toutes les trente-sept minutes, et le mot «rape» («viol», «violer») toutes les vingt-neuf minutes.

Évidemment, tout irait bien s'il s'agissait de dénoncer les violences physiques, sexistes et sexuelles. Mais c'est très loin d'être l'état d'esprit sur ce forum. Par exemple, 89% de ses utilisateurs affirment que le viol est une chose acceptable. En outre, un quart des participants parlent de pédophilie de façon décomplexée, et les références admiratives à Elliot Rodger sont légion.

«Ce forum est un violent manifeste idéologique sauce XXIe siècle», analyse Imran Ahmed, fondateur et directeur du CCDH. «Ce n'est pas un livre, mais un wiki, qui est continuellement enrichi par ses propres lecteurs. Livrée à elle-même, cette communauté s'est radicalisée encore davantage, et son idéologie devient plus dangereuse chaque jour.» Au total, 2,6 millions de personnes visitent ce forum chaque mois.

Du virtuel au réel

Réservé aux hommes cisgenres, ce forum a été lancé en 2017 après la fermeture par Reddit de lieux d'échange dans lesquels la haine misogyne était jadis monnaie courante. Un système de promotion y a été mis en place: au bout de 400 messages publiés, on obtient une invitation permettant d'accéder à un serveur de la plateforme Discord, pour prolonger certaines discussions de façon un peu plus privée –et sans doute plus poussée.

Car le forum n'est pas le seul moyen de communication de ces incels: Telegram et Twitter leur permettent d'envoyer mille messages, et puisque YouTube n'a visiblement rien contre eux, permettant à certaines chaînes à l'idéologie incel assumée de continuer à émettre, ils l'utilisent à l'envi.

Il ne faudrait pas croire que le mouvement incel se limite à sa dimension virtuelle, conclut Jezebel. Certains professeurs ont commencé à s'inquiéter publiquement de l'influence ô combien néfaste exercée par Andrew Tate, célébrité du net dont le fonds de commerce est fait de misogynie et de violence. Se sentant plus nombreux et plus forts, les incels commencent progressivement à s'allier dans la «vraie vie». Et ça n'a absolument rien d'une bonne nouvelle.