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Plusieurs pays se disputent l’origine du kebaya, candidat au patrimoine mondial de l’Unesco

Mode.

Des femmes d’Indonésie demandent que le kebaya soit inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais quatre autres pays d’Asie du Sud-Est revendiquent l’origine de ce chemisier à dentelle traditionnel. Le quotidien “Kompas” se fait l’avocat des femmes des campagnes, qui n’ont jamais cessé de le porter.

Le “Kebaya fashion show” à Jakarta en août 2022.
Le “Kebaya fashion show” à Jakarta en août 2022. EKO SISWONO TOYUDHO / Anadolu Agency via AFP

De Jakarta à Java, “au cours des derniers mois, des femmes vêtues d’un kebaya proposent des défilés de mode et des danses dans les rues, les centres commerciaux, les musées, les cafés, les restaurants, les bureaux et jusque dans les transports en commun”, s’enthousiasme Kompas. Ces événements sont destinés à porter la candidature du kebaya indonésien au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais tout récemment, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande et Brunei ont invité l’Indonésie à s’associer à une candidature conjointe, pour faire preuve de l’unité culturelle de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean, qui compte 10 membres).

Contactée par Kompas, la maître de conférences à la faculté des sciences culturelles de l’université d’Indonésie Indiah Marsaban reconnaît que le kebaya est devenu un héritage partagé des pays de l’Asean. “Ses origines en Indonésie font toujours l’objet de débats car nombre de vêtements de l’archipel ont subi l’influence de cultures étrangères, à la fois chinoise, arabe ou portugaise. L’Indonésie occupait autrefois une position stratégique au carrefour de toutes ces routes commerciales”, précise le quotidien.

Approprié par les femmes urbaines

Nita Trismaya, professeure à l’École supérieure de design de Jakarta, observe que les femmes du mouvement pour le port du kebaya sont toutes issues des classes moyennes ou supérieures des grands centres urbains du pays. “Certaines affirment que porter le kebaya les aide à contrôler leurs émotions et à soulager leur stress, explique-t-elle dans les colonnes du journal indonésien. D’autres disent qu’elle les oblige à tenir leur dos bien droit et les transforme en des femmes élégantes et polies. En fait, inconsciemment, elles se conforment à l’étiquette et aux normes sociales des priyayi, l’ancienne noblesse javanaise.”

La professeure rappelle que, dans les campagnes, chanteuses et danseuses populaires, vendeuses et porteuses sur les marchés, masseuses, guérisseuses et paysannes, toutes portent encore le kebaya. “Elles ne comprennent pas pourquoi les femmes urbaines sont si désireuses de réclamer une journée nationale du kebaya, confie la professeure à Kompas. Marginalisées par ce mouvement, elles sont pourtant, malgré elles, les gardiennes d’une tradition vestimentaire qui a une longue histoire dans l’archipel.”

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