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PMA : en Belgique, les aléas des réseaux parallèles

“Ces forums en ligne où rien n’est régulé sont en train de devenir la norme”, prévient Herman Tournaye, chef de service du centre de santé reproductive à l’hôpital UZ Brussel. “Je le dis depuis des années : les banques de sperme sont menacées de disparition.”

Parce que les règles sont trop strictes et le coût parfois trop élevé, les personnes en demande de procréation médicalement assistée (PMA) en Belgique sont de plus en plus nombreuses à se détourner du parcours officiel pour lui préférer des espaces sur Internet qui mettent en contact donneurs de sperme et candidats parents, observe le magazine Knack, qui traite cette question dans son dossier de la semaine.

Don anonyme

En Belgique, la procréation médicalement assistée est légale depuis 2007. Elle permet aux couples hétérosexuels infertiles, aux couples de femmes et aux femmes seules de concevoir un enfant grâce à un don de sperme. Si l’acte d’insémination est remboursé, ce n’est pas le cas des gamètes – congélation, transport, frais administratifs –, ce qui porte le coût de chaque tentative à environ 500 euros, d’après le médecin interrogé par l’hebdomadaire belge. Le délai peut être long, notamment parce que les dons de sperme sont en baisse. Quant à l’identité du donneur – à moins que celui-ci ne soit proposé par le ou les futurs parents – elle est rendue strictement anonyme par la loi.

Sur les forums, en revanche, il est possible de réduire les coûts, mais aussi de choisir un donneur, de faire sa connaissance et, si les deux parties le souhaitent, de ne pas dissimuler son identité au futur enfant.

Mais comme le signale Knack en couverture, ce “commerce en ligne” comporte aussi des “dangers”. À commencer par l’absence, ou la faiblesse, de l’encadrement juridique et du contrôle médical.

“En Belgique, pour éviter le risque d’inceste, chaque donneur peut aider au maximum six familles. Mais faute de registre national, c’est difficile à contrôler.”

Sur les réseaux informels, encore plus.

Et puis on croise parfois sur ces forums de drôles de personnages, raconte un témoin. “Des hommes qui ne veulent donner que ‘de façon naturelle’, ou qui se vantent d’être à l’origine d’un nombre incalculable d’enfants.”

Un système daté

Knack a également discuté avec Karin van Zeelst, créatrice d’un site qui permet cette mise en contact de façon plus encadrée. Originaire des Pays-Bas, elle explique que le don de sperme anonyme y est, depuis 2004, interdit par la loi. Ce qui, depuis septembre 2022, est aussi le cas en France : les donneurs de gamètes doivent obligatoirement donner leur accord à la communication de leur identité.

Le système belge, dans lequel il revient aux médecins d’apparier donneurs anonymes et candidats parents, lui paraît daté.

“Il y a des dizaines d’années, il existait un énorme tabou autour de l’infertilité. Certains parents ne disaient jamais à leurs enfants qu’ils avaient été conçus grâce à un donneur. Entre-temps, on a fait du chemin. [On sait que] l’anonymat et le secret pèsent sur l’enfant, la famille dans laquelle il grandit, et sur le donneur.”

“La loi est complètement dépassée”, confirme Herman Tournaye, soulignant qu’au vu de la popularité des tests ADN, il est désormais assez simple d’identifier son donneur.