Après le débat sur l'Ukraine, les députés débuteront cette nouvelle session parlementaire par l'examen du projet de loi sensible sur l'assurance chômage. La gauche s'oppose à la réforme, le RN juge les mesures lacunaires. Les voix de la droite seront précieuses.

Jeudi, les manifestants ont protesté contre la réforme dans la rue. Photo Sipa / Chang MARTIN

Prolongement des règles de l'assurance chômage, et amorce d'une nouvelle réforme déjà contestée: l'Assemblée nationale reprend ses travaux lundi par un projet de loi emblématique, pour lequel la majorité espère le soutien de la droite.

Premier texte de la session 2022-2023, ce texte « portant mesures d'urgence » en vue du « plein emploi », défendu par le ministre du Travail Olivier Dussopt, est au menu dans l'hémicycle à partir de lundi soir et jusqu'à mercredi, avec quelque 300 amendements à la clé. Il prévoit dans un premier temps de prolonger les règles actuelles de l'assurance chômage, qui arrivent à échéance le 31 octobre.

Un système de modulation

Le projet de loi enclenche aussi la possibilité, par décret, de moduler l'assurance chômage afin qu'elle soit « plus stricte quand trop d'emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé », selon les mots d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.

Après une phase de concertation d'ici quelques semaines avec les partenaires sociaux, le gouvernement décidera par décret de la forme que prendra cette modulation, pour une entrée en vigueur début 2023.

L'exécutif martèle qu'il y a urgence face aux difficultés de recrutement, et fait de cette réforme une des conditions pour atteindre l'objectif de plein emploi en 2027, soit un taux de chômage d'environ 5% contre 7,4% actuellement.

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Le régime actuel d'assurance chômage « se caractérise par un niveau de protection qualifié comme étant un des plus généreux d'Europe » et « il n'est pas suffisamment incitatif au retour à l'emploi », a martelé M. Dussopt devant les députés en commission. « Il est indispensable de renforcer (l'incitation) alors que les pénuries de main d'oeuvre atteignent des sommets », a renchéri le rapporteur Marc Ferracci (Renaissance), un des inspirateurs de la réforme de 2019.

Ce qui pourrait changer dans l'indemnisation du chômage

Le gouvernement a donné le coup d'envoi d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, visant à répondre aux difficultés de recrutement. On vous explique ce qui pourrait changer dans l'indemnisation.

>> Lire notre article ici.

La gauche déplore une « stigmatisation »

A l'unisson des syndicats, l'alliance de gauche Nupes répond que les difficultés de recrutement sont d'abord liées à la formation et à l'attractivité des métiers (salaires, conditions de travail...), et déplorent une « stigmatisation » des chômeurs.

« Nous bataillerons de pied ferme contre cette réforme inacceptable qui détourne la philosophie de l'assurance chômage et fait fi du +dialogue social+ », ont annoncé ses chefs de file dans une tribune à Libération cette semaine, en mettant sous l'éteignoir leurs divergences d'approche de la « valeur travail ».

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Dans ce projet de loi, Arthur Delaporte (PS), Hadrien Clouet (LFI), Marie-Charlotte Garin (EELV) et Pierre Dharréville (PCF) dénoncent aussi « un chèque en blanc » au gouvernement qui pourra réformer à sa guise par décret.

M. Dussopt a déjà indiqué qu'il n'était pas favorable à une modulation du montant de l'indemnité chômage, et entendait plutôt travailler sur la durée d'affiliation nécessaire ou sur la durée d'indemnisation.

Les voix précieuses de la droite

Chez LR, l'accueil du projet de loi est meilleur, même si Thibault Bazin pense qu'il ne changera pas « la donne à court terme pour inciter à la reprise du travail ».

Le gouvernement a fait des ouvertures sur des propositions de la droite pour durcir l'accès à l'indemnisation au motif de l'« abandon de poste », ou simplifier la validation des acquis de l'expérience (VAE), autre volet du projet de loi. Les voix de ces députés, ou a minima leur abstention, sont précieuses pour le vote du texte, en l'absence de majorité absolue pour les macronistes.

Son inscription à l'ordre du jour de la rentrée a d'ailleurs été perçue à gauche comme un « message envoyé à la droite » en vue des prochains chantiers législatifs.

Les élus RN ne feront pas l'appoint en voix: ils jugent les mesures lacunaires, en l'absence de prise en compte notamment de la jeunesse.  

Pour une adoption définitive rapide, le projet de loi sera examiné par le Sénat dès le 25 octobre en première lecture.

Comment fonctionne actuellement l'indemnisation du chômage ?

Pour ouvrir des droits, il faut depuis le 1er décembre, avoir travaillé six mois (130 jours travaillés ou 910 heures) au cours des 24 derniers mois (36 mois pour les plus de 53 ans).

Pour bénéficier des allocations chômage, il faut être inscrit comme demandeur d'emploi, rechercher activement un emploi et remplir certaines conditions.

Le calcul du salaire journalier de référence, base de l'allocation chômage, prend en compte à la fois les jours travaillés et les jours non travaillés durant les 24 mois précédant le chômage (avec un plancher garantissant une allocation minimale).

Selon l'Unédic, le montant net moyen d'indemnisation est de 960 euros pour l'ensemble des indemnisés (1 070 pour les allocataires qui ne travaillent pas et 720 euros pour ceux qui travaillent et complètent ainsi leur revenu). Les allocataires consomment en moyenne 68% de leurs droits.