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Pollution de l’ex-Saft à Angoulême : Alcatel Lucent va devoir payer

Pollution de l’ex-Saft à Angoulême : Alcatel Lucent va devoir payer
Le site de la Saft en janvier 2022. Des piézomètres avaient été installés afin de capter et d’analyser les eaux souterraines jusqu’à 18 mètres.

Archives Julie Desbois

Par Mathieu ESCOULA - m.escoula@charentelibre.fr, publié le 8 décembre 2022 à 19h23, modifié à19h30.

Le tribunal administratif de Poitiers vient de reconnaître la responsabilité de la Saft dans la pollution du site du quartier Saint-Cybard, à Angoulême. Son ayant droit, Alcatel Lucent participations, devra le remettre en état.

C’est la première étape judiciaire d’un des plus grands scandales sanitaires charentais de la dernière décennie : la pollution de l’ancien site de la Saft, rue Jules-Durandeau dans le quartier Saint-Cybard à Angoulême. Les 50 années de production de piles, arrêtée en 1984, ont eu pour conséquence une pollution massive au trichloréthylène, un solvant...

C’est la première étape judiciaire d’un des plus grands scandales sanitaires charentais de la dernière décennie : la pollution de l’ancien site de la Saft, rue Jules-Durandeau dans le quartier Saint-Cybard à Angoulême. Les 50 années de production de piles, arrêtée en 1984, ont eu pour conséquence une pollution massive au trichloréthylène, un solvant cancérigène, dans les sols et les eaux souterraines. Malgré un premier rapport accablant en 2011, l’information n’avait été portée à la connaissance des habitants qu’à la fin de l’année 2017.

Dans un jugement rendu le 6 décembre et publié ce jeudi, le tribunal administratif de Poitiers a rejeté la requête d’Alcatel Lucent participations, ayant droit de la Saft, contre l’arrêté de la préfecture de la Charente du 12 mars 2020. L’acte avait pour objet « la mise en demeure de formaliser l’arrêt définitif du site et de lui [la préfecture] notifier les mesures prises pour assurer la mise en sécurité de ce site, en particulier l’évacuation des produits dangereux, les interdictions ou limitations d’accès au site, la suppression des risques d’incendie et d’explosion et la surveillance des effets de l’installation sur l’environnement », informe le communiqué du tribunal. Qui, en clair, valide l’injonction émise à l’égard d’Alcatel Lucent participations de remettre en état le lieu.

Avec un jugement pareil, on est certain que la dépollution ira jusqu’au bout.

La justice confirme également « l’existence d’un lien de causalité entre la pollution et les activités de l’usine Saft, l’épicentre de la pollution correspondant précisément à l’endroit où, selon les témoignages recueillis, le trichloroéthylène usagé était déversé par l’entreprise à même le sol. »

« Ça avance, pas assez vite, mais ça avance »

« C’est une décision qui va dans le bon sens, témoigne le maire d’Angoulême Xavier Bonnefont, rappelant qu’ « on est à l’origine du pot aux roses ». L’étude, commandée en 2017 par la Ville, avait en effet permis de mettre au jour l’affaire. « Cela confirme les analyses initiales et le rôle d’Alcatel dans la pollution du site, poursuit l’élu. Ça avance, pas assez vite à mon goût, mais ça avance. »

Même réaction chez Romain Mathieu, président de l’association de riverains Saint-Cybard environnement, qui y voit « la validation du bien-fondé des actions entreprises par les habitants ». « Avec un jugement pareil, on est certain que la dépollution ira jusqu’au bout. »

Une issue qui prendra encore du temps. Le 18 juillet 2019 déjà, un accord était conclu entre le conseil départemental et Alcatel Lucent participations. L’année suivante, les bâtiments étaient détruits avant une dépollution annoncée au début de l’année 2022 pour une durée de trois à quatre ans. En vain. Seuls des prélèvements ont été effectués et la recherche de la meilleure méthode de dépollution est toujours en cours.

L’avenir du site, une fois propre, est encore obscur. Xavier Bonnefont : « On ne connaît pas le calendrier de dépollution donc on va bien se garder de parler de projet. »

La Ville pourrait-elle se positionner pour racheter au Département cet espace idéalement placé à côté d’un Pôle Magélis en plein essor ? « Trop tôt pour en parler. »