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Pour les riches Latinos, Madrid est devenu “le nouveau Miami”

Ils sont vénézuéliens, mexicains, colombiens ou péruviens et ils sont riches – voire très riches. Naguère, ils auraient pu choisir de vivre à Miami ou à New York. Aujourd’hui, c’est à Madrid qu’ils se sentent comme chez eux, rapporte El País.

“Ils mangent dans les restaurants branchés de la rue Jorge Juan, achètent des vêtements et des bijoux dans les boutiques de luxe de Serrano, se disputent les appartements réhabilités à 12 000 euros (en moyenne) le mètre carré et paient à leurs enfants les meilleures écoles de commerce.”

De multiples raisons ont fait que Madrid est récemment devenu la “capitale non officielle de l’Amérique latine”. Sa fiscalité favorable, sa qualité de vie, le nombre de vols directs vers Mexico, Caracas ou Lima, les facilités accordées aux étrangers pour créer une entreprise, sans compter les “visas dorés” qui leur permettent de bénéficier de la résidence permanente.

Si le quartier de Salamanca, le plus chic de Madrid, a été baptisé “Little Caracas”, ce n’est pas par hasard : chassés par le chavisme, des Vénézuéliens fortunés sont arrivés les premiers et les autres ont suivi. Récemment, la dépréciation de l’euro face au dollar a encore accéléré le mouvement et suscité dans cet arrondissement huppé une avalanche de nouveaux projets immobiliers, tous plus luxueux les uns que les autres. En très peu de temps, les prix au mètre carré ont doublé “et plus on est proche de la place de l’Indépendance, plus c’est cher”, précise un professionnel de l’immobilier.

Madrid adepte du dumping fiscal

“Les Latinos recherchent des immeubles classiques XIXe ou XXe, avec des escaliers et des façades protégées, des balcons et de grands portails. La suite parentale avec salle de bains attenante et la cuisine américaine intégrée sont obligatoires. Et pour eux, il n’y a pas de luxe sans ‘amenities’, comme on en trouve dans les condos de Miami : piscine chauffée, spa, salle de sport, hammam, salon de massage et salon de beauté”, explique un autre agent immobilier.

“Depuis la pandémie, Madrid est connu en Amérique latine pour avoir réussi à maintenir l’activité économique, pour ses bonnes infrastructures, ses transports et pour être une ville sûre. Et aussi parce que le gouvernement régional facilite l’installation des entreprises”, se félicite le vice-président de la Communauté de Madrid, Enrique Ossorio. De fait, les investissements en provenance d’Amérique du Sud totalisent plus de 12 milliards d’euros depuis 2008.

Mar Espinar, porte-parole du groupe socialiste à la mairie de Madrid, nuance :

“Attirer les investissements étrangers, c’est bien. Le problème, c’est quand certains quartiers se voient transformés en parcs d’attractions par les investisseurs privés et que d’autres sont complètement délaissés.”

D’ailleurs, tout n’est pas rose dans les quartiers investis par les nouveaux arrivants. Les conséquences de la gentrification se font sentir à la fois sur les habitants et sur les petites entreprises qui voient leur loyer augmenter.

Fier des succès obtenus depuis qu’il a décidé de supprimer l’impôt sur le patrimoine, le gouvernement de la Communauté de Madrid vante “une économie libre et ouverte avec les impôts les plus faibles d’Espagne”. Mais pour les millionnaires sud-américains, la nouvelle “contribution de solidarité” annoncée en septembre dernier par le gouvernement de Pedro Sánchez – précisément pour contrer le dumping fiscal auquel se livrent les différentes régions du pays –, risque de changer la donne : il est prévu de taxer pendant deux ans les patrimoines supérieurs à 3 millions d’euros. Un avocat d’affaires confirme à El País :

“Lorsque ce nouvel impôt a été annoncé, plusieurs de nos clients latino-américains qui souhaitaient s’installer en Espagne ont préféré opter pour l’Italie”.