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Pourquoi certains soldats ukrainiens s'affichent avec des symboles nazis

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur The Kyiv Independent

«Dénazifier l'Ukraine.» Pour Moscou, voilà un des arguments qui justifieraient son invasion du pays de Volodymyr Zelensky –ce dernier étant pourtant juif. La Russie cite également l'existence de groupes comme le bataillon ukrainien Azov –proche à sa création en 2014 des mouvances néonazies– ou encore, plus récemment, l'exemple des Russes anti-Kremlin qui se sont infiltrés dans la région de Belgorod, et qui brandissent des symboles hérités du Troisième Reich.

Pourquoi l'usage d'emblèmes nazis est-il donc présent dans certains rangs ukrainiens? C'est ce que s'est demandé Illia Ponomarenko, journaliste pour le Kyiv Independent, qui s'inquiète du discrédit de l'armée de Kiev avec l'apparition de ces symboles.

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Tout d'abord, veut clarifier l'auteur, non, «l'Ukraine n'a pas de “problème nazi”». Le pays n'est pas plus extrémiste que n'importe quel autre État: des groupes adorateurs d'Adolf Hitler existent partout, que ce soit au Royaume-Uni, avec Combat 18, ou aux États-Unis, avec l'Aryan Brotherhood («fraternité aryenne» en français). En France aussi, des groupuscules comptant des néonazis demeurent, comme le Groupe union défense (GUD).

Un problème qui «doit être résolu»

Comme dans beaucoup d'endroits de par le monde, même dans l'Hexagone, les personnes attirées par l'extrême droite et le néonazisme sont susceptibles de rejoindre l'armée, rappelle Illia Ponomarenko. En Ukraine, souligne le journaliste du Kyiv Independent, il faut également prendre en compte le fait que le nationalisme est historiquement lié à un désir d'indépendance vis-à-vis de la Russie. Il est donc inévitable que des personnes liées à ces mouvances extrêmes prennent part à la guerre.

En 2014, lors de l'invasion de la Crimée, le régiment Azov est effectivement fondé par des néonazis. Mais, indique Illia Ponomarenko, tous les groupes d'extrême droite sont rapidement intégrés à la Garde nationale de l'Ukraine ou à l'armée régulière entre 2015 et 2016 à la suite de la signature du protocole de Minsk en 2014, qui vise à conclure la guerre au Donbass. Résultat: des membres bien plus modérés ont rejoint ces bataillons. En 2015, un porte-parole de l'unité militaire Azov déclarait toutefois à USA Today que 10 à 20% de ses membres étaient des néonazis.

Illia Ponomarenko, lui, voit une autre raison quant à l'usage d'emblèmes fascistes. Selon le journaliste, certains soldats affichent des signes nazis tout en n'ayant pas forcément de sympathie pour ces mouvances. «Les symboles qui représentent la Wehrmacht, les forces armées de l'Allemagne nazie et la SS sont vus comme reflétant une machine de guerre très efficace et non comme ceux des auteurs d'un des plus grands crimes contre l'humanité», écrit-il dans les colonnes du Kyiv Independent. Cela «n'excuse pas ces soldats du port de ces insignes offensants», mais peut offrir une explication quant à l'apparition de cette symbolique. Dans tous les cas, c'est un problème qui «doit être résolu», alerte l'auteur.

L'ironie, note enfin Illia Ponomarenko, c'est que le pays de Vladimir Poutine, qui se targue de combattre le fascisme en Ukraine, comporte lui-même des groupes d'adeptes de l'idéologie du Troisième Reich. Ainsi, Dmitry Utkin, membre important du Groupe Wagner, arbore des tatouages de croix gammées. On dit même que c'est lui qui aurait suggéré à Evgueni Prigojine d'utiliser le nom du compositeur phare d'Adolf Hitler pour sa milice.