France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Pourquoi l’Empire ottoman ? », d’Olivier Bouquet : l’empire qui se voulait universel

Une fine synthèse explique les raisons du succès et du long déclin de la Grande Porte.

Article réservé aux abonnés

« Pourquoi l’Empire ottoman ? Six siècles d’histoire », d’Olivier Bouquet, Folio, « Histoire », inédit, 556 p., 11,20 €, numérique 11 €.

A son apogée, dans la ­seconde moitié du XVIIe siècle, l’Empire ­ottoman s’étendait sur quelque trois millions de kilo­mètres carrés. « Après Rome et Byzance, [il] est la seule construction politique à avoir atteint des dimensions comparables », relève Olivier Bouquet dans Pourquoi l’Empire ottoman ?, sa vaste synthèse sur cet Etat qui dura six ­siècles. Son histoire est pleinement partie prenante de celle de l’Europe. La Roumélie, la partie européenne, fut toujours le cœur économique et politique du monde ottoman ainsi que le creuset de ses élites.

Si le mot « turc » était volontiers utilisé par les chrétiens occidentaux dès le XVe siècle, les sujets du sultan ne se définissaient pas comme tels. Ils étaient ottomans. « L’Etat n’est rien d’autre que l’extension de la dynastie. Agrégat de peuples et de royaumes, l’Empire ne forme un tout que par la domination de la lignée qui les a réunis », note l’historien. Extraordinaire destin en effet que celui d’Osman Ier (v. 1258-v. 1324) et de ses descendants, chefs tribaux semi-nomades anatoliens qui se forgent par les armes un puissant royaume, conquièrent les Balkans, encerclent inexorablement Constantinople, la seconde Rome, dont Mehmet II s’empare finalement en 1453. Nourri de ­cultures grecque et latine, Mehmet le Conquérant (1432-1481) se voit dès lors comme un nouvel Alexandre, et fonde un empire qui se veut universel.

Formes de gouver­nement inédites

Déjà auteur, notamment, de Vie et mort d’un grand vizir (Les Belles Lettres, 2022), Olivier Bouquet ­raconte et explique dans ce nouveau livre les raisons du succès, puis du long déclin de l’Empire. Une force des Ottomans fut l’invention de formes de gouver­nement inédites qui expliquent aussi la puissance de leur armée. Dans un monde encore largement féodal, l’Empire ottoman refusait le fait nobiliaire. Une bonne part de ses élites étaient des enfants de non-musulmans raflés, en particulier dans les Balkans, convertis et promis selon leurs ­capacités jusqu’aux plus hautes charges militaires ou civiles. Un système, de fait, méritocratique.

En outre, si, par leurs pères, les sultans devaient nécessairement descendre des Osmanli, leurs mères, esclaves du harem, étaient des Caucasiennes, des Balkaniques ou des Slaves achetées ou raflées, puis converties. C’est d’ailleurs au sein du harem que se jouait la succession impériale, chacune des épouses du sultan poussant son fils afin qu’il devienne le prochain sultan. Tous ses frères et demi-frères étaient tués ou, plus tard, à partir du XVIIe siècle, enfermés à vie dans le sérail afin d’éviter des querelles dynastiques.

Il vous reste 39.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.