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Pourquoi les ballons espions sont de nouveau à la mode dans les services de renseignements

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les Etats-Unis ont annoncé s’intéresser de très près à un ballon géant qui survole le Montana. Il aurait été envoyé par la Chine à des fins d’espionnage. Quelques heures plus tard, le Canada a aussi affirmé enquêter sur «un deuxième incident», laissant entendre qu’un autre ballon pourrait flotter dans son ciel.

Cet outil a été utilisé régulièrement dans le courant du XXe siècle, notamment pendant les guerres mondiales et la guerre froide, à des fins d’espionnage. Mais les ballons avaient depuis été laissés sur la touche, au profit des satellites. Avant de revenir en force ces dernières années, notamment en raison de leur coût moins important et de leur relative discrétion.

Un ballon espion, c’est quoi ?

Les ballons d’espion ou d’observation sont des aérostats (appareils qui volent grâce à un gaz plus léger que l’air) sur lesquels sont installés des caméras ou radars. Portés par les courants des vents, ils peuvent voler en très haute altitude, jusqu’à près de 40 000 mètres. Soit bien plus haut par exemple qu’un avion de ligne qui ne dépasse presque jamais les 12 000 mètres. Ce qui fait dire à un haut responsable de la Défense américain que le fameux ballon chinois «vole actuellement à une altitude bien au-dessus du trafic aérien commercial».

Depuis quand ces ballons sont utilisés ?

L’origine des ballons espions varie. Pour certains, leur usage remonte aux guerres de la Révolution française, vers la fin du XVIIIe siècle. D’autres évoquent une utilisation plus large lors de la guerre civile américaine, quand on montait dans des montgolfières, jumelles à la main, pour prendre de la hauteur et récolter des informations sur les positions adverses. Leur usage s’est très largement répandu au XXe siècle, pendant les deux guerres mondiales et la guerre froide.

La télévision indienne NDTV cite l’exemple de l’armée japonaise qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, avait envoyé des bombes incendiaires aux Etats-Unis à l’aide de ballons, échouant cependant à toucher les cibles militaires visées. Le quotidien américain évoque aussi les missions américaines du projet «Genetrix» des années 50 durant lesquelles des ballons photographiques ont été envoyés au-dessus du territoire soviétique.

N’existe-t-il pas d’outils technologiques plus développés aujourd’hui ?

Depuis quelques décennies, avec le développement des satellites et autres technologies modernes, les services de renseignement avaient moins recours aux ballons. Mais ces dernières années, les ballons semblent revenir à la mode, notamment car ils coûtent moins cher à produire que des satellites et sont beaucoup plus faciles à lancer, explique à CNN Peter Layton, ancien officier de la Royal Air Force. Un satellite nécessite en effet un lanceur spatial qui peut coûter plusieurs centaines de millions de dollars.

De plus, même s’ils sont lents, les ballons ne sont pas toujours faciles à repérer car plus discrets et moins prévisibles que les satellites. Ils peuvent également balayer un territoire plus grand, à une altitude plus basse et passer plus de temps au-dessus d’une zone précise, selon un rapport de 2009 du Air Command and Staff College de l’armée de l’air américaine cité par NDTV.

A quel point leur utilisation est-elle répandue ?

D’après le Pentagone ce vendredi, d’autres ballons espions ont été suivis ces dernières années, y compris avant l’arrivée de Joe Biden au pouvoir. Des ballons de haute altitude ont également été vus au-dessus du Japon. En 2020, un ballon a par exemple été repéré dans la région nord de Tohoku, selon le Wall Street Journal. Le ministre japonais de la Défense avait assuré à l’époque le surveiller de près.

Les Etats-Unis ont pour leur part relancé l’idée d’utiliser des ballons ces dernières années sur leur territoire. Le budget alloué aux «ballons gonflables à haute altitude» a d’ailleurs été augmenté l’année dernière, rapporte le média économique américain.

Qu’est-ce que la Chine pourrait chercher avec ce ballon ?

Pour les experts cités par les médias anglophones, l’objectif pourrait être de recueillir des informations sur des systèmes de communications et des radars. D’autres parlent des unités de stockages de missiles balistiques intercontinentaux dans le Montana ou de bases militaires stratégiques. Pour autant, selon le Guardian, impossible d’imaginer que la Chine puisse avoir réellement pensé pouvoir passer inaperçue.

Ce ballon pourrait être une simple volonté de provoquer les Etats-Unis – dans un contexte de tensions entre les deux pays – et de prouver par la même occasion sa capacité à reproduire les technologies américaines. «Les agences de sécurité chinoises sont passées maîtres dans l’art du copiage. Elles sont très, très douées pour déterminer ce qu’est une technologie et chercher ensuite à la reproduire», explique au quotidien britannique John Blaxland, professeur d’études sur la sécurité internationale et le renseignement à l’Australian National University.

Pourquoi ne pas le détruire ?

Il semblerait assez facile pour les Etats-Unis d’abattre le ballon en question, comme le demandent certains élus républicains. Le Pentagone a d’ailleurs envisagé cette option, à la demande de Joe Biden, et des avions de chasse se sont approchés du ballon lorsqu’il était au-dessus du Montana. Mais en raison des risques que les débris pourraient créer pour les personnes au sol, cette option a été balayée. De plus, en forçant le ballon à atterrir sans qu’il ne se détruise, Washington pourrait ensuite l’examiner afin de comprendre ce qui était espionné et pour le compte de qui.