Sur le même sujet
Source de l’article
The Atlantic (Washington) L’anticipation est l’un des points forts de The Atlantic depuis sa création en 1857. Cette vénérable publication, où écrivent les plumes les plus prestigieuses du moment, a su mieux que tout autre magazine américain prendre le tournant Internet, en faisant de son site un très dynamique lieu de réflexion et de débat. Intellectuelle et placide, à l’image de sa ville d’origine, Boston, la revue agrémente ses pages de poèmes et d’illustrations recherchées. Fondée par un groupe d’écrivains quelques années avant la guerre de Sécession, elle s’est donné pour mission d’être le porte-parole de l’idée américaine. La publication des premiers textes de Mark Twain, des reportages de guerre de Nathaniel Hawthorne et de la Lettre de la prison de Birmingham (vibrante défense de la non-violence, 1963) de Martin Luther King ne dément pas cet idéal.
Extrêmement dynamique et riche en contenus inédits, le site de The Atlantic s’est taillé une place de choix dans l’univers de la presse en ligne et est souvent cité en exemple, à un moment où la presse écrite peine à se réinventer.
On peut aussi y consulter moyennant une somme modique tous les articles publiés depuis le premier numéro, paru en novembre 1857. Theatlantic.com revendique 4,3 millions d’utilisateurs mensuels.
Nos services
Si vous voulez mieux comprendre pourquoi les Français s’opposent en majorité à l’allongement du départ à la retraite de 62 à 64 ans, il suffit de se pencher sur l’énorme manifestation de la semaine dernière.
“La retraite avant l’arthrite”, pouvait-on lire sur une pancarte écrite à la main. “Laissez-nous vivre avant de mourir”, disait une autre. Un manifestant d’un certain âge était déguisé comme le banquier du Monopoly, avec un haut-de-forme, une cravate noire et un cigare. “C’est la fin des haricots”, disait-il à la foule.
Le président [Emmanuel Macron] a été réélu facilement l’année dernière, en partie sur la promesse d’une refonte du système des retraites, même si son parti a perdu sa majorité parlementaire peu après. Au premier abord, son argumentaire était très simple, presque mathématique : puisque les Français vivent plus vieux, il n’y aura pas suffisamment d’actifs pour cotiser et payer les pensions de tous les retraités.
Mais alors pourquoi les Français se braquent-ils autant sur cette réforme apparemment nécessaire et peut-être inévitable ?
Sans doute parce qu’ils ont déjà fait des concessions sur l’âge de la retraite il n’y a pas si longtemps. En 2010, le président de droite Nicolas Sarkozy avait réussi à reculer l’âge de départ de 60 à 62 ans, en dépit d’une forte mobilisation.
Un point de vue aussi contradictoire que rafraîchissant
Mais c’est surtout parce que les Français ont une conception toute particulière du travail et de la retraite. En tant qu’Américaine, je trouve leur point de vue aussi contradictoire que rafraîchissant. Et il mérite d’être exposé auprès de ceux qui y sont étrangers et probablement opposés.
La France a beau être un pays capitaliste prospère, sa population se méfie du libéralisme. En 2019, une enquête d’opinion révélait que deux tiers des sondés avaient une opinion “plutôt mauvaise” ou “très mauvaise” du capitalisme. Le Parti communiste français, autrefois très puissant, est désormais un acteur très minoritaire de la vie politique, mais il participait encore au gouvernement jusqu’à la fin des années 1990 et n’a pas complètement disparu. Le parti compte encore une dizaine de députés à l’Assemblée nationale et des centaines de maires, notamment dans les petites villes.
Le scepticisme des Français à l’égard de l’économie de marché s’inscrit dans une tendance plus large qui consiste à réduire les questions politiques à une bataille entre patrons et salariés. Une vision très répandue à l’extrême gauche et à l’extrême droite, qui à eux deux ont remporté 45 % des voix lors du premier tour de la présidentielle. Dans ce sondage de 2019, 81 % des électeurs d’extrême gauche disaient avoir une opinion négative du capitalisme, et 72 % au sein de l’extrême droite.
Le bouillonnant Jean-Luc Mélenchon, à la tête du parti d’extrême gauche La France -insoumise, appelle au contraire à baisser l’âge de la retraite à 60 ans. Quand l’homme d’affaires milliardai
