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Pourquoi une nouvelle grève des médecins généralistes, le 14 février

  • 1 Qu’est-ce que réclament les médecins généralistes ?

    Le tarif de la consultation de base n’a pas évolué depuis 2017. Il est actuellement fixé à 25 euros. Les praticiens libéraux réclament qu’il soit augmenté pour être porté entre 30 et 50 euros, selon les syndicats. Une revalorisation qui doit leur permettre d’embaucher du personnel (secrétaires, assistants médicaux) pour les soulager des tâches administratives et donc de libérer du temps médical utile, défendent les représentants de la profession. Objectif : accueillir plus de patients et consacrer davantage de temps aux pathologies complexes. L’enjeu est de taille : alors que 600 000 patients en ALD (affection de longue durée) sont sans médecin traitant, 6 500 généralistes, âgés de plus de 65 ans, doivent prochainement partir à la retraite. Les jeunes diplômés rechignant à s’installer en libéral, 1,7 million de Français vivent aujourd’hui dans des déserts médicaux.

  • 2 À quoi ont abouti les négociations avec la Caisse nationale d’Assurance maladie ?

    Malgré, depuis décembre, deux appels à la grève et une manifestation, les discussions conventionnelles entamées entre les syndicats nationaux de médecins et la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) sont au point mort. Le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, s’en est tenu, la semaine dernière, à une proposition de relèvement du tarif de la consultation de base de 6 %, très loin des attentes de la profession. Concrètement, la consultation passerait de 25 à 26,50 euros (+1,50 euro) pour les cinq années à venir. Un rattrapage, bien inférieur au niveau de l’inflation, perçu comme une marque de « mépris », une « provocation » et une « humiliation ». « C’est un message clair envoyé aux médecins de ne pas s’installer en libéral », a notamment fustigé Moktaria Ali Kada, porte-parole du collectif « médecins pour demain ».

  • 3 Qu’est-ce qui attise la colère des libéraux ?

    Face à la colère suscitée par ce semblant de revalorisation, le ministre de la Santé, François Braun, a dit privilégier un système « donnant-donnant ». Certains généralistes pourraient ainsi prétendre à des niveaux de rémunération supérieurs (dont les montants n’ont pas été précisés), à condition de signer un « contrat d’engagement territorial » impliquant qu’ils prennent en charge plus de patients, assurent des gardes pour traiter les urgences, et ouvrent leurs cabinets le samedi. « Une usine à gaz », a tweeté Jean-Christophe Nogrette, de MG France. « Gagner plus est quasiment impossible, illustre le Dr Antoine Brinquin, généraliste à Vannes, et délégué régional de l’UFML. On nous demande, par exemple, d’ouvrir 35 samedis sur 52. Les médecins travaillent déjà 60 heures par semaine. On vient d’inventer pour eux la semaine de six jours sur sept ! »

  • 4 Pourquoi le choix du 14 février ?

    Ce jour-là sera examiné, au Sénat, la proposition de loi Rist, qui prévoit un accès direct des patients à certains professionnels de santé (infirmiers en pratique avancée, kinés, orthophonistes), sans passer par leur médecin traitant, tout en étant remboursés. Un texte contre lequel les syndicats de médecins sont vent debout. Les généralistes en grève ont prévu de manifester devant le Sénat.

  • 5 Quel est l’état d’esprit des troupes et quelles menaces leur exaspération porte-t-elle en germes ?

    « On assiste à une collusion massive de la profession, contre la proposition de loi Rist et contre la tournure prise par les négociations conventionnelles dont les syndicats ont collectivement claqué la porte, mi-janvier », observe le Dr Thierry Labarthe, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) et médecins libéraux de Bretagne, qui voit chez ses confrères « un mélange de rancœur, de colère et d’incompréhension ». Avec des mesures de « saupoudrage », pour la médecine de ville comme pour l’hôpital, le gouvernement a fait le choix du « quantitatif, au détriment d’une médecine humaniste, qualitative », déplore-t-il. Résultat : « De nombreux médecins envisagent de déplaquer et de changer de voie ». D’autres réfléchissent à se déconventionner, au risque d’instaurer une médecine à deux vitesses. « Tout cela est inquiétant », juge le Dr Labarthe, pour qui la question qui se pose, c’est « a-t-on envie de garder des libéraux dans les territoires ? ».