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Poutine dans la nasse ukrainienne [Le point de vue de CL]

Poutine dans la nasse ukrainienne [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 4 octobre 2022 à 22h29.

Retrouvez notre éditorial du mercredi 5 octobre.

Gagner des batailles ne permet pas toujours de gagner une guerre mais c’est le meilleur chemin pour y parvenir. Ce qu’il se passe actuellement en Ukraine est si spectaculaire qu’il s’agit de rester prudent. L’armée ukrainienne repousse l’ennemi avec une telle rapidité que ce soit à...

Gagner des batailles ne permet pas toujours de gagner une guerre mais c’est le meilleur chemin pour y parvenir. Ce qu’il se passe actuellement en Ukraine est si spectaculaire qu’il s’agit de rester prudent. L’armée ukrainienne repousse l’ennemi avec une telle rapidité que ce soit à l’est et désormais au sud, à l’approche de la ville de Kherson. Au point qu’il est difficile de suivre les villages repris aux Russes.

Une réalité confirmée par… la Russie elle-même. Le chef de l’occupation russe de Kherson (Sud) appelle ainsi à « ne pas paniquer » face à ce qu’il reconnaît comme étant « une percée ». Même les propagandistes de Moscou, sur le front ou à la télévision, ne masquent plus leurs inquiétudes. « Il n’y aura pas de bonnes nouvelles dans une futur proche. Ni à Louhansk, ni à Kherson », relate par exemple le reporter de guerre du principal tabloïd russe. Et chaque partisan de Poutine de mettre tous ses espoirs sur les nouveaux mobilisés. Si le Kremlin en annonce 200.000, ils n’arriveront pas avant plusieurs semaines. Surtout, cette promesse de meilleurs lendemains russes n’est pas qu’une question de nombre.

Parce que l’Ukraine, et pas seulement son armée, est autant galvanisée par cette contre-offensive qui enchaîne les succès que par le sens que cette guerre a pour eux. Ce même sens qui existe peu pour de l’armée russe comme au sein de la population à qui on a d’abord vendu une « opération spéciale » de quelques jours jusqu’à Kiev, transformée aujourd’hui en volonté de guerre totale contre les valeurs de l’Occident.

Pour Poutine, il faut trouver un ennemi plus grand que l’Ukraine pour justifier ses défaites, comme ces territoires « annexés » par une mascarade référendaire et désertés par ses troupes au lendemain de la signature des décrets.

Pour les soutiens de Poutine plus ou moins affichés jusqu’en France, et sous couvert de se dire défenseurs « de la paix », il ne reste plus qu’à brandir la menace nucléaire si l’armée russe continue de battre en retraite. Si la menace plane toujours, Poutine sait que son utilisation entraînera une telle réaction, en particulier des États-Unis, que son efficacité stratégique sera nulle.

Mais Poutine ne « joue » pas seulement l’avenir de la guerre, il engage son avenir en cas de défaite. Dans l’Histoire, les impérialismes ne s’effondrent qu’à cause de défaites à l’extérieur de leurs frontières. Qui aurait imaginé le 24 février que l’Ukraine qui devait être le tremplin de Poutine peut tout aussi bien devenir son cercueil ?