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Près de Rennes, cette ville qui dit « stop » à la publicité

Mordelles a choisi de ne pas reconduire le marché public qui la liait à un annonceur publicitaire. En ligne de mire : la pollution visuelle et la surconsommation.

Par Sylvain Moreau, à Mordelles (Ille-et-Vilaine)
Pas question pour Mordelles de tomber dans le panneau.
Pas question pour Mordelles de tomber dans le panneau. © Sylvain Moreau
Publié le 01/10/2022 à 15h00

Temps de lecture : 4 min

Longtemps, Mordelles – alors première paroisse en direction de l'ouest – a été l'un des greniers de Rennes, alimentant la capitale bretonne et son marché des Lices en denrées diverses. Témoignage de ce passé glorieux, la petite commune à l'histoire presque millénaire (sa première mention remonterait à l'an 1032) a laissé son nom à deux sites bien connus des Rennais : les « Portes mordelaises », qui ont protégé la ville fortifiée des siècles durant, et la tribune Mordelles du Roazhon Park, où se réunissent chaque week-end les plus fervents supporteurs du Stade rennais.

Mais si Mordelles fait aujourd'hui encore parler d'elle, c'est désormais pour ses décisions politiques novatrices à l'échelle du territoire de Rennes Métropole. La dernière en date remonte au 12 septembre, lorsque le conseil municipal a voté la non-reconduction du contrat liant la ville à l'annonceur JCDecaux.

« La transition, c'est notre credo »

Le marché passé par l'ancien édile, il y a neuf ans, arrivera à terme au 31 octobre. L'occasion était donc belle pour le maire (sans étiquette) Thierry Le Bihan et son équipe, reconduits pour un second mandat en 2020, d'y mettre un terme, au nom d'une certaine cohérence. « Nous avons fait le choix d'orienter notre mandat sur l'idée de la transition, qu'elle soit sociale, économique ou écologique. C'est notre credo, explique Hervé Pralong, adjoint délégué à la Communication et à la Citoyenneté. On a Musé'O, un musée en extérieur sur la reconquête du milieu aquatique et la protection de l'eau, et, au milieu, on trouvait par exemple des publicités pour des lessives, qui ne sont pas les produits les plus écoresponsables… »

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Fini, donc, les messages de surconsommation et la pollution visuelle qui découle de la présence du panneau lumineux et des quinze panneaux-sucettes répartis sur le territoire de la commune de quelque 7 400 habitants. Dès l'arrivée à échéance du contrat, ils seront démontés. « En tout, sur les trente faces, neuf espaces – qui ne sont pas ceux qui se vendent le mieux – sont mis à la disposition de la mairie. Pour les autres, sur lesquels nous n'avons aucun droit de regard, c'est la régie de JCDecaux qui décide de ce qui apparaît dessus, récapitule Hervé Pralong. Or, sur ces panneaux-là, ce sont les publicités de grands groupes ou de grandes surfaces qui sont mis en avant – parce que ce sont eux qui ont l'argent – et non pas celles de nos artisans locaux… »

Place à une communication communale

Au début de l'année 2023, cet affichage devrait laisser la place à cinq nouveaux panneaux en bois au seul service de la mairie. « On passe d'une communication publicitaire à une communication communale. » Un panneau numérique « vertueux », qui sera donc financé par la Ville, devrait compléter l'ensemble. L'adjoint au maire détaille : « On revient au pixel, pour simplement passer des messages. Il sera autoalimenté et se coupera la nuit, comme l'éclairage public. »

Car Mordelles a déjà avancé sur la question de la pollution lumineuse. Depuis janvier 2021, la municipalité limite en effet l'éclairage public : l'extinction des feux se fait désormais sept jours sur sept, de 22 h 30 à 6 heures du matin. Mieux, les lampadaires restent éteints tout au long de l'été. Outre de sensibles économies d'énergie, cette mesure permet de réduire les nuisances pour la faune et la flore de la commune encore largement couverte de parcelles agricoles. « On était précurseurs et, maintenant, sur la métropole, c'est en train de devenir une norme », se félicite Hervé Pralong.

« De la discussion et du bon sens »

Si elle affiche quelques succès en matière de lutte contre la pollution visuelle, la mairie souhaiterait encore agir sur d'autres leviers qui sortent de son champ d'action. Elle veille ainsi à sensibiliser les commerçants, qui laissent parfois leur enseigne briller à toute heure du jour et de la nuit. Et, à en croire celui qui est aussi ingénieur automobile, le dialogue semble porter ses fruits. « Si, en tant que commune, vous avez déjà mis en place des choses, que vous êtes modèle, c'est plus facile d'aller discuter avec les commerçants, dit-il. C'est vraiment de la discussion et du bon sens. »

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En se promenant devant l'hôtel de ville, Hervé Pralong pointe également la question des abribus du Star, le Service de transports en commun de l'agglomération rennaise. Ornées de messages publicitaires, ces guérites sont gérées par Rennes Métropole, qui a justement adopté le 30 juin dernier un nouveau Règlement local de publicité intercommunal (RLPi), dont le but est – selon le communiqué de presse – de « réduire la pollution visuelle et les impacts sur l'environnement » sur les 43 communes de la Métropole.

« Le maire, Thierry Le Bihan, a écrit à Nathalie Appéré [la maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole] pour lui demander de se pencher sur la question des abribus, annonce Hervé Pralong. C'est une question compliquée, puisque c'est la publicité qui permet d'amortir leur coût. Si on s'en prive, il faudrait donc trouver une alternative pour pouvoir abriter les gens… » Une question épineuse qui ne laisse sans doute pas indifférente Rennes Métropole, puisque cette dernière a, par exemple, choisi de bannir tout affichage publicitaire sur la nouvelle ligne B du métro local, inaugurée le 20 septembre dernier.

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