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Pris dans la tempête #MeToo, EELV réagit très différemment de LFI

Lundi matin, tôt, Julien Bayou a annoncé sa démission de son poste de secrétaire national d’EELV et de la coprésidence du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. Le député de Paris s’estime « acculé » à faire ce choix « qu’il regrette », comme l’a indiqué son avocate lors d’une conférence de presse lundi après-midi. Depuis juillet, il fait l’objet d’une procédure menée par la cellule interne d’EELV de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, pour des violences psychologiques sur son ex-compagne qu’il nie. ALors que Julien Bayou s’était déjà mis en retrait de la coprésidence du groupe écologiste, certains, comme Yannick Jadot, avaient demandé qu’il en fasse de même avec le parti. Il a finalement choisi la double démission.

Forcément, il y a là un écho à l’affaire Quatennens chez LFI. Notamment sur l’unité de temps : huit jours seulement ont séparé la « mise en retrait » de ses fonctions d’Adrien Quatennens et les démissions de Julien Bayou. Et il paraît évident que la première a, d’une certaine manière, entraîné la seconde. La question des violences sexistes et sexuelles en politique ayant de nouveau été placée sur le devant de la scène, l’affaire concernant Julien Bayou, révélée en juillet par Le Figaro, est logiquement revenue au premier plan via les déclarations de Sandrine Rousseau dans C à vous sur France 5.

Peu de soutiens publics

Pourtant, les deux cas n’ont que peu en commun. Sur le fond, tout d’abord : le premier a avoué, le second conteste. Et sur la forme. Tandis qu’Adrien Quatennens a reçu plusieurs soutiens, parmi les rares membres d’EELV qui répondent publiquement à la presse, on ne trouve pas grand monde pour regretter la double démission de Julien Bayou. Tous et toutes ne sont pas également solides sur leurs appuis, mais tout de même. « C’était la bonne chose à faire », juge par exemple l’autre coprésidente du groupe écolo à l’Assemblée, Cyrielle Chatelain. Qui pèse ses mots et ne se cache pas la pression médiatique : « Dans les affaires de violences sexistes et sexuelles, c’est la position juste à avoir. »

« Quand bien même, la pression médiatique, ça a parfois du bon », reconnaît un député qui, lui, se serait contenté de la mise en retrait décidée la semaine dernière. Certains et certaines regrettent néanmoins que cette décision ne soit pas arrivée plus tôt. « Le pas de côté aurait dû être fait dès la cellule interne d’EELV sur les violences sexistes et sexuelles », croit Mélissa Camara, conseillère municipale à Lille et possible candidate du courant de Sandrine Rousseau au prochain congrès du parti, théoriquement en décembre.

Pas d’exception

Cette cellule, justement, en a pris pour son grade lors de la conférence de presse de l’avocate de Julien Bayou, lundi. Là encore, peu de soutien : « Il n’est quand même pas anormal que la cellule interne qui s’occupe des violences sexuelles s’autosaisisse quand elle est en copie d’une lettre de suicide. Que la procédure dure plus de deux mois n’a, là aussi, rien de choquant », rappelle un membre du conseil fédéral d’EELV, le parlement du parti.

Julien Bayou jette notamment le doute en affirmant qui lui a été refusé, à quatre reprises, d’être auditionné. « Il n’y a aucune raison de remettre en cause le travail de cette cellule, dont les membres bénévoles sont formées et font leur maximum. Le protocole est établi ! S’il y avait des dysfonctionnements, alors peut-être que le secrétaire national du parti depuis trois ans aurait dû prendre des mesures politiques… », tacle Mélissa Camara. Ce protocole, justement, prévoit que le mis en cause soit interrogé en dernier. Or, l’ex-compagne de Julien Bayou n’a toujours pas été entendue… Et d’après certaines sources, elle refusait de l’être tant que Julien Bayou était à la tête du parti.

« Forcément, ça se fait de manière un peu violente »

Avant la double démission de Julien Bayou, une de ses proches, Marine Tondelier, membre de la direction d’EELV, faisait ce constat dans une interview pour Mediapart : « Ce sont des moments de révolution sociétale et forcément, ça se fait de manière un peu violente, un peu dérangeante. Je ne porte pas de jugement là-dessus parce que c’est peut-être la seule condition pour que ça se passe vraiment. »

Loin de l’esprit de meute dont a pu faire preuve une partie de la France insoumise, en relativisant les aveux d’Adrien Quatennens la semaine dernière, EELV semble donc vouloir s’en tenir à ses règles et ses principes. Non sans heurts, à un moment où le parti est en ébullition à l’orée de son congrès : « Cet épisode est, à tout point de vue, un désastre », dit un cadre.