France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Prison de Gradignan : les avocats attaquent l’Etat en justice

Prison de Gradignan : les avocats attaquent l’Etat en justice
Christine Maze, bâtonnière de Bordeaux, réclame des mesures urgentes.

Photo AFP

publié le 3 octobre 2022 à 19h30, modifié à19h39.

Surpopulation, insalubrité et cafards... L’Observatoire international des prisons réclame à l’État de mettre fin aux conditions de détention « indignes » de la prison de Gradignan. Plusieurs Charentais y sont incarcérés

Surpopulation, insalubrité et cafards... L’Observatoire international des prisons et l’Ordre des avocats de Bordeaux réclament à l’État de mettre fin aux conditions de détention « indignes » du centre pénitentiaire de Gradignan. Leur requête, déposée lundi avec le Syndicat des avocats de France et une association de défense des détenus (A3D), sera examinée jeudi après-midi par le juge des référés au tribunal administratif de Bordeaux.

« Nous demandons qu’il soit ordonné à l’administration pénitentiaire de mettre en œuvre des mesures urgentes pour accueillir dignement les personnes incarcérées », a expliqué la bâtonnière de Bordeaux, Christine Maze. Mi-juillet, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, avait dénoncé des conditions de détention « inhumaines » à Gradignan, en particulier à la maison d’arrêt des hommes. « L’hébergement d’êtres humains devrait y être proscrit », avait-elle écrit dans un rapport accablant en décrivant des murs « lépreux », des lits vétustes, une grande saleté et un espace de vie réduit à trois mètres carrés.

« Il y a beaucoup de cafards ici, il fait froid aussi », a témoigné lundi Frédéric, un détenu, lors d’une visite du rapporteur du budget de l’administration pénitentiaire, le député Renaissance de la 6e circonscription de Gironde, Éric Poulliat. A l’aide d’un ruban en lambeaux, le prisonnier a replié le matelas qu’il utilise pour dormir au sol, « les pieds sous une table », dans la cellule qu’il partage avec deux autres détenus. L’accès aux toilettes était séparé par un rideau de fortune.

794 détenus pour 305 places

« On a fait des choses pas bien dehors mais il ne faut pas qu’on nous traite comme des animaux », a-t-il ajouté devant la photo d’une plage paradisiaque fixée sur un mur décrépi. D’autres ont déploré le « manque d’eau chaude pour se laver ». « On est au-delà de l’acceptable », a jugé M. Poulliat, en évoquant « le problème des courtes peines » qui s’ajoutent aux longues.

Début octobre, la prison de Gradignan comptait 794 détenus, dont plusieurs Charentais, pour 305 places, soit une « surpopulation de 217 % dans le secteur des hommes », selon son directeur Dominique Bruneau qui décrit un établissement « sous-dimensionné » face à l’afflux de détenus. « On ne peut pas mettre une pancarte à la porte disant : ‘c’est complet’. Je ne dirige pas un hôtel, alors on remplit », déplore-t-il. Fin mai, l’établissement a été le plus peuplé de France avec un taux d’occupation de 240 %, et 150 matelas au sol.