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Prix de la nourriture pour les animaux, abandons en hausse... comment l'inflation frappe aussi de plein fouet la SPA

Tilloy-lès-Mofflaines, Lille, Montpellier, Vénérand... Dans ces quatre refuges, l'inflation fait des ravages. Hausse des prix de la nourriture et de l'énergie mais aussi des abandons : les conséquences de ce phénomène sont parfois très insidieuses.

Personne ne peut l'ignorer : l'inflation fait des ravages. Alors que l'Insee relevait un taux d'inflation qui dépassait les 6% le mois dernier, un sondage Ifop paru la semaine dernière a montré qu'un tiers des Français se privaient de produits d'hygiène pour des raisons financières.

Évidemment, refuges et associations de protection animale ne font pas exception à la règle. Afin de voir comment l'inflation impacte concrètement leur vie quotidienne, nous avons décidé d'en interroger quatre d'entre eux à travers la France.

Dans le Pas-de-Calais, la SPA de Tilloy-lès-Mofflaines a accepté de transmettre son carnet de comptes de ce mois de mars 2023 afin de comparer les dépenses par rapport à celles de l'année dernière. Le résultat est sans appel : l'augmentation des prix a frappé de plein fouet le poste "nourriture".

Pour la prise en charge de 73 animaux, il fallait dépenser chaque mois en 2022 1887€ pour les chiens et 2273€ pour les chats. Cette année, ces chiffres sont respectivement passés à 2208€ et 2660€, ce qui représente une hausse de 17%.

A lire aussi : Refuges saturés, hausse des abandons d'animaux... la SPA tire la sonnette d'alarme pour les vacances

Pour réduire les frais liés à la nourriture, les refuges misent parfois sur les collectes alimentaires. C'est notamment le cas de la Ligue Protectrice des Animaux du Nord de la France basée à Lille. Une stratégie sur laquelle il devient difficile de s'appuyer étant donné que l'inflation impacte fortement le portefeuille des donneurs.

Son directeur général François Catry le déplore : "Grâce à la collecte, on récupère en moyenne 30 000€ par an mais avec l'inflation, les gens donnent moins. Cette année, le prix moyen du chariot de dons a diminué de 30%.".

Pas que la nourriture

Même si l'impact sur le prix de la nourriture est évident, tous les postes de dépense sont touchés par l'inflation. 

À la ferme-refuge La Métairie de Vénérand en Charente-Maritime, jeune association créée en 2021 et ayant pour but de recueillir les animaux de ferme issus de laboratoires, maltraitance ou abandon, les frais alimentaires ne posent pas problème. 

Sa créatrice Alicia Coquet confirme : "La ferme-refuge prend exclusivement en charge des animaux de la ferme et ils se nourrissent essentiellement d'herbe donc pas besoin d'acheter du foin ou des granulés. On a même un puits pour l'eau.". Cet avantage est hélas contrebalancé par un inconvénient de taille : il faut construire des enclos pour s'agrandir et accueillir plus d'animaux.

Alicia prend alors l'exemple des piquets en bois : "Pour réaliser trois enclos, il faut 100 piquets en bois. En un an, leur prix est passé de 5,45€ l’unité à 7,90€. On doit donc en acheter moins et surtout de moindre qualité.".

Pour la LPA du Nord la France, la difficulté est ailleurs. L'association exerce en parallèle une activité de fourrière et récupère les animaux errants à l'aide de camions : chiens, chats, moutons, serpents et même alligators que les gens rejetés dans les égouts. 

François Catry explique l'enjeu que cela représente en termes de dépenses : "On parcourt beaucoup de kilomètres : un camion d'à peine deux ans a déjà 270 000km au compteur, ce qui implique une grosse consommation de carburant.". Avec la hausse des prix à la pompe, la LPA est dans une impasse.

"Le pic d'abandon est déjà atteint"

Dans le Sud, la SPA de la Métropole de Montpellier n'est pas épargnée par la hausse des prix de la nourriture, des matières premières et des énergies. En parallèle, une autre conséquence de l'inflation, cette fois plus insidieuse, voit le jour : le nombre grandissant d'abandons.

La directrice du refuge Annie Benezech l'affirme : "En 22 ans, je n'ai jamais vu ça. Les abandons ont augmenté de 15 à 20%. On a près de 280 chiens au refuge et on est seulement en mars. Je ne sais pas comment on va appréhender les vacances d'été alors que le pic d'abandon est déjà atteint."

A lire aussi : "Depuis le mois de juin, c'est presque tous les jours", près de 9 000 animaux abandonnés dans les refuges SPA cet été

Pour elle, pas de doute : ce phénomène est une conséquence directe de l'après-Covid où les gens ont adopté des chiens pour les promener et pouvoir sortir une heure de chez eux sans penser aux frais que cela pouvait engendrer.

Limiter la casse

Quitte à subir l'inflation, autant essayer de réduire son impact. C'est un peu la philosophie de la LPA de Lille. Pour cela, François Catry mise sur le statut de l'association, reconnue d'utilité publique.

Il explique en quoi cela peut améliorer les finances du refuge : "Comme on ne perçoit aucune subvention de l'État, on marche beaucoup aux dons. Pour les stimuler, on va rajouter un bouton Je donne sur le site internet. Sachant qu'on est reconnu d'utilité publique, on fait valoir l'argument de la déduction fiscale et ça incite plus de donneurs à faire un geste.".