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Prix littéraires : les écrivaines cassent enfin le plafond de verre

Dans le sillage du Nobel de littérature attribué à Annie Ernaux, six des onze principaux prix littéraires français, dont le prestigieux Goncourt, l’ont été à des femmes. Les autrices se voient enfin couronnées : histoire d’une belle revanche.

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Serait-ce enfin la consécration pour les écrivaines françaises ? Coup sur coup, deux d’entre elles ont décroché les prix les plus prestigieux dont elles pouvaient rêver. En octobre, Annie Ernaux a été la première Française de l’histoire à obtenir le prix Nobel de littérature. Début novembre, Brigitte Giraud a reçu le Goncourt, le plus convoité des prix tricolores, celui qui fait vendre des centaines de milliers de livres – Flammarion a immédiatement réimprimé 400 000 exemplaires de son récit Vivre vite. En cent vingt ans, c’était la treizième fois que le prix créé par le testament d’Edmond de Goncourt, en 1892, allait à une autrice.

Dans leur sillage, plusieurs autres écrivaines ont été récompensées. Claudie Hunzinger a remporté le Femina pour Un chien à ma table (Grasset), et Emmanuelle Bayamack-Tam, le Médicis pour La Treizième Heure (P.O.L), également salué par le prix Landerneau des lecteurs. Lola Lafon s’est vu décerner le prix Décembre et le prix des Inrockuptibles pour Quand tu écouteras cette chanson (Stock). Et c’est à Joffrine Donnadieu qu’est revenu le prix de Flore, pour Chienne et louve (Gallimard), par huit voix contre six à une autre autrice, Emma Becker.

Figurent aussi dans cette liste, plus longue que souvent, Anne Berest, Grand Prix des lectrices Elle pour La Carte postale (Grasset), et Sandrine Collette, prix Jean-Giono et prix Renaudot des lycéens pour On était des loups (Lattès). Ou encore Claire Castillon, prix Vendredi de littérature jeunesse pour Les Longueurs (Gallimard), un roman écrit du point de vue d’une adolescente victime d’un pédophile.

Au total, six des onze principaux prix littéraires français de l’année ont été attribués à des femmes. Une proportion atteinte seulement quatre autres fois en plus d’un siècle, dont trois depuis 2010, et jamais dépassée. Cela porte à 41 % la part des lauréates sur dix ans. Une nette progression par rapport à la moyenne de 24 % enregistrée de façon assez stable durant les trois décennies précédentes.

Un mouvement lent, irrégulier, heurté, contesté

« La dynamique est positive, mais on demeure globalement loin de la parité », constate Sylvie Ducas, professeure à l’université Paris-Est-Créteil et spécialiste de la consécration littéraire. D’année en année, les écrivaines se trouvent certes davantage récompensées. Les prix sont moins une affaire d’hommes qu’auparavant. Le mouvement reste toutefois lent, irrégulier, heurté, contesté.

La difficulté avec laquelle les femmes se frayent une place dans le petit monde littéraire s’explique. Pendant des siècles, « tout a été mis en place afin qu’elles ne soient jamais entendues », résume Julien Marsay, auteur de La Revanche des autrices (Payot). Des femmes nommées Christine de Pisan, Marie de Gournay, Madeleine de Scudéry ou encore Olympe Audouard ont bien pris la plume. Mais elles ont été systématiquement disqualifiées, rayées de la mémoire, affirme ce professeur de français : « Le sommet de la misogynie est atteint au XIXe siècle, quand se consacre une histoire littéraire presque exclusivement masculine », enseignée tout au long du XXe siècle. Il a fallu attendre ces dernières années pour que les études sur la place des femmes dans la littérature se multiplient à l’université.

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