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Procès du crash du vol AF447 Rio-Paris : les pilotes accusés

Au terme de huit semaines d’audiences, les réquisitions du ministère public n’attribuent pas de responsabilité à Air France et à Airbus.

Par Thierry Vigoureux
Le proces du crash Rio-Paris s'est ouvert en octobre 2022 a Paris, 13 ans apres les faits.
Le procès du crash Rio-Paris s'est ouvert en octobre 2022 à Paris, 13 ans après les faits. © THOMAS SAMSON / AFP

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Les deux procureurs – Marie Duffourc et Pierre Arnaudin – ont pris plus de cinq heures, ce mercredi, au tribunal de Paris pour décortiquer le déroulement du crash du vol AF447 Rio-Paris qui avait 228 victimes en juin 2009. En préambule, Pierre Arnaudin a rappelé le « devoir de vérité et de justice » du tribunal qui doit rendre « une vérité, celle de la justice », sous-entendu qui peut être différente des vérités techniques et humaines.

Le rôle du tribunal correctionnel est de dire s'il y a eu de la part des accusés – Air France et Airbus en tant que personnes morales – des fautes pénales susceptibles d'avoir provoqué l'accident. Notons que le ministère public n'a pas eu, en treize ans de procédure, une ligne unique prononçant successivement un non-lieu en 2019, puis une poursuite d'Air France seule, et enfin celles d'Air France et d'Airbus.

Les sondes Pitot plus au cœur du débat

Pendant ces deux mois, les auditions des experts, des témoins, des parties civiles et de leurs avocats visaient à déterminer si Airbus et Air France ont commis des fautes en lien certain avec l'accident. Pour remonter la chaîne des causalités, les procureurs déroulent la chronologie de ce vol AF447. L'évitement tardif de la zone météo perturbée, le repos pris par le commandant de bord à ce moment-là sont qualifiés de facteurs contributifs, mais ne caractérisent pas une faute pénale. Le givrage des sondes Pitot n'est plus au cœur des débats, car remplacer le capteur Thales AA présent sur l'A330 de l'AF447 par des Thales BA ou des Goodrich « ne pouvait empêcher de manière certaine le givrage ».

À LIRE AUSSIProcès du vol AF447 Rio-Paris : le récit du crashCe givrage des sondes Pitot « est une cause indirecte ayant créé la situation ». « Une seule cause directe, l'action à cabrer des pilotes qui a amené l'avion au décrochage », martèle le magistrat. Quel pouvait être le degré de prévisibilité de cet accident ? demande le procureur qui ajoute « l'imprévisible est-il prévisible ? »

Air France, qui n'est pas inquiété pour ses processus de formation et d'information des pilotes, devrait s'en sortir indemne comme Airbus. De facto, les procureurs requièrent la relaxe des deux accusés, sans le dire…

Ambiance tendue

« Vous avez gagné », lance Danièle Lamy, présidente de l'association Entraide et solidarité AF447, aux avocats de la défense dans les couloirs du tribunal, « mais nous aussi, car nous avons porté sur la place publique vos défaillances, ce qui nuit à votre image ». En cette avant-dernière journée d'audience, l'ambiance s'est tendue et de nombreux policiers se tenaient dans la salle du tribunal prêts à évacuer d'éventuels perturbateurs. D'ailleurs, lors du premier plaidoyer de la défense, certaines parties civiles ont quitté le tribunal en tapant des pieds quand Me Claudia Chemarin, avocate d'Air France avec François Saint-Pierre, a indiqué que son argumentaire reprenait en partie celui des procureurs.

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Les défenseurs d'Airbus – Me Simon Ndiaye et Me Antoine Beauquier – plaident ce jeudi matin. Le tribunal mettra ensuite le jugement en délibéré à une date qui n'est pas encore publique, de l'ordre de trois à quatre mois si on se réfère aux affaires comparables comme le procès de la Yemenia Airways.